Les 'deseeiidans de ces héros, chassés quelque tems après de Lemnos
par les Pélasgiens, se réfugièrent à Sparte, où ils furent accueillis.
On leur dÙnhà même des terres et on les maria à des filles du pays.
Mais contmè!ees étrangers, toujours remuans et ambitieux, furent
dans la suite convaincus de vouloir s’emparer de l ’autorité souveraine,
on leis arrêta et on les condamna à mort. La tendresse
inspira à leurs femmes une ruse qui réussit. Ayant obtenu la permission
de vbir leurs maris avant l’exécùtion du jugement, elleis
changèrent d’habits avec eu x , et par le moyen de ce travestissement
les maris sortirent la nuit de -leur prison et s’enfuirent sur le
mont Taygètes. Ce fut alors que ThéraS les demanda, les obtint et
les fit transporter à C aîistos, qui depuis lors fut nommée Théra.
C*ëst ainsi, dit l’auteur , que cet homme sage sut rendre utiles des
rebelles et dés brigands qui avaient mérité la mort.
Les habitans de Théra ne p leu ra le-V dit-on, ni les enfkns qui
mouraient avant l’âge de sept ans, xd les hommes qui cessaient
d’être au-delà, de cinquante : les premiers, parce qu’ils n’avaient
point Encore vécu ; les derniers , pairce qu’ils étaient devenus
inutiles. Cette coutume, plus barbare que sensée, n’avait pu s’introduire
que chez un peuple isolé, peu nombreux , où tout le
mérite d’un homme consiste à donner des enfans et à défendre de
son brâs sa patrie. Mais lorsqu’il faut l’éelairer, lorsqu’il faut
guidet une jeunesse fière, présomptueuse, inhabile ; lorsqu’il faut
saisir d’une main ferme, expérimentée, le timon des affaires,
dans un État vaste, agité, menacé de tontes parts; lorsque, par
l ’étendue des conceptions, il fa u t , dans le présent et le passé, lire
l’àvènïr sans se tromper, d ir a - t -o n alors qu’à cinquante ans
l’homme ait assez v é cu , et qu’il ne lui reste plus qu’à quitter une
vie désormais inutile à lui et à ses semblables ? Non saiis doute : c’est
à cet âge, bien plus qu’à tout autre, qu’il est capable de servir sa
patrie de sa tête, s’il est moins aptte à la Sertir de son bras.
.Mais laissons la fable et ses fictions, et allons visiter sur la
montagne Saint - Étienne les ruines de l ’ancienne ville : nous jüge-
rdns, à leur aspect , combien Théra fut peuplée et florissante sous
TEmpire romain.
En passant au dessous de Messaria , nous vîmes dans un mur
de clôture; une statue de femme en marbre, à laquelle il manquait
la tête , les bras et les jambes. Malgré le mauvais état dans lequel
elle se trouvait, cette Statue nous a paru avoir une assez belle
forme. Nous avons quitté nos mulets au pied de la montagne, et
nous sommes montés par un chemin très-escarpé, d’autant plus
difficile, qu’en divers endroits le sol est couvert de détritus mobile
de pierre-ponce.
Vers le tiers de la montagne il y a une petite source d’eau que
nous avons trouvée fort bonne : elle sert à abreuver quelques
brebis et quelques chèvres qui paissent dans ce quartier. Parvenus
vers le sommet, nous nous sommes dirigés à gauche, laissant à
droite le mont Saint-Élie, bien plus élevé que le sol sur lequel nous
nous trouvions.
Ce qui nous frappa d’abord, ce furent des sarcophages taillés
dans un rocher calcaire. En nous avançant, nous découvrîmes les
restes des murs qui entouraient autrefois la ville ; nous aperçûmes
des vestiges de maisons et quelques citernes assez bien conservées.
Nous vîmes bientôt l’église moderne dédiée à Saint-Ètienne, bâtie;
probablement sur les ruines du temple de Minerve ou de Neptune.
Plus loin, en marchant un peu obliquement à gauche, on trouve
les ruines d’un autre temple. On y voit des murs très - épais, des
tronçons de colonnes d’un marbre gris, répandus sur le terrain ou-
à demi-enfouis. Vers l ’extrémité de la ville, on voit un hexagone
assez grand, peu élevé, sur lequel il est probable qu’il y avait
autrefois une statue. Serait-ce celle de Marc-Aurèle ou d’Aritonin,
que les habitans de Théra érigèrent en l ’honneur de ces empereurs ?
A côté de cet hexagone il y a un petit édifice moderne, abandonné,
bâti sur les fondemens de quelqu’ancien édifice plus considérable.
Nous avons.remarqué au bas d’un mur un sarcophage de marbre,
sur les faces duquel; étaient sculptés en relief des feuillages : il y
avait aux deux extrémités des .satyres très-dégradés.
Les Russes; nous a-t-on dit, ont enlevé- des inscriptions, des
statues, des bas-reliefs intéressans : ils ont brisé plusieurs colonnes
en voulant les emporter. Le citoyen Fauvel a fait aussi, quelque