d’Andrinople, de Pruse et de Constantinople, pour Marseille seulement,
de trois à quatre cents ballots, évalués de 4 à 5oo,ooo fr.
L ’impôt dans le Levant, prélevé sur les marchandises de sortie,
est acquitté par les vendeurs ; mais comme un ballot de peaux de
lièvre est fourni quelquefois par plusieurs personnes, et que le
douanier éprouvait des difficultés dans le recouvrement des droits,
pour faire çesser les plaintes de la Porte et les tracasseries auxquelles
les négocians étaient exposés à cet égard, il fut arrêté, sous l’ambassade
de M. de Saint-Priest, que ce seraient dorénavant les
acheteurs qui acquitteraient les droits sur cette marchandise, à
raison d’un para ou d’un sou par ocque ( l’ocque pèse quarante onces
et demie ).
Marroquins.
Les fabriques de marroquins de Gallipoli, des Dardanelles et de
quelques villes de l’Asie mineure sont les plus renommées du Levant.
Elles travaillent les peaux de chèvre et de bouc tués à la capitale,
et celles qui sont expédiées de la Romélie et de l’intérieur de l’Asie.-
Presque toutes les villes de la Turquie en fabriquent aussi, parce
que la consommation en est partout considérable. Les Turcs, comme
on sait, ne se chaussent qu’en marroquin : les noirs et les violets
servent aux Juifs et aux Arméniens. Les Grecs emploient plus ordinairement
les rouges : cette couleur est aussi celle des janissaires
et des gens du peuple. Les Musulmans riches, hommes èt femmes ,
sont tous chaussés de jaune. Le jaune est sévèrement interdit aux
sujets tributaires, tels que les Grecs, les Arméniens et les Juifs. Il
n’y a parmi eux que ceux qui sont attachés aux légations et aux
consulats des puissances étrangères , ou qui sont spécialement
protégés par un barat, qui puissent se parer de cette couleur
privilégiée.
On dit que les Turcs ont appris des Algériens, à teindre les
marroquins rouges, que l ’on sait être très-beaux chez eux, et
pour lesquels ils emploient la racine de garance, le kermès et très-
peu de cochenille.
■ Leurs marroquins jaunes ne le cèdent pas en beauté aux rouges.
Ils sont ordinairement d’une qualité supérieure, parce qu’on choisit
dans les fabriques les peaux qui paraissent les meilleures, pour leur
donner la couleur réservée aux Musulmans,
Les marroquins ordinaires se vendent 2 fr. 5o cent, la pièce. Les
négocians français en font passer annuellement de Constantinople,
douze à quinze cents. Les autres nations européènes en achètent
aussi une petite quantité.
Suivant les instructions qui nous furent données avant notre
départ, nous avons fait quelques efforts pour connaître les procédés
que l ’on emploie dans la préparation et dans la teinture des
marroquins : nous avons offert de l’argent si l ’on voulait nous permettre
de suivre la manipulation usitée dans les fabriques ; mais
nous avons trouvé partout une résistance dont nous ne croyions
pas les Turcs capables, Quoique nous soyions entrés plusieurs fois
dans leurs fabriques, il nous a été impossible de savoir si c’est à la
qualité des peaux qu’ils emploient ou à leurs procédés, qu’il faut
attribuer la beauté des marroquins du Levant. Parmi les substances
que nous avons aperçues, se trouvent la chaux, le sumac, la noix
de galle, la cupule du chêne Vélani, les crotes de chien, la racine
de garance, la cochenille, le kermès, l’écorce de grenade et la
graine d’un rhamnus, différent de celui qui donne la graine
d’Avignon.
Soie.
Avant les troubles de la Perse, les caravanes apportaient à Constantinople
et à Smyrne beaucoup de soie du Guilan, du Chirvan
et de l ’Aderbejan, que les Français et les Anglais s’empressaient
d’acheter ; mais depuis quelque tems ces soies vont en Russie par
la mer Caspiènë, et une partie passe de là en Angleterre par la
Baltique, comme j’aurai occasion de le dire lorsque je parlerai du
commerce de la Perse avec la Russie.
On ne connaît aujourd’hui à Constantinople que les soies de
Brousse , d’Andrinople et de la Bulgarie. Celles de Brousse sont
les plus abondantes et les plus estimées ; elles sont presque toutes
blanches , et le fil en est fin , assez souple. Cette soie fournit aux