Gallipoli. On évalue:à près de cent mille combattans toute l’armée;
réunie.
Hussein, général en chef, avait un corps de douze à quinze,
mille Asiatiques, et un autre composé de sept à huit mille hommes ,
topchis d galiondgis et volontaires levés à Constantinople et aux;
environs.
Allo , pacha de Cntayé , était à? la tête de trente mille' Asiatiques,
délis, spahis, janissaires et volontaires.
A li , pacha de Yaniiia en Alb anie, commandait dix à déuze
mille Albanois et cinq à six mille janissaires.
Mustapha, pacha de Bosnie, avait un.corps de cinq à six mille
hommes, tant d’infanterie que de cavalerie.
Ismaël , bey de Sérès dans la Haute-Macédoine, amena cinq à
six mille spahis.
On fit marcher aussi des détachemens pris à Salon ique, à Phi—
lopopolis, à Sophia et à quelques autres villes de la Turquie
européène:.
C’est avec ces forces, capables de soumettre un Empire, que
Hussein marcha pour détruire un rebelle et faire le siège d’une viïïe-
en révolte.
Cto,: devait naturellement s’attendre que Pasvan, de son côté, n e
négligerait rien pour renforcer son armée et la. mettre sur un pied»
respectable. On présumait qu’il viendrait; attendre le capitan-pacha
sur les défilés du mont Hæmus, afin de lui disputer ces* passages;
difficiles, et tenter de détruire une armée que les premiers obstacles
pouvaient rebuter et mettre en. déroute. On fut bien surpris;
de lui voir au contraire licencier une grande partie de ses troupes,
abandonner les villes dont il s’était emparé; e t s’enfermer dans
Vidine avec douze mille hommes d’élite,, sur la fidélité e t la bravoure
desquels il pouvait compter. Il avait eu le tems d’amasser
des provisions dé bouche et des munitions de guerre en assez;
grande quantité pour soutenir un siège pendant plus dé deux années
de suite, sans faire trop souffrir lés-habîtans. Il avait d'ailleurs
line petite flotte-qui le-réndait maître du cours du Danube, et qui*
devait au,besoin faciliter le-ravitaillement de la plàee» Quelques:
ingénieurs polonais dirigeaient son artillerie et traçaient les plans
de défense.
L ’armée impériale se rendit sans obstacle auprès,de Vidine : tous
les corps dé troupes s’y trouvèrent réunis-avant la fin de prairial;
la flottile et les chaloupes canonières arrivèrent en même tems,;
les provisions de bouche et de guerre étaient abondantes ; il ne
manquait au capitan-pacha que des hommes capables de diriger
-un siège , et des soldats mieux disposés à soutenir la cause pour
laquelle ils allaient combattre.
Après avoir reconnu les environs de la ville , après avoir assigné
aux difïérens chefs les postes qu’ils doraient oc cu per, et avoir fait
toutes les dispositions qu’il jugeait nécessaires pour le siège , Hussein
¡fit sommer Pasvan de mettre bas les armes, dui promettant la vie,,
la liberté et un rang distingué s’il voulait épargner le sang musulman.
cc En vain m’opposeras-tu, lui disait-il, une résistance mo-
» mentanée; j’ai cent mille hommes avec moi; cent mille autres
» viendraient à leur secours s’il était nécessaire : reconnais tes
» erreurs; prosterne-toi devant la majesté du trône impérial,-et
» livre-moi ta ville iet ton année. » Pasvan reçut l’envoyé du
•pacha sur la' terrasse la plus élevée de son palais , d’où il observait
avec une lunette les mouvement de l ’ennemi ; et avec ce dédain
•que fait naître l ’idée de la supériorité de ses forces et de ses talens ,:
« Va dire à ton maître, lui répondit-il , qu’il dépendait dé moi
» d’.ayoir cent mille hommes à lui opposer ; j’ai préféré le vaincre
» avec dix. »
Hussein., ne pouvant espérer de ramener Pasvan à ses devoirs;
résolut de pousser le siège avec la plus grande vigueur : bientôt il
se crut en état de faire une attaque générale contré la ville, et
•de s’emparer par ce moyen d’une île située sur le Danube, -en
:face dé Vidine; mais partout il fut repoussé avec une perte considérable
: la ville était bien défendue, et l’île , sur laquelle 31 était
important de s’établir, avait été fortifiée au point que tous les
efforts du padha ne purent rien contr’elle : sa flotte fut écartée par
celle de Pasvan, par lè feu de la place et par les batteries de l ’île.
Ses chaloupes s’étant trop imprudemment exposées, souffrirent
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