l ’intérieur n’auraient pas eu lieu, les pachas rebelles seraient rentrés
dans le devoir, et les. janissaires les plus mutins auraient payé de
leur tête le premier mouvement d’insurrection qu’ils auraient fait.
Il est bien difficile de prévoir comment l’Empire othoman sortira
de la crise fâcheuse dans laquelle il se trouve. La France, si portée
autrefois à le soutenir (1), voudra-t-elle empêcher que les puissances
qui paraissent aujourd’hui défendre ses intérêts avec chaleur,
ne lui fassent bientôt subir lelsûrt de la Pologne, ou ne lui enlèvent
du moins une partie de ses États ?
. .Les.kodjakians ou gens de plume forment dans, la capitale un
corps nombreux, instruit et considéré : c’est l ’état qui tient le milieu
entre les militaires et les hommes de lo i, et qui est devenu assez
puissant depuis que les ulémas,le sont un peu moins , depuis que.
‘le divan n’est presque composé que de gens de plume, et depuis
que quelques-uns d’entr’eux obtiennent des fiefs, dçs grades militaires
et des gouvernemens.
Presque tous les ministres, tous les employés aux diverses administrations
de la capitale , aux douanes , aux mosquées.; tous les
chefs de bureaux, tous les secrétaires, tous les commis, tous les
maîtres d’école; en un mot, tous les écrivains, depuis le simple
k ia tib , qui copie les livres, lesplacets, les mémoires, et celui qui
s’applique à écrire purement et correctement,la langue, jusqu’au
reys-éfendi qui en est le ch e f, tous sont désignés par le nom de
k o d ja , et font partie de cette espèce de corporation.
L ’art de transcrire les livres nationaux et surtout le coran, forme
la pépinière des gens de plume. Le nombre des copistes de ces livres
est prodigieux dans la capitale. Les jeunes gens qui n’ont point de
fortune, et qui veulent embrasser cet état, après avoir appris à lire
et à écrire dans les écoles, s’appliquent d’abord à copier et à vendre
( i j Lçs intérêts politiques, et commerciaux qui ont uni si long-tems la France
et l’Empire'othoman , ont bien changé depuis nottè établissement en Egypte ,
depuis surtout que''cette colonie nous fait espérer un-commerce plus avantageux
que celui que nous faisions auparavant,. et nous met à portée d’arrêter les prétentions
■qu’a l’Angleterre au. commerce exclusif du Monde entier,
des
dès livres : ils rédigent ensuite des piacets, des mémoires pour
ceux qui leur en demandent. S’ils montrent’ de l ’intelligence, et
s’ils acquièrent de l’instruction à ce métier , ils parviennent à se
placer dans quelque bureau, et peu à peu, avec des protecteurs,
de la conduite, de l’application et surtout de l ’argent, ils parviennent
aux premières places dans les bureaux, et aux premières
dignités dans le ministère.
Les Musulmans doivent aux kodjas un grand nombre d’ouvrages
très-estimés parmi eu x , relatifs aux langues arabe et
persanne , à la philosophie, à la morale, à l’histoire mahométarie,
à la géographie de leurs provinces ; et c’est parmi eux que l’on
trouve ordinairement les hommes d’État les plus instruits et les
plus capables d’administrer. .
La crainte de priver de leur état ce grand nombre de copistes,
l’opposition de presque tous les gens de plume püissans, le refus
des gens de loi de laisser imprimer le coran et les autres livres de
religion, et peut - être aussi l ’aversion que montrent les Musulmans
pour les pratiqués èt les arts des Européens, Sont autant dé
motifs qui concourent à empêcher que l’impriinériè ne s’établisse
chez eux d’une manière solide.
Les gens de plume sont qualifiés de kodjas où d’¿fendis. Ce
dernier désigne fin homme d’un rang plus distingué, celui par
èxemple qui est parvenu aux premières places, aux premières
dignités. 'On donné aussi ce dernier titré aux gens de l à i , âùx
imans des mosquées. Éfendi. est lé mot qui distingue les hommes
de plume et de loi des officiers militaires, à qui on donne ’cèùx
à’aga. et de bey.
La faveur accorde souvent les fiefs militaires aux gens de plume,
peu propres 'en général aux fatigues de la guerre : les îUanistrès
et les autres grands personnages obtiennent aussi quelquefois lès
dignités de pacha à deux ou à trois qûeues, Sans être en état de
marcher à la tête des troupes de leurs provinces. Mais comme en
Turquie on regarde plutôt si la place convient à l’homme qué si
l’homme est apte à la place , aucun éfendi ne -se fait une délicatesse
de briguer cés places importantes. Qué leur importe de
A a