La Sphachie ne produit presque pas d’huile ; mais on y récolte
en revanche un peu de blé et une assez grande quantité d’orge :
elle fournit aussi du miel et de la cire. Sa principale production
consiste en petits fromages faits avec le lait de brebis, qu’on exporte
pour Constantinople.
Les Spliachiotes sont dans l’usage d’envoyer pendant l ’hiver
leurs troupeaux vers les bords de la mer, parce que dans cette
saison douce et pluvieuse l ’herbe y est abondante ; mais aux premières
chaleurs de l’été ils les font revenir brouter chez eux les
pâturages savoureux que la température plus douce et la fonte
graduelle des neiges entretiennent toujours verts.
Le vin que Ces Grecs font sur les premiers chaînons de leurs
montagnes, suffiraient aux besoins de l’année entière avec un peu
d’économie; mais ils boivent ordinairemént avec tant d ’intempérance
pendant les trois ou quatre mois qui succèdent à celui des
vendanges , qu’ils sont obligés de boire l’eau pure le resté de
l ’année. Peu d’entr’eux sont assez sages, dit-on, pour user avec
sobriété d’une liqueur aussi salutaire lorsqu’elle est prise aVéc modération,
qu’elle est nuisible lorsque la dose en est trop forte.
La première province que l ’on trouve au nord de l’île lorsqu’on
a quitté le territoire de Réthymo, se nomme Niio-Potamo : elle
s’étend au sud-est jusqu'au-delà du mont Ida, et: comprend les
districts de A rlo-Potam o, de Lam bis, à’ Arcadi et de Riso-Castro.
Elle-produit du blé , de l ’orge, de la soie, du lin, du coton et
quelques fruits : on y recueille une assez grande quantité d’huile,
quoique la plupart des oliviers ne reçoivent ni engrais ni labours,
et soient en quelque sorte abandonnés.
Cette province était autrefois comprise dans le pachalik de Réthymo;
mais, il y a environ cinquante ans, un pacha de Candie,
la considérant comme une excellente mine à exploiter, sollicita
vivement auprès de la Porte, et obtint qu’elle serait annexée à son
pachalik. Cette mesure a beaucoup contribué à diminuer le nombre
des habitans , ainsi que le produit des terres ; car indépendamment
’des avanies qui furent faites à Ceuxqui se trouvèrent dans l ’aisance,
l ’obligation à laquelle le pacha soumit tous les cultivateurs de
porter leurs huilés à Candie, dit elfes sé paient moins' qu’à R é thymo,
et l’augmentation considérable dès frais qui résultent d’une
distancé'plus grande et des chemins plus mauvais , à travers les
montagnes qu’il faut passer, tout a jeté lès habitans dans une sorte
de découragement que la Porte ignore', et que le pâehâ n’est point
dans l’intention de faire cesser. Satisfait d’augmenter le! produit de
la douane, celui-ci se met peu en peine si les habitans Ont à gémir
des mesurés que la Porte a prisés à leur égárd'.
On recueille dans le territoire de Candie| fort peu de eôtOn,
beaucoup de blé et d’orge, et une grande quantité de raisins secs.
On fait plusieurs chargemens de ces derniers1, pouf la Syrie et pour
l’Égypte. Les Musulmans de ces Contrées en font la bàse de leurs
sorbets ; les Chrétiens sont dans l’usage de les mettre dans' uiïe certaine
quantité d’eau, et de lés laisser fermeUtér pendant d ix , douze
ou quinze jours, suivant la température' de l’air. Ils les distillent
ensuite et en obtiennent une eau-de-vie très-agréable. La préparation
dé ces raisins consiste à les cueillir lorsqu’ils sont bien murs,
et à les étendre par terre, exposés' pendant plusieurs jours à un
soleil ardent. On' les égrappe ensuite et on lés* emballé pour lé:
transport.
I l u ’y a presque pas d’oliviers dans le territoire de Candie,
quoique le terrain soit très-propre à la eulture de cet arbre'. Les'
Turcs y sont aussi nombreux que les Grées.
L u e de Dia ou de Staudie est située à trois Meués ati nord quart
de nord-est de Càndfe. Elle a environ? quatre inilleS dè: kirig sur
deux dé large : son1 contour est irrégulier : l ’on voit à sa partie méridionale:,
trois ports naturels, oit les navires un peu gros, destinés
pour Candie, vont mouiller et décharger utte; partie dé leurs
marchandises, parce que le port de cette ville n’est pas asséz profond
pour les recevoir lorsqu’ils sont'chargés. A leur départ, ils
vont de môme attendre à Dia que des bateaux leur apportent de
quoi compléter leur chargement.
Un vaisseau de guerre qu’un vent dé nord ti*op: violent pousserait'
sur Crète, et qui ne pourrait gagner le golfe de la Sude' où'
Spina-Longa, trouverait un asyle à Dia. Le port dd milieu, nommé