si la marche de cette maladie est quelquefois extrêmement rapide,
au point que le malade succombe le second ou le troisième jo u r ,
il arrive fréquemment, surtout à Constantinople et à Smyrne, où
la peste est pour ainsi dire endémique, qu’elle se montre sous un
aspect moins effrayant. Dans certaines occasions, quelques malades
livrés à eux-mêmes recouvrent leur santé au moyen d’un ou de
plusieurs bubons qui suppurent abondamment. La marche de la
maladie étant alors lente et uniforme, les symptômes étant bien
caractérisés , il serait facile de secourir efficacement ces pestiférés,
d’établir un traitement méthodique, et d’employer pour le médecin
et les assistans des moyens préservatifs.
On a publié dernièrement comme une découverte très - importante
, comme un moyen certain de guérison, l ’onction de tout le
Corps d’uin malade avec l’huile d’olive. Malheureusement l’expérience
a démontré l’inutilité de ce remède lorsque la maladie est déclarée
: l'huile d’olive ne saurait empêcher que le virus introduit
dans l’intérieur du corps n’y fasse ses ravages ordinaires ; mais elle
peut agir-, ainsi que les autres huiles, le beurre et les graisses ,
comme un excellent préservatif, s’il est vrai, comme tout le monde
l’assure , que les marchands de beurre, dont les mains et les vête-
mens sont toujours imprégnés de cette substance, ne soient presque
jamais attaqués de la peste.
On remarque également que les sacas ou porteurs d’eau sont
bien moins exposés à cette maladie que les autres ouvriers, et que
ceux qui lavent le corps des personnes mortes de la peste, ne sont
pas attaqués de cette maladie par cette opération : d’où il s’ensuivrait
que les corps gras s’opposent à l’intromission du venin pestilentiel,
et que l ’eau l’emporte avec elle.
Beaucoup de personnes sont dans l’usage de porter un ou pin-
sieurs cautères pour se préserver de cette maladie, e t , ce qui m’a
été attesté par un grand nombre de médecins , on n’est point
attaqué de la peste pendant un traitement vénérien, de. telle manière
qu’on administre le mercure.
Il serait bien intéressant qu’il fût fait à cet égard des expériences
qui ne laissassent aucun doute, et qui pussent tranquilliser les personnes
sonnes qui voudraient soigner' les malades ; car jusqu’à présent ,
presque tous les médecins européens se sont constamment refusés
à donner leurs soins à de pareils malades, malgré les instances
les plus fortes et les promesses les plus avantageuses; et: celui à
qui le désir ardent de s'instruire ou la satisfaction de secourir; ses
semblables a pu dissimuler les dangers qui résultent du traitément
de cette maladie , s’est vu bientôt la. victime de son zèle et de son
humanité. On est obligé de recourir à des médecins juifs qu’une
aveugle routine conduit, que de faux préjugés maîtrisent, ; et qui
sont incapables de tirer des inductions lumineuses des faits dont
ils sont chaque jour les témoins. Cés médecins, au reste, ont la
précaution de ne point approcher du malade, de ne rien toucher
chez lu i, et de ne point administrer eux-mêmes les: remèdes'qu’ils
[prescrivent.’
Quoique je n’aie pas suivi moi - même’ les malades attaqués de
la peste , quoique je n’aie pu me livrer à la pratique de cette terrible
maladie, j’ai si souvent eu .occasion de m’entretenir, soit à
Constantinople; soit dans les. autres parties; du Levant, avec des
médecins grecs et juifs, avec despersonnes qui avaient vu; et soigné
des pestiférés, ou qui avajént échàppé à cettei maladie; que jé crois
avoir pris . Sûr elle des notions âssëz: exactes. : A mon troisième
voyage à Constantinople, j’ai fait essayer, par la voie d’un médecin
ju if et du citoyen Brun, ingénieur-constructeur, quelques
remèdes qui ont été .couronnés du succès. J’invite ceux; qui pourront
surmonter là crainte des dahgërs, et qui voudront renoncer à
toute société pendant le cours de leurs observations , à suivre les
expériences que j’ai commencéës, à modifier ou changer-le traitement
jusqu’à . ce qu’il donne des résultats heureux. Aucun lieu
n’est plus propre à de pareilles observations, que l'hospice des
Francs oucelui des Greesy parce que les màlades sont entièrement
à la disposition du médecin, et: que; celui-ci pourrait d’ailleurs
prendre.pour lùj toutes, les précautions qu’il jugerait convenables.
Nous avons dit,que. dans lés villes où la péste était habituelle et
pour , ainsi dire endémique,, elle se montrait avec des symptômes
moins graves que quand elle était épidémique ; mais lorsqu'il y a
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