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P elleteries.
Les plus belles fourrures viennent de la Russie et de la Polbgrie;
on en tire aussi de la Géorgie, de la Circassie de la Crimée, de
la Valachie et de tout le N ord de là Mer-Noire. Celles de renard
noir et de martre zibeline sont les plus estimées : les premières sont
d’un prix auquel les particuliers ne peuvent atteindre; les secondes
coûtent quelquefois jusqu’à 2. ou 3,000 francs : chaque. La France
se passe heureusement d’une marchandise qui nuirait considérablement
à ses manufactures. Le peu qu’elle consomme lui vient du
Nord de l’Europe et de l’Amérique. On n’envoie guère du Levant
que pour la valeur de 4 ou 5,000 fr. dé queues de zerdava ou
martre ordinaire.
; Crin.
Le çrin de cheval est un objetqui s'élève annuellement à 4,000 fr.
Il vient presque tout de la Bulgarie et de la Bessarabie.
G ales.
Quoique le chêne à gales commence à se trouver aux enyirons de
Constantinople , cet article concerne plus particulièrement le commerce
de Smyrne, d’Alep et de Chypre. J’en parlerai ailleurs.
B lé .
Le gouvernement othoman, qui connaît, plus que tout autre,
combien i f est dangereux de laisser manquer de subsistances au
peuple, a eu dans tous les tems l’attention d’approvisionner la capitale
et de faire même des sacrifices lorsqu’il le fallait, pour tenir
le pain à bas prix : l ’ocque ne va lait, avant le règne de Selim, que
trois paras. Mais depuis que le gouvernement fait imprudemment
le monopole des grains, l’ocque. se vend 5. et 6 paras; ce qui fait
murmurer le peuple, qui ne croit être bien gouverné que lorsque le
prix des denrées de première nécessité est à un taux très-modéré.
Les pays à grains sont obligés d’en fournir à la capitale une certaine
quantité à leur s frais, dont le prix est fixé et payé par la Porte,
suivant les récoltes et les circonstances.
L e gouvernement envoie aussi des commissaires au V o lo , à Sa-
lonique et dans quelques cantons de la Grèce, pour l’achat des
grains. Le firman qui en fixe le prix et qui règle la quantité qui
doit être livrée, est lu publiquement au mékemé, et les propriétaires
sont tenus de s’y conformer; chacun en proportion de sa p ropriété.
Les commissaires font toutes les dépenses d’emmagasinage,
de transport et autres jusqu’à Constantinople, moyennant un bénéfice
déterminé : par exemple, s’ils ont ordre d’acheter à 5o paras
le q uilot, il leur en est alloué 70, et ainsi en proportion. Ils reçoivent
toujours d’avance l’argent nécessaire à l’achat qu’on leur'
a ordonné de faire.
Le gouvernement fixe aussi le prix auquel les boulangers et les
particuliers doivent acheter les grains qu’il leur fait distribuer, et il
se réserve un bénéfice de cinquante^ à soixante pour cent. On
assure que le produit de ce monopole s’élève annuellement à dix
mille bourses ou 10,000,000 de nos francs.
On fait à Constantinople trois qualités de pain : l ’u n , nommé
p id é , fod o la ou pain tu rc , est pla t, mal cuit, assez blanc; l’autre,
somoun ou pâin des Arméniens , est relevé, arrondi, plus mal
cuit, plus noir et plus mauvais que l ’autre. Le troisième se nommé
frangeole y il est petit, oblong, et pétri à peu près comme celui que
nous mangeons en France. Les boulangers du pays ajoutent âii
premier, de la farine d’orge; le second est un mélange de froment,
d’o rge, de seigle, de millet ; le troisième est rarement fait avec dû
pur froment : les boulangers européens qui le fournissent, pressés
de s’enrichir, savent bien que ceux qui sont accoutumés à manger
du bon pain, préféreront le leur, parce qu’il est plus blanc, plus
cuit et surtout mieux pétri. Il se vend 10 , 12 et même 14 paras
l ’ocque. Comme il est supposé n’être fait que pour lés Européens,
la police ne le taxe pas, et le laisse vendre an prix que veulent les
boulangers. Ceux-ci ont seulement l ’àtterition de le fournir de
meilleure qualité aux ambassadeurs qu’ils serven t et dont ils tiennent
leurs privilèges.
On fait un quatrième pain au sérail, que nous ne connaissons
pas. On le dit très-blanc, assez b on , moins bien pétri et moins euit
C e s