au dessous du genou : les jambes sont chaussées de deux paires
de bas rembourrés, de manière qu’elles paraissent enflées. La gorge
est cachée sous un corset piqué et baleiné ; une pièce de velours,
de satin ou de drap, garnie d’une dentelle en o r , en argent, ou
relevée d’une simple broderie, leur orne tout le devant, e t , dans
la grande parure , deux larges manches brodées sont fixées au
corset, et descendent de chaque côté jusqu’à mi-cuisse. Tout de
bras n ’est couvert, en été, que par la manche de la cheinise.'La
tête est enveloppée d’un mouchoir qui passe au dessous du menton,
et laisse bien à découvert une figure assez souvent jolie.
Polino, vulgairement connue sous le nom d'I le b rû lée, présente
la même organisation que Cimolis. On y voit partout des pbrphyres
décomposés, des roches blanches ou rougeâtres, partout des tracés
du volcan qui -a agi sur elle et sur les îles voisines. Située 'au sud-
est de Cimolis, à l’es t-no rd -e s t de Milo , elle est peu étendue,
déserte et entièrement privée d’eau. Quoiqu’elle soit couverte
d’herbes e t d’arbustes , les habitans de Cimolis n’osent y faire
paître leurs troupeaux, parce qu’ils sont persuadés que les 'serpens ;
qui y sont très-nombreux, les feraient bientôt périr, et cependant
ils avouent qu’on trouvé à Polino des chèvres sauvages qui multiplient
abondamment et qui bravent le venin de ces reptiles.
Il était intéressant de savoir s’il y avait en effet des chèvres
sauvages dans cette île , et si les serpens qui s’y trouvaient,' étaient
aussi dangereux que les habitans de Cimolis nOus le disaient. Nous
résolûmes en conséquence de faire une partie de chasse le 27 messidor
,:et d?emmèner avec nous deux Gréés, que l’on nous désigna:
comme:très-capables de nous seconder. Les primats1 nous* annoncèrent
en plaisantant, qu’il existait chez eux une lo i, par laquelle
Otr fle pouvait chasser à Polino sans leur permission, et sans leur
fdiré part,’ au retour,; de la moitié dü gibier. Nous nous1 soumettons
volontiers , leur dîmes - nous, à cette loi ; nous garderons
seù'lementla dépouille des quadrupèdes que nous tuerons;, et! nous
vôus donnerons tout le reâte. C’était, comme on verra bientôt,
vendre, la pcau .de l ’ours avant de l ’avoir couché, par. terre.
cïLe. citoyen. Brugùière ,. peu fait, aux fatigues d’une pareille
chasse,
chasse, se contenta d’herboriser, et de ramasser quelques graines
et quelques coquilles terrestres, tandis que je parcourus plusieurs
fois les endroits les plus scabreux de l’île. Mes'guides, semblables
à deux chiens, furetaient partout, visitaient tous les rochers,
entraient dans tous les buissons, et montraient une ardeur digne
d’un meilleur succès. Ils firent bien lever quelques-uns dés quadrupèdes
que nous .cherchions; mais je ne pus jamais les atteindre ;
souvent même je ne pus les voir parmi les rochers qu’ils habitent.
Je tirai sur eux quelques coups de fusil à baie , de fort loin, sans
leur faire aucun1 mal. Je crus reconnaître, dans ces prétendues
chèvres, le mouflon, que l’on Sait être commun en Crète , à
Naxos et dans tout le midi de l’Europe.
Notre chasse aux serpens fut plus heureuse : j’en coupai un en
deux d ’uU coup de fusil : vers le soir mes guides en prirent’ un
autre d’une espèce différente, qui appartient au genre B oa de
Linné; .mais nous ne pûmes découvrir la vipère que nous cherchions
, et qui se trouve plus ou moins abondante dans toutes les
îles de l’Archipel.
Ce boa { p l. 16 ,J i g . i A . B .) a le corps cylindrique, d’un gris
jaune,,,,marqué de taches noirâtres , nombreuses , irrégulières’. La
tête est ovale ,• obtuse; le museau est formé par une écaille triangulaire,
large, courte; les deux écailles qui viennent après, sont
pareillement larges et courtes : celles qui couvrent le corps , sont
petites, rondes, égales , presque hexagones, unies : les abdominales,
au nombre de cent soixante-douze, sont courtes et .étroites.
Les yeux sont petits et enfoncés. La langue est fourchue, et la
lèvre inférieure, est arrondie. La queue est obtuse , très - courte.
Les écailles caudales sont au nombre de vingt-deux (1). -
La bouche de ce boa n’est point munie de crochets; ce qui doit
le faire placer parmi.les espaces qui ne sont point venimeuses.
(1) @OA turcica griseo-Jlav escens ^ cauda brevissima, s cutis dorsalibus minimis
rotundatis sub hex agonis.
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