' ‘Oii distingue facilement l’alun de plume des cristaux de gypse
qUi sOnt dans là même grotte, non - seulement à la yue simple,
les uns étant en forme d’aiguilles et les autres en filamens très-
déliés, étroitement serrés, mais encore en les mettant sur la
langue1: eés: derniers sôftt insipides, tandis cfue IfaUtre a un goût
d'alun qui se fait vivement sentir.
Nous île1 restâmes jias plus de cinq minutes dans la grotte : nous
en sortîmes trempés de sueur, avèc un besoin extrême dfe respirer
le grand air. Après quelques momens de repos, je fus prendre le
thermomètre que j’avais placé au fond : il indiqua trente degrés
de chaleur.
Les habitanS nous ont dit que toute la partie située:à l’est et au
sud de la ville est chaude, à une certaine profondeur. Ils nous O n t
parlé des "grottes d’où il Sort de la fumée, et d’autfes où l’on
trouve une liqueur extrêmement âcre et salée, dont Tournefort
donne quelques détails. L ’alun se montre partout , tandis que le
Sétifre ne paraît qu’en quelques ëndroits.
‘Le premier thermidoE, nous fûmes voir les bains publics
nommés L o u tra , situés au bas d’un côteau près le chemin qui
conduit de l'a Ville à la rade. Où entre, en se courbant, dans une
grotte naturelle, et on arrive par deux chemins étroits, difficiles,
dans une-salle spacieuse, où l’on trouve un bassin d’eau chaude
fortement chargée d alun et de sel marin. Ges deux sels sont réunis
-p, et cristallisés dans tout l’intérieur dé cette salle. Quoiqù’il y 'ftlsse
àsbéa chaud, nous y.respirâmes néanmoins avec assez de facilité ^
ét nous crayons qu’on peut passer quelques heures sans' souffrir,
soit dans cette étuve naturelle, soit dans l’eau du bassin.
Les Grecs accouraient autrefois de toutes les Cÿclades pour faire
usagé dé ces eaux dans la plupart des maladies de la peau, dans
les rhumatismes, dans les paralysies. Ces bains ont ëté fréqueiltés
âùSsi pendant long - tems par dès personnes affectées dé quelque
ùialadie vénérienne. Ils sont à peu près abandonnés depuis que
l’île, a perdu sa population et que le port ne reçoit presque plus
de navires. ' r * i
A cent pas de là on trouve, sur le rivage de la mer, vers le lieu
où les barques viennent mOuiller, une source d’eau chaude très-
abondante, qui sort de divers endroits j et dont on voit jaillir quelques
portions dans la iher même* Elle ést si; chaude qu’on he peut
y tenir la main, et sa saveur extrêmement'âcre annonce qu’elle
est fortement imprégnée d’alun et de sel marin, ainsi que la précédente.
En quittant ces sources et nous dirigeant an nord, nous gagnâmes
les hauteurs, et après une demi-heure dé marche nous
arrivâmes à l’ouverture de quatre grottes très-spacieuses, qui servent
maintenant de retraite aux troupeaux. On aperçoit d’àbord
les traces d’un affaissement considérable qui s’est opéré à leur entrée,
et qui a découvert la partie qui leur servait de vestibule. On
remarque encore les traces de l’escalier qui permettait d’y descendre
, et les parois de l ’intérieur présentent des cavités carrées,
revêtues de ciment, que l’on croirait avoir été destinées à contenir
de l’eau. La roche est grise, volcanique, poreuse, et paraît avoir
éprouvé une demi-vitrification. Sur la face droite de la première
grotte, on voit une galerie de cinq à six pieds dé h a u t , sur en-*
viron trois de large, qui permet de descendre par plusieurs divisions
dans l’intérieur du souterrain. On rencontre, chemin faisant, à
droite et à gauche , des chambres de huit à dix pieds en carré,
dont il'est difficile de deviner l’usage. Cette première galerie n’est
pas toujours droite : tantôt elle va en tournant, tantôt elle s’élève
en ligne oblique, et tantôt elle communique avee d’autres galeries
creusées trois ou quatre pieds plus bas ; ce qui doit être remarqué
avec soin par’ ceux qui s’engagent dans ces lieux, car ils risqueraient
de faire des chutes dangereuses s’ils allaient sans précaution
ét sans sonder pour ainsi dire le terrain.
Nous parcourions depuis quelque tems ces sombres détours., un
flambeau à la main, lorsque nous fûmes arrêtés tout-à-eoup! par
un mur en maçonnerie, que l ’on avait probablement élevé pour
intercepter toute communication avec le reste du souterrain. Il
nous fallut un marteau et bien du. tems pour y pratiquer une ouverture
et franchir cet.obstacle. Le chemin s’éleyâ dërrière.ce mur,
et nous conduisit à une grande chambre qui communiquait., à sa
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