porte de la' boutique. Les récidives sont presque toujours punies
de mort.
Le stambol-éfendi ne reste en place qu’une année : il passé ordinairement
à celle de kadilesker de Natolie, et est nommé parmi
les mollas de la Mecque et de Médine.
A u x mosquées impériales de Constantinople, de Brousse, d’An-
drinople, sont attachés des madressés ou collèges, auxquels on
envoie, de toutes les parties de l’Empire, des jeunes gens pour
s’instruire dans la loi du prophète, dans la jurisprudence religieuse
, civile et criminelle, et pour connaître toutes les opinions,
toutes les subtilités des commentateurs du coran. On leur fait
subir divers examens, et lorsqu’on les juge assez instruits, on leur
donne le grade de muderis ou de professeur. Ces collèges ont été
fondés par différens sultans. Le premier le fut à Nicée, l’an i 33o ,
par Or khan. Ils jouissent d’un revenu considérable, et fournissent
à l’entretien de deux à trois mille écoliers.
Les muderis qui ne veulent pas suivre la carrière de professeur
et obtenir le grade éminent de molla, sollicitent auprès des ka-
dileskers une place de cadi , ' qui leur est facilement accordée
moyennant un sacrifice pécuniaire. Dans les villes les moins importantes
de l ’Empire, il y a un simple cadi qui juge sans appel
toutes les affaires contentieuses, non-seulement des Musulmans,
mais même celles dés Juifs et dés Chrétiens. Souvent un lieutenant
, nommé n a ib , occupe la place d’un cadi ou d’un molla, et
jugé comme eux sans appel r le naïb est muderis et court la carrière
de la magistrature. Il est ordinairement nommé cadi l’annéé
suivante , et envoyé dans un autre poste. Les cadis restent dans
ce grade, et n’obtiennent d’autre avancement que celui d’un tribunal
plus étendu et conséquemment plus lucratif. Ils deviennent
cependant mollas d’un rang inférieur : tels sont ceux de Bagdat,
de Philopopolis, etc. ; mais ils ne peuvent devenir kadileskers,
muftis, etc. , à moins qu’ils n’entrent à la grande mosquée dé
Soliman Ier. et ne continuent leurs études.’ S
Les muderis qui se destinent aux places les plus importantes,
à celles de molla, de kadilesker, de mufti, passent, après de
nouveaux examens, à la mosquée de Suleïmani ou de Soliman Ier. ,
et attendent que leur tour, leur mérite ou. la faveur les fasse
placer. Huit d’entr’eu x , sous le nom de makhredjé, sont nommés
chaque aimée mollas ou juges des villes de Jérusalem, d’A le p ,
de Smyrne, de Larisse, de Salonique , de Scutari, de Galata et
d’Eyoup. Quatre, parmi ceux-ci, sont nommés ensuite aux villes
de Brousse, d’Andrinople, du Caire et de Damas, et l ’année suivante
deux de ceux-ci deviennent mollas de la Mecque et de Médine
: parmi ces derniers on prend le stambol-éfendi. C ’est ainsi
que, successivement et à leur tou r, ils parviennent jusqu’aux
places de kadilesker et même de mufti.
Pour qu’un muderis obtienne la faveur de passer à la mosquée
Suleïmani et courir la carrière de la haute magistrature, il faut
qu’il soit protégé ou qu’il montreun grand zèle pour la religion,
des talens distingués, une grande application à l ’étude et des moeurs
très-austères.
Les mollas, les kadileskers et autres qui ne sont pas employés
et qui attendent leur tour pour l’être, ont des apanages ou bé.->
néfices noinmés arpaliks. Plusieurs obtiennent des tribunaux inférieurs,
ou ils placent des narbs qui remplissent leurs fonctions, et
à qui ils n’accordent qu’une partie du revenu.
Souvent les pachas y les grands officiers font agréger un ou plusieurs
de leurs fils au corps des ulémas, afin de pouvoir leur
transmettre leurs biens, et les soustraire par-là à la confiscation
que'le. sultan a le droit d’en faire après leur mort. Ils se contentent,
dans ce cas, d’appeler chez eux les professeurs pour instruire leurs
fils, et leur faire subir les examens prescrits par la loi : ils les font
recevoir muderis, e t , si la faveur seconde leur ambition, ils les
font passer par tous les grades de mollas , sans en remplir les
fonctions et sans en recevoir les revenus , la place étant occupée
par un autre. Le sultan, toujours au dessus de la lo i , crée des
ulémas à volonté 5 ce qui fait que depuis quelque tems il y a beaucoup
de. mollas et de cadis ignorans. Ces nominations de faveur
ont beaucoup 'nui à ce corps, et ont diminué la considération dont
il jouissait. Il n’est plus aussi redoutable au trône, qu’il l’était
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