se trouve au-delà du village. Ce lac est extrêmement poissonneux :
j’ai vu plusieurs fois à Constantinople des carpes monstrueuse»,
qu’on y avait pêchées ; elles pesaient depuis 5o jusqu’à 80 livres ,
et avaient trois ou quatre pieds de long.
Ce fut le 22 prairial que nous allâmes, à pied, à Saint-Stéphano,
marchant à travers des champs couverts de chardons, de graminées
et de plantes de toute espèce qui retardaient notre marche et
nous fatiguaient beaucoup. Nous espérions revenir le même jour
par mer, afin d’observer le rivage ; mais comme il était déjà tard
lorsque nous sortîmes de la manufacture , il nous fut impossible
de trouver un bateau, de sorte que, fatigués comme nous l’étions,
il fallut nous résoudre à faire un repas frugal chez un papa grec ,
et à passer la nuit sur un sofa, exposés aux puces et aux punaises,
extrêmement abondantes dans tout le Levant.
Les Orientaux, plus simples que nous dans leur ameublement, ne
connaissent pas le luxe des hts. Ils ont dans leurs maisons un certain
nombre de matelas fort légers, de laine ou de coton , qn ils
étendent par terre on sur les sofas à 1 heure du coucher, et sur
lesquels ils passent la nuit. Les femmes ôtent leurs colifichets et
quittent leur parure ; les hommes se dépouillent de leur habit de
cérémonie, changent de turban, et se couchent habillés, ainsi que
lès femmes. Ils se couvrent avec des couvertures piquées, auxquelles
lés riches attachent un drap de toile de coton, qu’ils ne changent
Ordinairement que lorsqu’il est bien sale on presque usé.
: L e lendemain matin on enlève ces matelas et ces couvertures,
on les enferme dans des armoires , et la chambre à coucher redevient
salon de compagnie et salle à manger. Chez les Grecs , les
Arméniens et les Juifs pauvres, tonte la famille couche presque toujours
dans la même chambre ; mais chez les Musulmans, 1 appartement
des hommes est toujours séparé de celui des femmes.
: Comme l’usage des chaises et des tables est également inconnu
■pont établi sur la partie étroite qui communique avec la mer. A quelques lieuèa
de là i l y a un autre la c nommé , par la même raison , Pontcrqrande o u Buyuk-
tehesmé.
des
dés Orientaux, les sofas sont les principaux et presque les seuls
meubles de leurs appartemens : ils sont ordinairement placés sur
trois faces, sous celle des fenêtres et sous celle des côtés : ils sont
immédiatement posés sur le plancher, ou élevés de quelques pouces,
d’un demi-pied et même d’un pied, au moyen d’une estrade formée
de quelques planches. Es sont recouverts de belles indiènes, d’étoffes
de soie, de velours , dé drap , et ornés de franges en co to n , en
so ie , en argent bu en or. Il y a de grands dossiers sur toute la
longueur du sofa, ornés des mêmes franges et recouverts des mêmes
étoffes : on place des tapis et des nattes au milieu de la chambre.
E reste une partie du plancher, vis-à-vis la porte d’entréé, qui est
plus basse de cinq à six pouces, et qui sert de passage pour aller
aux chambres latérales.
Le sofa sert de siège pendant le jour et de lit pendant la nuit :
c ’est là que les Orientaux passent la journée, accroupis, les jambes
croisées, et que la nuit ils placent leurs matelas pour dormir. Souvent
, pour ne pas trop user le sofa, ils restent sur le tapis ou sur
la natte , et la n u it , faute d’autres matelas , Es couchent sur le
so fa , après en avoir retiré l’étoffe qui le couvre.
i On sent que cette manière de vivre par terre, sur des tapis ou
des nattes que l ’on ne peut balayer, et qu’on néglige de battre et de
SèCouer , dans des maisons de bois , sous un climat chaud , chez
une nation qui ne connaît presque pas l ’usage du linge, qui conserve
ses vêtemens pendant la nuit, et ne les quitte en général que
lorsqu’ils sont usés , les puces, les punaises et toutes les vermines
qui s’attachent à l ’homme sale et peu soigneux , doivent y être
extrêmement abondantes ; c’est aussi ce qui nous a fait le plus souffrir
dans le cours de nos voyages , parce qu’il était impossible de
nous garantir de ces insectes lorsque nous étions obligés de coucher
dans un lieu qui en était infesté.
Ce n’était pas assez des puces et des punaises pour nous empêcher
de dormir; nous étions en outre éclairés par une fampe qui
brûlait devant l’image de la vierge, ainsi que cela se pratique nuit
et jour dans toutes les maisons grecques du Levant. Nous n’osâmes
pas l ’éteindre ; nous-aurions trop affligé le bon prêtre chez qui
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