aimables que celles de la capitale, parce qa’elles sont plus aimantes,
plus gaies, plus vives, plus spirituelles, On les voit assez librement
cliez elles en présence des parens, et: elles jouissent plus qu’ailleurs
d’une liberté dont elles n’abusent guère. Elles passent, dans toutes
les saisons, une partie d e là journée, chantant e t travaillant, jouant
ou folâtrant, devant leurs maisons : elles agacent, les passans, leur
adressent souvent la parole sans les connaître", leur lancent un
quolibet, une épigramme si’ils déplaisent ) leur font un compliment
délicat., spirituel s’ils ont:une tournure agréable, une figure prévenante.
Si on leur répond, sur-le même to n , la conversation s’engage
à haute voix : omfait assaut, d’esprit et de gentillesse , on rit et l’t o
se sépare eontens et satisfaits;
A lle z -v o u s sur l'esplanade, dans les jardins et autour de la
vide, vous rencontrez le dimanche et les jours dé fête, des groupes
de jeunes demoiselles: qui vous- arrêtent bien souvent-, vous font
mille espiègleries-, vous, demandent de l’argent , vous offrent des
fleurs et des bonbons; vous, pou vez.demême leur adresser la parole
et débuter: avec elles par quelque plaisanterie.
Mais dans c e paya tout se passe en propos avec les; demoiselles,
et les femmes sont bien plus réservées qu’on ne le supposerait au
premier abord. Ce n’est: pas que Scâo ne ressemble à presque toute»
les villes: de l’E urope,. et qu’il n’ÿ ait souvent des intrigues amoureuses
; mais du moins le scandale, y: est rare : les: filles: publiques
se cachent et la décence régne partout.
Circonspectes à l’égard des Turcs-qu’elles rencontrent, elfes né
leur adressent point la parole , ni elles ne répondent.à leurs questions
: elles- savent qu’elles s’exposeraient à quelque brutalité de
leur p a r t, ou du moins à, quelques propos, indécens. Mais elles
conservent en leur présence cet air lihre, cette contenance assurée
que n’ont-pas même les femmes de la capitale.
Soit que liaisance et là gaieté, sous un beau c ie l, concourent
également à donner aux femmes des formes: agréabks, des traits,
réguliers-, des carnations douces et légèrement animées ; soit, que
les Grecques aient moins dégénéré ici qu’ailleurs de leur anriqnç
beauté, il est certain qu’on ne. trouve.en aucune, autre contrée du
Levant
Levant autant de belles femmes qu’à Scio ; et cependant subjuguées
par un mauvais;goût , .elles font un usage trop grand du rouge ,
du blanc et du noir , qui,; bien lpin d ’ajouter à leurs charmes ,
font disparaître cette douceur, cachent, ce teint délicat, détruisent
cette fraîcheur, qui rendent partout les femmes si agréables et si
séduisantes. ,
Elles fréquentent ici bien plus rarement les bains que leg Grecques
de Smyrne.èt de Conétantinop le et c’est aussi peut-être la raison
qui fait que leur beauté se soutient plus long-tems. Elles attribuent
la blancheur de leurs, dents à l’usage presque continuel et général
d’avoir sans cesse du mastic dans la bouche ; mais peut-être doivent*
elles encore pins cet ¡avantage au dégoût qu’elles ont pour la pipe,
dans laquelle, les autres trouvent un plaisir inexprimable.
Economes et sobres dans leur ménage, la plus riche comme -la
plus pauvré, montre un amour excessif pour le gain. Les moins
fortunées s’occupent à d'aire des bas,, des bonnets et des bourses
qu’elfes vendent aux passans où qu’elles portent chez leurs marchands.
Les’ riches brodent des mouchoirs et ; tous les linges, à
l'usage, des Orientaux;., quelques - unes ont un métier chez elles ,
et travaillent à quelque étoffe dp soie ou de cotqn. Les confitures,
lés conserves de roses et de fleurs d’oranges, les, sirops de .limon
et de cédrat occupent un. grand nombre de femmes de tous les âge»
çt de tous les états. C’est, ordinairement à la campagne que l ’on
élève les vers à soie et que l’on file le coton. . ,
-. Celles qui Se livrent plus particulièrement à. la broderie , donnent
elles-mêmes aux soies qu’ollos emploient, le» couleurs dont elles,
ont besoin. Elles obtiennent èntr’aùtres une couleur, d’un jaune,
d’or ayec;les branches,du micocoulier ou les feuilles du henné; un
j.aune:plair avec les fleurs de genêt,,fes tiges du daphné tartonraira..
Les racines, ¡du pommier leur, donnent un rose tendre. Le hpis.de
cpignassièr fournit une çqukur de-çhair très-claire. Elles tirent dès
branche^ du pêcher, un vert clair, , et des feuilles , un vert foncé.
,, Elles cp.up.ent.ks, substances ligneuses en petits morceaux, les
font tremper à froid dans l'eau pendant deux jours , les -font
bouillir lfe .troisième jùsqn’à ,ce,que la liqueur soit réduite à moitié :
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