est en b lé , coton et oliviers : on y recueille aussi des ligues, des
melons, des pastèques, des courges et divers légumes. On y voit
plusieurs villages ; mais la population n’y est pas en proportion
de la fertilité et de l’étendue du terrain propre à être mis en culture.
L ’air est si mal-sain partout, qu’il meurt dans certaines années
un grand nombre de personnes. On m’a assuré qu’il y avait des
villages où l ’on ne voyait que des lépreux ; dans les autres, la
ligure de tous les habitans indique assez qu’ils sont exposés aux
fièvres intermittentes, aux rémittentes putrides, et à toutes les
maladies qui naissent aux environs des marécages. Il n’y a que des
Grecs cultivateurs et pauvres dans tous ces villages mal-sains : les
Turcs possesseurs des terres, préfèrent le séjour de Mitylène, de
Molivo et des autres endroits les mieux situés de l ’île.
Le port Caloni se trouve au milieu de la partie méridionale de
Lesbos : il est très-étendu, très-sûr, mais peu fréquenté. Il n’y a
que les bâtimens contrariés par le vent ou battus de la tempête
qui aillent y relâcher : nul n’y entre pour y faire un chargement
ou y déposer le sien.
Notre dîner fut bientôt terminé : il n’y avait pas une heure que
nous étions descendus de nos mulets lorsque nous y remontâmes.
Nous marchâmes pendant trois heures à travers de nouvelles montagnes
volcaniques, après quoi nous arrivâmes dans une autre
plaine située au fond du port Yéro ou port O livier, ainsi nommé
à cause de la grande quantité de ces arbres, qui sont plantés dans
la plaine et sur la pente des montagnes et des collines qui l ’entourent.
A la partie orientale du p o rt, il y a quelques collines calcaires
qui n’ont pas été attaquées par le feu des volcans. C’est là que l’on
trou v e, près de la mer, une source d’eau,minérale chaude , assez
abondante, dont les habitans de Mitylène font très-grand cas.
Ces eaux passent pour apéritives dans le pays. On va en boire
et s’y baigner dans l’intention d’exciter les urines, et se procurer
quelque soulagement dans la plupart des maladies chroniques. Elles
purgent, m a-t-on d it, légèrement lorsqu’on en boit une assez
grande quantité. Je les crois nitreuses, à les juger par leur vertu
et par le peu de saveur qu’elles ont. Hussein, capitan-pacha, vient
d’y faire construire un bassin capable de contenir dix à douze personnes
: il a fait réparer en même tems le bâtiment qu’occupe le
Turc chargé de recevoir tous ceux qui veulent faire usage de
ces eaux.
Le port Olivier, très-bien figuré par M. de Choiseul (1), est un
des plus sûrs et des plus vastes de l’Archipel : il est à l’extrémité
orientale et méridionale de l ’île : on le dit poissonneux et abondant
en coquillages : on y pêche entr’autres de très-bonnes huîtres que
l ’on porte à Scio et à Smyrne. Il est fréquenté pendant toute
l ’année, par les bateaux et les navires qui viennent y charger
l'huile que l’on récolte aux environs.
Des eaux minérales à- Mitylène, il y a près de deux lieues. Nous
traversâmes une montagne volcanique, et nous arrivâmes à la ville
par un chemin très-escarpé. Mais avant d’arriver, nous eûmes du
haut de cette montagne un spectacle que nous ne pouvions nous
lasser d’admirer : Mitylène et son territoire se présentaient à nous ;
nous voyions distinctement ses deux ports, ainsi que les bateaux,
les galères et les navires qui s’y trouvaient mouillés ; nous mesurions
l’étendue du canal qui sépare Lesbos du continent 5 nous
apercevions les îles nombreuses qui sont le long de la côte d’A sie :
plus loin la terre ferme, ses hautes montagnes couvertes de bois,
ses vallées extrêmement fertiles, arrosées et cultivées : .tout cet
ensemble présentait un tableau dont la beauté était relevée par
les rayons du soleil couchant, qui s’échappaient derrière nous à
travers un ciel en partie couvert de nuages. ,
, Favorisé du vent, notre bateau était arrivé de bonne heure et
avait mouillé au port austral. Le citoyen Bruguière avait, fait débarquer
nos effe ts, et pris un logement dans un couvent de
moines grecs.
Les deux ports de Mitylène sont séparés par une langue de terre ,
sur laquelle fut construite par les Génois une citadelle que les
Turcs ont conservée. Le port supérieur ou boréal est garanti du
vent de nord-est par une jetée dont on fait remonter l’origine à
(1) Voyage pittoresque de la Grèùè' , pl. 43•