quelque tertis qu’elle n’»;point paru dans une contrée, elle prend
ordinairement un caractère de malignité,, tel que presque tons les
malades qui en sont attaqués, périssent âu bout de deux où trois
jours, quelquefois-vie quatre et d e cinq. Elle s'annonce par un
accablement et la perte totale des forces, le vomissement, souvent
une douleur aiguë dans l’estomac, une douleur de tête plus on
moins forte : le malade se plaint d’une chaleur interne insupportable;
il neconseryepa.s long-tems sa raison; il délire bientôt, et
par ses gestes et ses paroles il montre la frayeur dont son ame est
saisie. Le pouls est serré, à peine fébrile ; il devient ensuite intermittent
et irrégulier : le malade meurt ordinairement dans des
convulsions; avant qu’un bubon ait donné aucun signe de suppuration,
avant qu’il ait pu se bien manifester.
Lorsque la maladie se montre avec ce degré de malignité, il ne
peut y avoir aucun espoir dë salut. L ’art de guérir dans . ces circonstances
est toujours impuissant ; mais on peut avantageusement
la combattre et obtenir plusieurs guérisons, soit au déclin de l’épidémie,
soit dans les années où la peste marche avec pins de lenteur,
et se montre avec des symptômes moins ' terribles : alors
l’accablement est moins grand ; lé vomissement ne s’annonce pas
avec une douleur d estomac si aiguë, le pouls est moins concentré
et la fievre plus sensible : le malade conserve quelque tems sa
raison, ou s il delire, ce n’est que par intervalles et d’une manière
moins tumultueuse. Le bubon, dans ces cas,-se montre le
premier ou le second jou r , et tend promptement à la suppuration.
Cette peste, qui pourrait être appelée bénigne, comparativement
a 1 autre. , - est cependant une maladie encore bien dangereuse,
puisqu’à peine le tiers des malades recouvre la santé.
Lorsque Jè bubon est en pleine suppuration, la fièvre diminue
insensiblement, 1 appétit revient et le malade recouvre peu à peu
ses forcés; mais s i, par quelque faute dans son régime, par quel-
que» exces bu par quelqué cause souvent inconnue, la suppuration
du bubon cesse entièrement où diminue tout-à-coup, le malade
meurt le second ou le troisième jour au plus ta rd , avec u n 1 autre
bubon qui se montre à peine. -
Les sueurs ne paraissent que lorsque le pouls se développe et
lorsque la maladie prend un aspect favorable; c’est ordinairement
le quatrième et le cinquième jour : elles soulagent considérablement
et n’empêchent point la Suppuration du bubon.
La nature indique que la peste ne peut être guérie sans l’apparition
et l ’abondante suppuration d’un ou de plusieurs bubons r
tous les efforts du médecin doivent donc tendre à provoquer, le
plus promptement possible, cette suppuration, par l ’application
d’ùn cautère actuel ou d’un fer brûlant à l’endroit où les bubons
commencent à se montrer : ce moyen est préférable à celui d’un
vésicatoire, parce qu’il est plus prompt, et qu’on n’a point à
craindre l’action des cantharides, qui ne manqueraient pas d ’augmenter
la chaleur interne dont le malade se plaint toujours.
: Il faut recourir promptement à l’émétique pour déharrasser
l ’estomac, et pour suivre encore les indications qui se présentent
naturellement. Le vomissement est un des premiers symptômes
de la maladie; il ne manque presque jamais d’avoir lieu et de soulager
le malade lorsqu’il est abondant. Le tartre stibié en lavage
est celui qui m’a paru le plus convenable et le plus sûr.
La saignée ne peut convenir dans aucun cas ; elle n’est jamais
employée par les médecins du pays; elle est même regardée comme
nuisible; elle abattrait les forces du malade, et s’opposerait à la
sortie et à la suppuration du bubon.
J’ai prescrit avec quelques suecès le lendemain de l’émétique,
une infusion de camomille, en ajoutant à chaque demi-verre deux
gouttes d’alcali volatil-fluor ou d’ammoniaque, que l ’on donnait
de trois en trois heures; et pour le soir une demi-drachme de
diasCOrdiùm et autant de thériftque. Au lieu de l’alcali volatil, j’ai
fait prendre à des ouvriers de l’arsenal, auxquels le citoyen Brun
s’intéressait, Vingt grains de fleurs de soufre; de six en six heures,
dans-un verre de la même infusion. Le second et le' troisième jour,
à ce que j’appris ensuite, le médecin augmenta beaucoup la dose,
au point qu’elle agit comme émétique et purgative , et qu’elle excita
une sueur abondante. Le bubon suppura très-bien , et ces malades
se sont parfaitement rétablis.
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