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 au  dessous.  Ellës  profitent  des  pluies  d’hiver  pour  remplir  
 d’eau  la  plupart  de  ces  chambres  sépulcrales,  et  la  distribuent,  
 durant  l ’été,  suivant  les  besoins  de  la  terre.  Nous  vîmes un  cultivateur  
 occupé  à  détruire  l ’escalier  d'une  de  ces  catacombes  qu’il  
 allait  transformer  en  citerne':  un  second  enlevait  la  terre  d’une  
 autre,  dans la même  intention.  Un troisième pratiquait au bas  une  
 issue,  qu’il  était  lé maître  d’ouvrir  et  de  fermer.  Mais  dans  tous  
 les  cas, soit  que  ces  catacombes  fussent abandonnées,  soit qu’elles  
 fussent converties  en citernes, toutes avaient encore lès" sarcophages  
 dont nous  venons  de  parler. 
 On  nous  a  assuré,  dans  le pays,  qu’on  trouvait quelquefois, en  
 déblayant  cès  chambres  sépulcrales,  des  urnes  de  terre,  des  vases  
 et autres ustensiles  de même nature ;  cependant quelques recherches  
 que  nous  ayons  faites,  il  nous  a  été  impossible  de  nous  en  procurer. 
   Quelques-uns  de  ceux  à  qui  nous  nous  sommes  adressés,  
 nous  ont  dit en avoir  donné  ou  vendu à  des  Russes,  dans leur  pénultième  
 guerre  avec  lés  Turcs. 
 Si  l ’on  considère  la  quantité  prodigieuse  de  ces  catacombes,  à 1  
 côté: des ruines  qui occupent une  assez grande  étendue ;  si l’on  fait  
 attention aux murs  bâtis  avec  solidité ,  aux  colonnes  et  aux  quartiers  
 de  marbre  et  de  granit  qui  appartenaient  évidemment  à des  
 temples  et  à  des édifices  somptueux ;  si  l’on  réfléchit à  la  position  
 avantageuse  de  la  ville "à  portée  de  la  rade,  sur  un  promontoire  
 élevé,.loin  des  infections  de  la plaine  et  des  vapeurs  dangereuses  
 de  la partie  orientale  et méridionale  de  l ’île ,  on  ne  pourra  s’empêcher  
 de  convenir  que  ce fut  là jadis  le  site  de la métropole. 
 Melos, suivant Thucydide,  était "indépendante  et  jouissait  de  la  
 plus  grande  liberté  long-tems avant la guerre du Péloponèse,  dans  
 laquelle toute la Grèce,  les îles de l ’Archipel et les principales villes  
 des côtqs occidentales de l’A sie mineure avaient également pris part.  
 Les  habitans de M elos, fortement sollicités  par  les Athéniens  d’une  
 part,  'et  attachés  de  l’autre  aux  Laoédémoniens  dont  ils  descendaient, 
   voulurent,  au milieu de  cette  guerre  terrible,  rester  tranquilles  
 et garder une sage neutralité. Les Athéniens furent tellement 
 indisposés 
 indisposés  de  cette’ conduite,  qu’ils  expédièrent  Nicias  avec  une  
 flotte  de soixante vaisseaux et deux mille hommes de débarquement  
 pour les punir du refus qu’ils avaient fait de leur fournir des troupes.  
 Nicias ravagea  l’île ,  mais  il  ne put  venir  à b o u t,  avec une  armee  
 si  faible,  de  prendre  la  ville,  défendue  par  tous  les  habitans  
 rassemblés. 
 ■Les Athéniens  envoyèrent quelque  tems après deux autres  généraux  
 qui me furent pas plus heurèux que Nicias, quoique leur armée  
 fût  plus  nombreuse  ;  mais  Philocrâte  ayant  amené  de  nouvelles  
 troupès, les Miliotes furent réduits à la dernière extrémité et obliges  
 de  se  rendre.  Les  Athéniens,  à  cette  occasion,  aussi  implacables  
 dans  |leur  ressentiment,  que  féroces dans leur  vengeance,  massacrèrent  
 indistinctement tous les hommes en ëtat de porteries armes,  
 et firent esclaves  les  femmes  et  les  énfans  qu’ils  emmenèrent  dans  
 l’Attique. 
 L ’île fut repeuplée par cinq cents personnes qu’ils y  envoyèrent ,  
 et à qui ils donnèrent les propriétés  dé  ceux  qu’ils venaient d’egor-  
 ger.  Cependant  les  Athéniens, vaincus  à  leur  tour  par Lysandre,  
 général  des  troupes  lacédémoniènes,  et  obligés  de  se rendre à discrétion  
 ,  se  virent  forcés  de  rappeler  leur  colonie,  et  les  restes  infortunés  
 des Miliotes purent alors  rentrer  dans  leur île et se mettre  
 de nouveau en possession des propriétés qu’on leur avait enlevées. 
 Cettè île ,  comme toutes  celles  de l’Archipel,  a passe sous  la domination  
 des Romains  :  elle  a  fait  partie ensuite  de l’Empire  d O-  
 rient. Marco-Sanudo la réunit,  avec  toutes  les  Cyclades,  au duché  
 de Naxos. Elle en fut ensuite détachée en faveur de François Crispo,  
 et  soumise  enfin à  l’Empire  othoman  par Barberousse. 
 Milo  a  environ  soixante milles  de  tour  :  son  p o r t,  un  des  plus  
 beaux et  des plus  vastes  de  l’Archipel,  peut  contenir  une  escadre  
 nombreuse  :  il  a ,  comme  celui  de  Naussa  dans  1 île  de  Paios,  
 l’inconvénient de  se  présenter  au  nord ;  ce "qui  fait  qu’on  en  sort  
 difficilement,  attendu que le vent,  dans ces  parages,  souffle  constamment  
 en été,  et  très-souvent en hiver, de  cette partie. Quoique  
 le mouillage soit bon partout, les navires, dans la mauvaise saison,  
 préfèrent  se mettre à l’abri du vent de nord derrière le promontoire 
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