trois îles qui sont successivement sorties du fond de la mer. Peut-
être qu’un jour il s’en formera d’autres, peut - être que toutes ces
îles se réuniront entr’elles, et que tout l’espace qu’occupe la rade
se remplira encore. On ne peut prévoir tous les changemens qui
auront lieu tant que le volcan qui existe à Santorin , sera en
activité.
Nous disons qu’il a été une époque où. cette île était moins
considérable qu’elle n’a été dans la suite. En effet, si 1 on considère
que les trois des qui forment la rade, sont entièrement composées
de matières vomies par un vo lcan , disposées par couches et par
bancs, correspondans les uns aux autres, on sera porté à croire
que toutes ces matières, lancées du fond de la mer, ont formé
une île à peu près ronde. Et ensuite si l ’on remarque autour de la
rade la côte coupée à pic bien avant dans la mer, n’e s t - il pas
évident qu’il y a eu dans la suite un affaissement subit d’une
grande partie de l’île qui a été occuper les vides que les explosions
antérieures avaient dû former. Cet affaissement, en occasioiiant
le déchirement circulaire que l’on remarque tout autour de la
rade, forma; d’une seule, trois des connues dans l ’antiquité sous
les noms de T héra , de Thérasia et tTAutomaté. Lors même que
les auteurs anciens ne nous auraient pas transmis à peu près
l ’époque à laquèlle l’de Hiéra est sortie du fond de la mer, lors
même que nous né connaîtrions pas l ’époque exacte de l’apparition
de la petite et de la nouvelle Camène, l’inspection seule
indiquerait que ces trois des sont d’une formation bien postérieure
à celle des trois autres ; car outre qu’elles ne présentent pas la
même organisation, elles ne sont point recouvertes de cette couche
épaisse de pierre-ponce blanche que l’on remarque aux des Théra,
Thérasia et Aspronisi. Cette couche paraît évidemment avoir été
produite avant l’apparition de Hiéra et même avant la formation
de la rade, puisqu’on n’en voit point de tracés sur cette d e , et
qu’elle ne se montre sur aucun des endroits avancés de la côte.
Santorin, selon Pline, reçut le nom de Calistos ou A’I le -B e lle ,
après être sortie du sein des eaux : elle porta ensuite celui de
Théra , l’un de ses rois ; le nom qu’elle a aujourd’h u i, est formé
O T H O M A N , C H A P i X X X .
de celui de S a in te - I rèn e , à laquelle l’de fût dédiée sous les
empereurs d’Orient.
Il n’est pas douteux, que si on considère ce que devait etre
Santorin à sa seconde époque, par ce qu’elle.est encpre aujourd’hui
, on se persuadera facilement qu’elle devait être une des plus
belles et des plus fertiles de l’Archipel. Sa forme arrondie, un
terrain entièrement cultivable qui s’élevait peu à peu depuis les
bords de la mer en forme de calotte aplatie.à son sommet, le
mont Saint-Étienne et. Saint-Élie, situé à l ’une des extrémités ,
couvert peut-être de verdure et de bois, tout concourait à rendre
Santorin, sinon une île fort belle, du moins une des plus agréables
de l’A rchipel; car dans la supposition que ce mont était couvert
de végétaux, il servait à l’embellissement de l’île ; il fournissait
du bois aux habitans; et leur procurait peut-être une source d’eau
très-abondante. En effet, si cette montagne a été couverte de bois
avant que les pluies aient entraîné les terres qui la couvraient,
•celles-ci ont dû retenir les eaux pluviales, ont dû leur permettre
de pénétrer dans son sein ; et alors la petite source d’eau que l’on'
.y aperçoit du côté de M essaria, devait être bien plus abondante
qu’elle ne l’est aujourd’hui que. cette montagne calcaire est presqu’entièrement
nue.
| Les autres îles de ces mers ont leur sol très-inégal. Ce ne sont
que montagnes! nues, couvertes de rochers : il n’y a que quelques
vallons, quelques.petites plaines et quelques côteaux qui soient
cultivés. Leur aspect est bien moins agréable que celui que devait
présenter Santorin à cette épqque ; et aujourd’hui m êm em a lg r é
; le peu d ’étendue de son territoire , quoiqu’elle manque d’un bon
po rt, quoiqu'elle n’ait que l’eau de citerne , elle est encore la plus
peuplée et la plus riche de toutes les petites îles de l’Archipel.
On lit dans les Annales du Monde , par Briétius , que trente
ans avant f émigration ionique, Théras, fils d’Antésione et neveu
de Polynice, fit transporter à Calistos une colonie de Myniens,
pour y augmenter le nombre des habitans. Les Myniens étaient
issus des Argonautes qui avaient suivi Jason dans la Coichide, et
qui à leur retour s’étaient arrêtés à Lemnos et s’y étaient établis.