Certaine la position des anciennes villes. Les monnmens s’écroulent,
les matériaux sont enlevés, la cliarrue applanit le terrain ; les fr ag-
mensde briques et de poterie résistent seuls au tems et à la main
ded’homme.
LorSqu on a depasSe le tombeau d’A ja x , situé sur une éminence,
on voit jusqu au-dela du Simoïs une plaine basse, sabloneuse près
de la mer, très-fertile a mesure qu’on s’en éloigne. Mais avant de
parcourir la Troadent de visiter ces lieux que l ’histoire a rendus si
f'ameujc:, retournons à l’HelIéspont, et transportons-nous sur la
côte d’Europe,
Selon les poetes et la plupart des historiens grecs, Sestos était
situee vis-a-vis Abydos, à' l ’endroit le plus resserré d u canal. Ces
deux villes sont devenues fameuses par lés amours vraies ou fabuleuses
de Léandre et d’H éro, dont la fin fut si malheureuse, Léandre
habitait Abydos : Héro était à Sestos, prêtresse de Vénus.,Trop
Confiant sans doute dans sa force et son adresse, Léandre, pour
ne pas être découvert, traversait depuis long-tems l’Hellespont à
la nage, guidé par un flambeau que sa maîtresse allumait au sommet
d’une tour : mais dans une nuit orageuse, Léandre, s’étant
trop imprudemment mis à la nage, ne put atteindre l ’autre bord,
et.fut malheureusement submergé par les flots agités. Héro , dans
son désespoir, se précipita dans la mer, afin de partager le sort de
son amant.
Procopë place Sestos dans l ’anse la plus voisine d’Abydos ; il
ajoute même que l ’empereur Justinien fit bâtir une citadelle auprès
de cette ville : on voit encore les restes, de cette citadelle près le rivage
de, la mer. On y distingue les premières assises de maçonnerie
en; pierres de taille, sur lesquelles le mur était élevé. Ce mur offre
un retrait d’environ quinze pouces. La tour située à l’extrémité de
la citadelle, est ronde et détruite en grande partie : on y aperçoit
leso-estes d’une voûte qui formait le premier étage..‘Ses. murs > ainsi
que ceux delà citadelle,, sdnt bâtis de plusieurs assises de moëlorts
et de plusieurs, assises de briques couchées à plat les únes sur les
autres sur trois ou quatre rangées. On suit très-bien sur lé penchant
de la colline, les murs de l ’ancienne ville. On trouve dans l ’enceinte
de ces murs des amoncellemens de pierres, parmi lesquelles on
distingue des briques, des fragmens de poterie, des morceaux de
granit et de marbre. Il est vraisemblable qu’on a amoncelé ces
décombres pour en nétoyer le terrain et le mettre en culture, et
qu’on a détruit, de cette manière, les restes des monumens qui
pouvaient s’y rencontrer.
A quatre milles de Sestos , en remontant le canal, on trouve un
autre port auprès duquel 011 ne voit qu’une simple dervischerie
occupée par trois ou quatre moines musulmans. Ce mouillage, un
des meilleurs de tout le canal, est peu connu de la plupart des
marins qui fréquentent les mers du Levant, parce qu’ils préfèrent
avec raison celui de Nagara, comme plus à portée de Maïta et des
Dardanelles, où ils se procurent les provisions qui leur sont nécessaires.
En face d’Ab ydos, à une petite lieue au sud-ouest de Sestos,
on voit au fond d’une anse étendue et peu profonde, le village de
Maïta, bâti sur les ruines de Æadytos. On trouve encore quelques
restes de vieille maçonnerie sur un monticule qui domine la ville
moderne située au bord de la mer. A peu de distance de Madytos
il y avait autrefois Coelos P ortu s, petite ville qui fut témoin du
combat naval qui eut lieu entre les Athéniens et les Lacédémoniens ,
combat où ces derniers furent vaincus et obligés de céder à leurs
rivaux l’empire de l’Hellespont.
: Le territoire de Maïta, quoique peu fertile, fournit quelques
fruits, un peu de blé, du vin et surtout du coton. La plupart des
habitans sont marins ; les autres se livrent à la culture des terres et
à la fabrication de toiles à voiles, pour lesquelles ils emploient le
coton qu’ils récoltent et une petite quantité qu’ils achètent soit aux
Dardanelles soit à Gallipoli.
A deux petites lieues de Maïta, en face des Dardanelles, à l ’endroit
le plus étroit du canal, on voit un village peu considérable,
connu sous le nom de Second Château d’Europe. La citadelle qui
se trouve au bas du village, sur le bord de la mer, et dont Tour-
nefort a donné la figure, n’est pas plus propre à défendre aujourd’hui
l’entrée du canal, que ne l’est celle d’Asie : l ’une et l’autre