quoiqu’inflammation ou quelqu’autre maladie plus ou moins dangereuse.
A moins que le nombre des enfans ne soit déjà considérable ou
que la fortune du mari ne soit trop dérangée, si la femme , encore
jeune , après une ou plusieurs couches, tarde trop d’être enceinte
, elle a recours aux mêmes moyens , elle emploie les mêmes
drogues. Les Grecques, en outre , moins dévotes et plus superstitieuses
que les Musulmanes , font des offrandes à la Panayia (1),
envoient un cierge à l’église, font dire des messes , et invoquent
les saints et les saintes du paradis en qui elles ont le plus de confiance.
. Les maisons des Musulmans sont disposées de manière que le
logement des femmes est toujours séparé de celui des hommes : le
premier se nomme harem on lieu sacré , .et le; second selqmlik ou
habitation de l’homme. R y a chez les grands deux corps-de-logis
qui communiquent entr’eux par des appartemens intermédiaires-;,
dont le mari seul a les clefs. L ’accès du harem est sévèrement
interdit aux hommes ; les domestiques et les esclaves mâles, n’y
entrent jamais ; et les parens eux-mêmes« n’y sont point admis, si
.ce n’est aux deux grandes fêtes de l’année, et à l’occasion desyioces,
des couches et de la circoncision.
Ordinairement le harem n’a point de fenêtres sur la rue , ou
s’il en a quelques - unes elles sont élevées et grillées de manière
.qu’on ne peut voir du dehors ce qui se passe dans l’intérieur. Dans
les contrées où chaque maison a sa terrasse , i il y a des murs de
.séparation qu’on ne peut franchir et qui empêchent toute çommu-
.nication.
Nous avons souvent éprouvé des difficultés dans le coursvde nos
voyages , lorsque nous avons voulu monter sur des lieux'élevés
pour avoir le coup-d’oeil d’une ville et juger de son .étendue, parce
qu’on craignait que notre objet ne fut d’observer les -femmes, qui
se promenaient dans leurs jardins ou qui prenaient le frais sur la
terrasse de Ipur maison. R est arrivé souvent, dans ces occasions,
(1) lluvuy.u. toute sainte ; c’est ainsi que les Grecs nomment la mère du Christ.
que
que des Turcs ont tiré des coups de fusil sur des Européens dont
les intentions leur paraissaient suspectes.
La femme d’un certain rang, encore jeune, sort très-peu de chez
elle , parce qu’il n’est pas du bon ton qu’elle se montre dans les
mes quoique voilée, parce que la loi la dispense d’aller à la mosquée
, parce qu’elle a chez elle des bains dont elle use à volonté,
et parce qu’elle est entourée d!esclaves qui la surveillent et de parentes
qui la contrarient. Plaire à son ma ri, le retenir dans le
harem aussi long-tems que ses affaires le permettent, avoir soin de
ses enfans, s’occuper de sa parure et très-peu de son ménage ,
prier aux heures prescrites par la religion , passer une partie de
la journée sans rien faire , une autre à fumer, prendre du café ,
recevoir des amies , des parentes et des protégées , tels sont les
devoirs et les plaisirs de la Musulmane. Elle sait rarement lire et
presque jamais écrire ; elle a appris à coudre et à broder, à préparer
des bonbons, et des friandises, à composer un sorbet ; mais elle
trouve plus doux de ne rien fa ire, de rester tranquille sur son sofa,
et de rouler dans ses doigts un chapelet de corail ou d’agate. Elle
regarde comme une jouissance délicieuse de tenir de tems en tems
une tasse de café d’une main , une pipe de l ’autre, et de les porter
alternativement à la bouche en respirant la vapeur de l ’un , en
retenant le plus long-tems qu’il est possible celle de l’autre ; ce qui
la satisfait ensuite le plus , c’est de pouvoir étaler aux yeux des
femmes qu’elle reçoit, de riches bijoux et une robe d’un grand
prix.
Un Musulman est bien pauvre s’il n’a plusieurs esclaves pour
servir sa femme, et celle-ci est bien mal-adroite si elle ne Convertit
bientôt en robes et en bijoux la plus grande partie de la fortune
du mari. Cette conduite extraordinaire et déplacée , surtout dans
une mère de famille , mé paraît dériver naturellement des lois
ét des usages établis en Turquie. On sait que le souverain a le
droit de confisquer , au profit du trésor impérial , l ’héritage
des agens qu’il a employés , et que dans ce cas la propriété de la
femme est toujours respectée. De plus , lorsque le divorce a lieu
entre deux époux, la femme conserve ses bijoux et sa garde-robe,
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