On reproche peut-être avec quelque fondement, à la plupart des
kiay a s,' de s’entendre avec les pachas, de fabijiter les extorsions,
et de s’enrichir presque toujours aux dépens de ceux qu’ils devraient
défendre et protéger.
Les Juifs et les Chrétiens ont aussi des corporations organisées,
dont les chefs font entendre souvent les plaintes des opprimés; mais*
il arrive rarement que l ’accusation la plus injuste ne soit pas terminée
par quelques sacrifices d’argent, à moins que l’accusé ne
soit protégé par un ambassadeur, un consul européen , ou par
quelque Turc puissant. Ces mfortunés sont dans tout l’Empire, la
vache que les Musulrfians s’empressent de traire toutes les fois
qu’ils en ont besoin.
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CHAPITRE
C H A P I T R E X V I I I .
Du grand- visir. Du divan de la Porte et des membres
qui le composent. Des kodjakians et des biens
vacoufs. —
L a dignité qui marche de pair avec celle de mufti ou de cfiteik-
islam, mais dont les pouVoirs sont beaucoup plus étendus, c’est
celle de grand-visir ou de visir-azem. Lieutenant du sultan, au
nom de qui il gouverne et dont il tient le sceau, investi de la plus
grande autorité et chargé de tout le pouvoir de l’exécution, le visir
peut abattre les têtes salariées qui s’opposent à la marche du gouvernement
, qui mettent des entraves à son administration , qui
n’obéissent pas à ses ordres ou ne les exécuteut pas à son gré ;
il commande les armées en personne; il dispose des finances ; il
nomme ou fait nommer à tous les emplois administratifs et militaires
: rien, en un mot, n’est étranger à ses pouvoirs, que l’interprétation
de là loi confiée aux ulémas.
Mais plus le grand-visir est puissant, plus sa responsabilité est
-grande. Il est comptable, envers le souverain et le peuple, des
injustices qu’il commet, du malheureux résultat de son administration,
des concussions qu’il ne réprime pas; il est comptable surtout
de la cherté inattendue des subsistances, des,incendies trop fré-
quens, des défailles des armées : tous les malheurs de l’Etat lui
sont attribués. Le glaive, toujours suspendu sur sa tête, le frappe
également, soit qu’il déplaise au peuple , soit qu’il indispose le
sultan. :
Sourdement attaqué ’ par ceux qui ambitionnent sa place , par
ceux qu’il a mécontentés1 pu desservis, entouré de pièges, en butte
à tous les 1 traits, il est extrêmement rare qu’un,visir vieillisse au
poste périlleux qu’il occupe, s’il ne possède l’art difficile de faire
trembler les grands, de se faire aimer du peüple, de se rendre
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