P o rt de la M adona, est le meilleur des trois : on peut y jeter
l ’ancre depuis six et huit brasses , jusqu’à une assez grande profondeur.
En doublant la pointe orientale, on trouve un quatrième port
peu sûr, peu profond, ouvert au vent d’est, mais à l’abri du sud,
de l’ouest et du nord-ouest. Un navire marchand, surpris par un
GOup de vent, pourrait également s’y sauver.
Cette île est élevée , scabreuse, entièrement calcaire' : elle n’est
ni habitée ni cultivée. La roche est partout à découvert, excepté
vers le sommet, où l’on aperçoit un terrain qui serait propre à la
culture de la vigne et de l ’olivier. Il paraît qu’il y a eu anciennement
à cet endroit quelques habitations, à .en juger par les tas de
pierres et de briques, qui s’y trouvent. On rencontre en divers,
endroits du marbre blanchâtre qu’on n’a jamais exploité, et quelques
filons de plusieurs pieds d’épaisseur d’albâtre rubanné, que l’on
juge de la pins grande beauté.
Il y a sur cette île une quantité considérable de lapins : il y a
aussi quelques chèvres sauvages qu’il est difficile de voir et de tirer,
parce qu’elles se tiennent à des endroits inaccessibles à l’homme.
Nous y avons vu en outre plusieurs chats de diverses couleurs, que
nous avons présumé avoir appartenu à des bâtimens naufragés.
La province de M essara, qui se trouve au sud de celle de Candie
, est la plus fertile et la plus agréable de l’île, : elle a entr’autres
une fort belle plaine de six lieues d’étendue, dans laquelle on récolte
abondamment du b lé , de d’o rg e , dp lin , du coton et divers
fruits.. Elle est traversée par une petite rivière nommée aujourd’hui
Malognithi,- et connue autrefois sous le nom de L éth é. Elle passe
à côté des ruines de Gortyne, çt va se jeter dans la mer en face des
îles Paximaçles.
Lorsque les Romains eurent conquis l ’île et abaissé l’orgueil de
Çnosse , Gortyne devint la plus considérable et la plus belle ville,
de Crète. Elle avait deux ports au sud, dont l’un , nommé M eta l-
lurri, situé vis-à-vis deux îlots, se retrouve dans le mot M etala
qpe ce lieu porte encore. L ’autre, nommé Lébéné, était à cinq ou
six lieues plus à l’est.
A
- A trois lieues au nord de ces ruines, on voit le fameux labyrinthe
, que l’on prendrait pour une ancienne carrière de pierres
tendres, calcaires, ou pour un lieu d’habitation, capable de contenir
une peuplade entière, si les anciens auteurs n’avaient dit qu’il
fut construit par Dédale, sur le modèle du labyrinthe d’E gypte, et
qu’il servit à y enfermer le Minotaure.
Le blé de Messara est un des meilleurs de la Turquie : il fournit
beaucoup de farine et donne un pain excellent. Les cultivateurs le
transportent sur le dos de leurs ânes, à Candie, à Réthymo et
même à la Canée, et quelque abondante que soit la récolte, ils
n’en gardent jamais pour eux. Ainsi que les autres cultivateurs de
,1'île, ils se nourrissent toute l ’année d’un pain d’orge très-grossier.
Le pur froment est réservé pour les agas et pour les riches habitans
des villes.
, Cette province passe avec raison pour le grenier de Crète.
.Toutes les terres sont en culture, et elles produisent communément
quinze et vingt pour u n , tandis qu’ailleurs le cultivateur est
bien satisfait s’il obtient six ou huit fois la semence qu’il a confiée
aux meilleures terres; il est vrai que leur culture est bien négligée,
et qu’elles reçoivent bien rarement des engrais. Les Turcs sont ici
plus nombreux que les Grecs.
4 La.province de Mirahel, qui se trouve à l’est de celle de Candie,
,gst peuplée,, fertile.et abondante en huile, en grains et en fruits.
Les habitans voyaient venir autrefois à la rade de Mirabel et dans
le port de Spina-Longa, plusieurs navires français pour y charger
leur huile ; ee qui en soutenait le prix et répandait parmi, eux une
aisance qu’ils n’ont plus depuis qu’on les a forgés de la porter à
grands frais à Candie , et de la vendre à bas prix aux Turcs propriétaires
des savoneries établies dans cette .ville,
oi Les cultivateurs, découragés par cet ordre peu réfléchi, négligent
de jour en jour leurs oliviers, et font en outre une plus grande
consommation d’huile et d’olives qu’ils ne fesaieut auparavant. Ils
salent une grande quantité de ce fru it, dont ils font la base de leur
nourriture; Ils mangent aussi beaucoup d’herbes sauvages en salade
ou frjtes avec de l’huile. Et c’est ainsi que le pacha de Candie,'
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