trap encore distinct du feld-spath (1). Nous enfoncions partout
nos cannes avec la plus grande facilité, et sans trouver jamais le
moindre obstacle. Il n’est pas douteux ici que la terre cimolée ne
soit une décomposition de la roche même de porphyre, lentement
attaquée par la chaleur et les évaporations salines et sulfureuses
qui s’élèvent du sein de la montagne.
Nous vîmes an peu plus bas des couches de diverse nature,
des laves pesantes, ferrugineuses, des fragmens de pierre-ponce,
des terres ocreuses mélangées , des cendres volcaniques, grises,
très - fines et très - légères, qui nous firent conjecturer que des
explosions qui ont eu lieu au sommet, sont très-anciennes, et
qu’elles datent peut-être de l ’époque où Milo, Cimolis et Polino
étaient à la fois soumises à l’action des mêmes feux souterrains.
L a décomposition que les laves de Calamo ont éprouvée,.est déjà
très-avancée, et ressemble à celle que l’on remarque dans toutes
les parties de l ’île. Les couches supérieures sont en très - grande
partie passées à l ’état terreux. Le gypse s’est déjà formé dans
quelques-unes de ces couches, et celles qui ont encore de la
solidité , sont très - ferrugineuses et péu différentes g quant à
l’aspect, des scories de fer.
Nous revînmes dmer a Milo , et dans la soirée nous fûmes
visiter le quartier ou se forme l ’alun de plume, dont les Anciens
et les Modernes ont également parlé. Il est à un quart de lieue
de la v ille , à peu près dans la direction de l’est. On aperçoit de
loin les grands bancs de terre blanchâtre dans lesquels plusieurs
(l ) L ’analyse de cette terre a donné au citoyen Vauquelin, sur cent parties :
i . Silice . ........................... . . . . . 66
а . Alumine. . . .l ................................... ..........................................................
3. Oxide de fer.................. ; 1 1
4* Chaux. ........................................................................................................ ^
5. Muriate de soude....................................................... 2 .
б. E a u ........................................................................................................................ g
Perte .......................... < ..................... i
T o t a l . ................... . ; ....................... 100
ouvertures
ouvertures ont été faites à diverses époques;.pour l ’exploitationide
l’alun ; mais plusieurs d’entr’elles ont été fermées Ou se sont
affaissées d’elles-mêmes à cause de leur mauvaise exploitation, et
il n’y en a qu’une maintenant dans laquelle on puisse entrer. Il est
très - probable que la grotte dont Tournefort a parlé , n’existe
plus aujourd’hui, puisque la description qu’il en donne, ne peut
convenir à celle dans laquelle-nous sommes entrés nous-mêmes.
Son ouverture a deux pieds en carré : elle est située au bas d’un
escarpement sur lequel nous trouvâmes des cristaux de gypse
grouppés, d’une forme pàrticulière, que le citoyen Haiiy vient
de nommer gypse laminiforme. Après avoir quitté nos habits et
allumé nos b o u g ie sn o u s nous glissâmes sur une pente obstruée
en partie par des terres détachées. La grotte s'élève; et s’élargit
ensuite, et à mesure qu’on s’enfonce la chaleur devient de plus
en plus forte. Nous plaçâmes un thermomètre au fpnd pour en
connaître le degré, et nous nous occupâmes bien vîte à observer
les parois de la grotte, afin d’en sortir promptement j car nous
éprouvions de la difficulté à respirer, quoique nos bougies nous
donnassent, toujours une lumière très-vive.
Tout l’intérieur paraît n’être qu’une terre blanche, friable ,
fortement chargée d’alun. Les parois sont revêtues d’une, croûte
saline plus ou moins épaisse : on remarque > en divers endroits,
des cristaux de gypse nommés gypse eçiculaire par Iq citoyen
Haiiy, réunis ou grouppés en belles aiguilles blanches-, dp.huit
à dix lignes de long. On voit aussi des plaques salines ^ous. une
forme différente , et qui ressemblent, au premier aspect, à .du
coton cardé trè s -fin , qui aurait été pour ainsi dire collé contre
les parois de la grotte. La loupe fàit voir de très-petites aiguiljes
d’alun disposées en divers sens. Si on détache Cette croûte saline.,
elle se brise facilement, et montre des filamens très,déliés, réunis
par faisceaux, longs depuis une jusqu’à dix, douze ou quinze
lignes. C’est ce que les Anciens et les Modernes ont connu sous
le nom d'alun de plum e : on en trouve de semblable dans quelques
volcans cíe l ’Italie , e t , selon Pline , il en venait autrefois de
l ’ÉgyptO. f ■ , ; «O t í ; 1 ;
V v