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rectangulaires de neige & de glace, dont j’ai parlé fous le nom defentes]
§. 1973. Ces maffes, glifïecs ou roulées depuis le haut de cette coupure
jufques au bas du plateau que nous traverfâmes, ne préfentoient
qu’une épaiifeur de 13 pieds, mais fans doute leur partie fupérieure ,
rare & incohérente s’en étoit détachée en chemin.
C om m e du Prieuré on voit ces mêmes feracs dans leur pofition originaire
, fur le bord de l’efcarpemeut du dôme du Goûté, je fus curieux
de lès mefurer avec ùne lunette armée d’un micromètre. Je leur trouvai
de là une épaiifeur de 6 minutes. Or, à la diftance de 4747 toifes, à
laquelle j’évaluai celle de ces parallelipedes reétangles, 6 minutes donnent
6 , 3 toifes, environ yo pieds.
Je cherchois, enfuite quelqu’autre place voifine de la cime où l’on
pût voir une tranche de neigé coupée à pic au-deflus d’un rocher,
tou l’on ne pût point foupçonner d’avalanche, &'dont les neiges puf-
fènt être confidérées comme le produit de l’accumulation fimple de
celles qui tombent direélement du ciel. Je trouvai au-deffous de l’épaule
droite du Mont-Blanc, §. 198s , une coupure de ce genre ,
dont l’épaiifeur apparente étoit de 22. minutes 1 y fécondés, laquelle à
la diftance de 4476 toifes à laquelle j’évaluai cette coupure, valoit à
peu-près 31 toifes ou 186 pieds. O r , comme il tombe plutôt pins de
neige au-deffous de la cime que fur la cime même, je croirai paffer
plutôt la limite du vrai que relier au-deffous, en affirmant que l’épaiffeur
des neiges permanentes fur la cime du Mont - Blanc, ne s’élève
pas au-deffus de ¿00 pieds, & que c’eft lé maximum auquel la rédui-
fent la fonte , foit du fond , foit de la furface , l’évaporation & les
vents. Il ne faut donc point croire, comme l’ont fuppofé quelques per-i
fonnes, que cette épaiifeur augmente continuellement. Ici , comme
en Jant d’autres occurrences, les caufes d’accroiffement trouvent des
limites,, ou les caufes de deftruétion les atteignent, & où la1 Nature
9’eft fixéç à èlle-méme des'bornes qu’elle ne dépaffe jamais. Voyez les
preuves de la méme vérité,'relativement aux glaciets § 535 & fuivant
O B S E R V A T IO N S M E T E O R O L O G IQ U E S , Chap. V I . 205
§. 201 y. Quand on obferve de près quelqu’une de ces grandes cou- Stmtîfî-
pures des neiges, on peut remarquer , comme je l’avois déjà fait fur la 0,liion det
cime du Buet, qu’elles font difpofées par couches. Les réparations de nc‘e' s’
ces couches font marquées par des lignes brunes, produit de la pouf-
fiere & des terres que les vents tranfportent, fur-tout en été, lorfqué
la fonte des neiges laiffe le plus de terrein à découvert. J’eus une
occafion bien favorable pour faire cette obfervation , furies parois de
la magnifique crevaffe où étoit tombé le pied de mon baromètre ,
§. 1978. Je reconnus que ces couches, à mefure qu’elles deviennent
plus profondes, diminuent d’épaiffeur, par les effets réunis delà com-
preffion & de la fonte que produit l’infiltration des eaux ; mais cette
diminution n’eft point régulière, à caufe de l’inégalité, tant delà quantité
de neiges qui tombent chaque année, que des caufes qui produifent
leur diminution. J’effayai de compter ces couches , & j’allai jufques à
19 , mais l’obliquité des parois de la crevaffe, dans les endroits où elle fe
refferre, peut rendre ce compte incertain ; & d’ailleurs, comme on ne
toit pas le fond , l’on n’en pourrait rien conclure.
§. 2016. Avant de quitter ces neiges , j’obferverai que cette pouf- Neiges des
fîere rouge que j’ai trouvée èniï grandè quantité fur les neiges du Mont-hauteurs
Brevent & du St. Bernard, & qui m’a donné des indices d’une nature pouirfere *
femblable à celle de la cire , ne fe voit nulle part à une hauteur fupé-touse*
rieure à celle de la cabane, §. 1976, environ 1440 toifes au-deffus de
la mqr. J’en trouvai plus bas que cette cabane, en tràverfant le glacier ;
d’autres en avoient obfervë à de femblablès hauteurs, 'mais point au-
deffus. Les neiges du l-iaut font de la plus parfaite blancheur , & fi
dans quelques endroits on voit de là pouffiere à leur furface , c’eft
une pouffiere grife,què les verits détachent dès rocs du voifinage.
Cette obfervation confirme ce que l’analyle avoit indiqué, c’eft que
cette fubftance eft une pouffiéfe d’ëtamines &. non un réfultat de la
d écompofition de l’eau ou de l’air, comme quelques phyficiens avoient
été tenté de le conjeéhirer.