avant le coucher du soleil, nous mouillâmes au petit port San-Ni-
co lo , situé vers la pointe septentrionale de Santorin {p l. 7). La
distance de Cimolis à Santorin est de quinze à seize lieues. Aussitôt
arrivés, nous prîmes un canot pour aller à JPhira chez 1 éveque
latin, pour lequel on nous avait remis des lettres à Naxos.
Rien de plus affreux que le déchirement qui s’est opère sur toute
la côte intérieure de Théra , de Thérasia et d'Aspronisi : rien de
plus étonnant que la formation de la rade et des trois îles qui sont
sorties du fond de la mer à des époques connues. La côté de Santorin
, élevée eu quelques endroits de près de cent toises, se présente
comme une montagne coupée à pic , formée de diverses couches et
de divers bancs de matières volcaniques. On a eu de la peine à faire
un chemin praticable pour monter de la mer à Apanoméria et à
P hira . Partout ailleurs il serait impossible d’escalader une cote si
subitement élevée et si inaccessible.
En abordant soUs Phira (A), nous vîmes quelques petits navires
amarrés aux rochers de la côte : nous remarquâmes un banc considérable
de pouzolane couleur de rose, dans lequel on a creuse des
magasin« très-étendus pour faciliter l’exportation du vin que l’île
produit. Nous observâmes en m ontant, plusieurs couches de cendres
Volcaniques, grises ou bleuâtres;¡des;bancs de pierre-ponce d’un
gris noirâtre, entremêlée de fragmens et de blocs de basalte. Nous
aperçûmes ensuite diverses couches de pouzolane d un rouge v if;
une rôche de basalte sur laquelle on distingue des pierres-poncës et
des cendres volcaniques diversement colorées enfin une couche
fort épaisse de. pierre-ponce blanche-, qui s etend sur, .toute la surface
de l’î le , et que l’on retrouve également sur Thérasia et sur
Aspronisi. Il nous fallut près de demi-'heüre pour monter de la
mer au village. S3 >
Sous Apanoméria, les couches sont à peu près semblables à celles
dont nous venons dé parler,: si ce n’est, qu’on remarque »vers le
milieu de la côte , un banc considérable dè, pouzolane- d un, beau
rouge et d’une excellente qualité , qtii s’étend , en ; diminuant
d’épaisseur, à droite et à gauche, et que l’on retrouve dans la
même direction sur la côte orientale de, Thérasia.
L ’évêque latin, nommé Dalenda^ nous reçut avec beaucoup
d’honnêtetés, nous fit partager sa table, nous logea commodément,
nous procura tous les renseignemens dont nous avions besoin, et
poussa même la complaisance jusqu’à nous faire accompagner par
son neveu dans les diverses courses que nous entreprîmes dans 1 île.
Le lendemain de notre arrivée, nous parcourûmes toute la partie
nord. Nous vînmes passer à Phiro-Stéphani, à Mérévelli. Nous
nous détournâmes de la route pour voir Scauro, situe sur une
roche volcanique très-élevée, qui s’avance dans la mer. G est là le
siège de l’évêque latin : il y passe ordinairement l’hiver, et ne vient
à Phira que dans la belle saison. Scauro était assez bien fortifie et
assez peuplé lorsque l’île appartenait aux ducs de Naxos. Les habitans
l’abandonnent aujourd’hui peu à peu pour s’établir à Phira et
à Phiro-Stéphani, deux villages qui paraissent devoir bientôt se
réunir et n’en former qu’un seul. Nous vînmes de là au petit Saint-
Élie, colline guère plus élevée que le terrain sur lequel sont situés
Scauro et Mérévelli.
La couche de pierre-ponce blanche qui recouvre toute l’île ,
manque à cet endroit, soit que les pluies l’aient emportée, le terrain
étant en pente vers la partie nord, soit que cette colline ait été un
foyer de volcan long-tems après la formation de cette couche ; ce
qui est bien plus probable. En effe t, on aperçoit à la partie supérieure
du petit Saint-Élie diverses ouvertures par lesquelles se sont
échappés les feux souterrains et les matières qu’ils ont lancées. On
y voit tout autour des scories noirâtres, semblables à du mâchefer,
et une pierre dUre ; spongieuse, d’un beau rouge ferrugineux, qui
s’étend le long de la côte jusqu’à Scauro.
Nous trouvâmes, vers le bas de la colline, la même .pouzolane
que nous avions vue la veillé sous Apanoméria; et comme elle est
à peu près à la même hauteur , 1 nous jugeâmes, qu’elle appartenait
au même banc.
Nous parcourûmes les jours suivans, et par mer, et par terre ,
la partie méridionale de l’île jusqu’à la pointe,d’A p ’Otiri. La côte,
ici comme .dans la partie nord, est partout élevée, coupée à pic
du côté de la rade, et formée de diverses couches volcaniques, à