miaire et même plus tard. Les Grecs enfilent ensemble dix à douze
de ces premières figues, et les suspendent en divers endroits du
figuier dont ils veulent féconder les fruits. Cette opération, dont
quelques auteurs anciens et quelques modernes ont parlé avec admiration,
ne m’a paru autre chose qu’un tribut que l’homme payait
à l ’ignorance et aux préjugés. En effet, dans beaucoup de contrées
du Levant, on ne connaît pas la caprification : on ne s’en sert
point en Italie, en France, en Espagne : on la néglige depuis peu
dans quelques îles de l’Archipel, où on la pratiquait autrefois, et
cependant on obtient partout des figues très-bonnes-à.manger. Si
cette opération était nécessaire, soit que la fécondation dût s’opérer
par la poussière séminale qui se répandrait et s’introduirait seule
par l’oeil de la figue, soit que la nature se fût servie, pour la transmettre
d’une figue à l ’autre, d’un petit cynips , comme on l’a cru
communément, on sent bien que ces premières figues en fleur ne
pourraient féconder en même tems celles qui sont parvenues à une
certaine grosseur, et celles qui paraissent à peine, et qui ne mûrissent
que deux mois après leS: autres.
Laissons tout le merveilleux de la caprification, et convenons ,
d’après l’observation, qu’elle doit être inutile, puisque chaque figue
contient quelques fleurs mâles vers son oe il, capables de féconder
toutes les fleurs femelles de l’intérieur, -et que d’ailleurs Ce fruit
peut- croître , mûrir et devenir excellent à manger, lors même que
les graines ne sont pas fécondées.
Les habitans de Naxos cultivent la vigne au bas des côteaux et
dans les plaines qui ne sont pas arrosées. Leur vin est en général
de médiocre qualité, parce qu’ils le font mal et qu’ils ne savent pas
le conserver. Il se consomme tout dans le pays : il est rare que les
navires européens en prennent en passant.
L ’île fournit du b lé , des haricots, des fèves et’ quelques autres
légumes pour les besoins de l’année.
L ’orge est beaucoup plus abondant : il en sort dix à douze mille
quintaux par an.
L ’huile, dans une bonne récolte, peut faire entrer la valeur de
3o à 40,000 francs : elle est de médiocre qualité.
Les oranges, les citrons et les cédrats ne sont pas si abondans
qu’ils pourraient l’être, parce qu’il n’y a point de ville assez considérable
à portée pour une grande consommation. Constantinople
est trop éloignée Smyrne et Salonique en ont dans leur territoire,
et reçoivent d’ailleurs ceux de Scio. Cet objet procure cependant
chaque année 12 à i 5,ooo francs.
Les pêches , les abricots, les grenades, les poires, les prunes ,
les noix , les amandes, les figues, se consomment dans l’île.
Naxos a des moutons et des chèvres pour lés besoins des habitans,
quelques boeufs de petite taille pour les .labours, des mulets
et des ânes pour les charrois. La laine est de mauvaise qualité ,
comme toute celle de l’A rchipel, et se consomme dans le pays.
Le fromage est un article d’exportation assez considérable : on
le fait monter à 8: ou 10,000 francs : il va à Constantinople , à
Smyrne et à Salonique.
Le coton est peu cultivé ; quelques particuliers en recueillent
pour des bas, des bonnets et quelques toiles grossières que l ’on fait
dans le ménage- Il en est de même de la' soie et du lin.
L e miel et la cire se consomment dans l’île.
Il y a au sud de la ville une petite saline -où l’on fait quelques
chargemens de sel pour la capitale. La Porte s’en est emparée , et
en afferme le produit au douanier, Le sel s’y vend, à peu près aux
habitans, à raison de 2 francs les soixante livres.
Nous ne voulûmes pas quitter Naxie sans faire une course à
Paros, sans observer ses montagnes de marbre, sans voir ses ports,
sans jeter un coup-d’oeil sur ses habitans. Autrefois l ’une des plus
importantes des Cyclades, cette île avait encore une population
assez considérable lorsqu’elle fut soumise à l’Empire othoman par
Barberousse: : mais elle a tellement souffert depuis cette époque par
le pillage des T u r c s , par le despotisme du gouvernement; par le
séjour qu’y fait chaque année l’escadre, du capitan-pachâ , que ses
habitans ont disparu insensiblement , et qu’elle n’offre presque plus
aujourd’hui que des champs incultes et des villages en partie détruits.-
Les Vénitiens ont aussi beaucoup contribué , , pendant la guerre
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