droite, par une porte, avec une autre chambre de même grandeur,
et par quatre ouvertures carrées pratiquées dans l’épaisseur de la
cloison intermédiaire. Ces dernières sont à deux pieds d’élévation :
elles sont creusées en forme d’auge ou plutôt de crèche, et les angles
des montans ont été percés comme pour y passer le licou des
animaux qn’on y aurait attachés pour manger.
On remarque sur les parois de ees deux chambres, des saillies
en console , qui semblent avoir été destinées à soutenir des lampes
pour les éclairer. On voit aussi des niches de différentes grandeurs,
donc l’emploi paraît avoir été de recevoir quelque meuble ou quelques
effets d’un usage'journalier. Nous fîmes encore bien des tours
et des détoSrs, et nous sortîmes de ce souterrain avec la persuasion
qu’il a servi de lieu d’habitation à des hommes à une époque peut-
être où les habitans de l’île, peu nombreux, étaient obligés de se
cacher pour éviter des piratés ou des ennemis qui menaçaient leurs
propriétés et leur vie.
Nous n’avons éprouvé dans ce souterrain, d’àutre chaleur que
celle de toutes' les caves : nous n’y avons vu aucune trace d’alun :
partout les parois sont très-sèches, et nous y respirions avec la plus
grande facilité.
Après avoir fait inutilement quelques tentatives auprès de nos.
conducteurs, pour découvrir s’il y avait aux environs d’autres
grottes ou d’autres souterrains dignes de remarque , nous continuâmes
notre route pour nous rendre à Castro, vulgairement
nommé Sifours par les marins provençaux, qui ont cru trouver
quelque ressemblance dans la position élevée de ce village, avec
celui de même nom qui se trouve aux environs de Toulon.
Nous.vîmes quelques terres cultivées, et beaucoup d’autres qui.
pourraient l ’être avec avantage si la population était plus nombreuse.
N'ous nous élevâmes bientôt, et nous parvînmes au bas du
pic sur le sommet duquel le village est bâti. Ici le chemin est prati-.
qué à travers des rochers basaltiques, glissans., presqu’inaccessibles,.
qui semblent toujours prêts à se détacher. Le village est mal-propre.
Les rues, où plutôt les’échelles de roches qui en font les divisions,
sont sales j j couvertes de cochons et .d’immondices. On ne trouve
que de l’eau de citerne, et le moindre vent ressemble à un ouragan.
Mais tous ces désavantagés sont compensés par la salubrité de l’air
qu’ori respire sur ce pic élevé. Parmi les vieillards que nous y avons
vus, un d’eux, âgé de cent deux ans, j ouissait d’une bonne santé : son
air rubicond et ses membres souples et nerveux annonçaient encore
plusieurs années de vie.
Les femmes de ce village s’occupent toute l ’année à tricoter des
bas de coton à l ’usage dit pays et à celui des Européens : elles font
aussi quelques toiles grossières pour elles. Les hommes cultivent la
terre ou sont marins. On compte parmi eux une quinzaine de pilotes
pour l’Archipel et la Syrie, dont se servent les vaisseaux de
guerre des puissances européènes qui naviguent dans ces parages.
De ce lieu élevé la vue se porte sans obstacles sur une vaste
étendue de mer et sur quelques îles situées dans la partie nord. On
aperçoit même, dit-on, au nord-ouest, lorsque l’horizon est très-;
clair, les montagnes de la Morée. On a sous les yeux presque toute
la partie orientale de Milo. On distingue au sud toutes les sinuosités,
de la rade, et on a alors devant soi un amphithéâtre de collines et
de montagnes tapissées de verdure, et couronnées par le mont
Saint-Élie, le point le plus élevé de l’île.
Quand on a joui quelque tems de ce tableau majestueux , la vue
së fatigue : on desire descendre dans la plaine et voir de près et en .
détail d’autres objets. Le 2, à la pointe du jour, en nous dirigeant
vers la rade , nous rencontrâmes, au sud-sud-ouest de Castro, après
une demi-heure de marche, des ruines que nous jugeâmes être celles
de l’ancienne capitale de l’île. Elles s’étendent jusqu’aux environs
de la mer, vers le cap désigné par les marins sous le nom de Bombarda.
Elles consistent en quelques portions des murs de la ville
encore debout, en des ruines d’anciens édifices qui nous ont paru
avoir appartenu à des temples, et enfin en une enceinte de grandes
murailles en pierres sèches, construites avec tant de solidité, qu’elles
sont bien mieux conservées que celles bâties avec le mortier. On a
employé à ces murs des blocs d’une lave solide, irrégulièrement
taillée, mais dont les angles correspondent avec tant de préeisioa