Les galles des environs de Mossoul et de T o c a t, et en général
celles qui viennent de la partie la plus orientale de la Turquie ,
sont moins estimées que celles des environs d’A lep , de Smyrne,
de Magnesie , de Kara-hissar, de Diarbeqnir et de tout l ’intérieur
de la Natolie. Les premières se vendent à Smyrne et à A lep , 2
ou 3 piastres de moins que les autres par quintal.
On néglige presque partout de ramasser les glands ; ils servent
de pâture aux sangliers et aux chèvres :-celles-ci contribuent beaucoup
à rendre le chêne petit et rabougri , en dévorant, avec ses
fru its , une partie de son feuillage et de ses jeunes rameaux.
Le diplolèpe qui, produit ces galles '{Jig- c .c .) , a le corps fauve,
avëc les antennes obscures et le dessus de l ’abdomen d’un brun
luisant. On le trouve quelquefois sous sa dernière forme dans l’intérieur
des galles qui ne sont pas encore percées (1).
On voit sur le même chêne un grand nombre d’autres galles
qu’on néglige de ramasser, parce qu’elles ne .sont pas propres à la
teinture. Celle que nous avons figurée ( b ) , est remarquable par sa
grosseur. Elle est spongieuse , très-légère, d’un rouge brun, couverte
d’un enduit résineux et munie d’une rangée circulaire de tubercules
placés à peu près vers la partie la plus renflée. Elle diffère,
comme on voit, de celle du chêne tausin, et l’insecte qui la produit
en diffère aussi. C’est un diplolèpe {Jig- d. d. ) dont le corps est
mélangé de fauve et de brun. Les antennes et les pattes sont
noirâtres (2).
Les Grecs modernes nomment vélani (3) , et les botanistes quercus
aegylaps (4) , le chêne qui fournit la vélanède. Il croît sur la côte
occidentale de la N atolie, dans les îles de l’Archipel, dans celles de
( 1 ) Diplolepis galloe tinctorioe. Encyclop. Insect. , tom. V I , pag. 281. 1
(2) D ip lo le p is gallæ resinosæ , brunneo testaceoque varias, antennis pedi-
busqué fuscis.
(3) D e StfAiem , gland.
(4) 'Quercus orientalis castaneoe folio , glande recondita tn cupula crassa et
squamosa. Toiirnef. , coroll. 4°* — Voyage au Lev. , tom. Ier. , pag. 334.
Po ck ok e T r aw e ls , tom’. I I , tab. 86.
Cbêne à grosses cupules. L am a rk , Encyclop- Eotaniq- , tom. I er. , pag. 7-19.
O T H O M 4 / A N , C H A P : X X I I I . 255
Corfou, de Céphalonie et dans toute la Grèce. Il ne s’élève point
à la hauteur de nos chênes roures : son bois n’est pas si estimé et
n’est guère' employé que dans la menuiserie. Ses feuilles sont d’un:
vert clair ; elles sont un peu tomenteuses en dessous : leur forme
est un ovale oblong avec des dents aiguës sur leurs bords ', terminées
par nne pointe sétacée. Le gland est gros, court, Hn peu
creusé à son sommét. La cupule est sessile , fort large et hérissée
de longues écailles obtuses (p l. i 3 ).
C’est cette cupule que les Orientaux, les Italiens et les Anglais
emploient, ainsi que la noix de galle, dans les teintures. Les né-"
gocians français n’en font passer quelquefois à Marseille, que pour
les envoyer de là à Gênes et à Livourne. Nos teinturiers jusqu’à
présent ont négligé de se servir de cette substance.
La Troade offre peu de vignes , 'quoique les côteaux et.les collines
soient très-propres à cette culture, et l’on n’est point dans
l ’usage d’y faire du vin. Les raisins sont employés à faire du raisiné
, nommé petmés en tu r c , dont les Orientaux font une très-
grande consommation pendant toute l’année : ils en mettent dans
des ragoûts; ils l’emploient, au lieu de sucre et de miel, dans la
plupart de leurs friandises ; enfin ils en font, avec le sésame réduit
en pâte, une sorte de nogat qu’on ne dédaignerait pas en Europe.
J’en ai beaucoup vu à Constantinople, aux Dardanelles et dans la
plupart des villes de la Turquie. Le procédé consiste à mélanger
ces deux substances dans des chaudières exposées à un feu modéré,
et à remuer sans interruption, avec une grande spatule de
b ois, jusqu’à ce que le mélange soit assez épaissi. On le verse sur
de grandes plaques de marbre ou de cuivre , et on obtient par le
refroidissement, des gâteaux auxquels on a donné un pouce et demi
d’épaisseur. On vend en détail ce nogat, 5 à 6 spus la livre.
Pendant l ’h iver, il y a sur les marécages et les rivières de la
Troade, un nombre prodigieux de canards, de hérons, de bécassines,
de pluviers et d’autres oiseaux aquatiques. Nous y vîmes
aussi beaucoup de cignes sauvages, des macreuses, des poules
d’eau. Les goëlands et les hirondelles de mer se tiennent plus ordinairement
sur le canal. En floréal, nous fîmes une assez bonne