A Y A N T - P R O P O S .
U sr auteur célèbre a dit que le genre des voyages appartenait
à l ’histoire et non pas aux romans (1) : il nous a
prouvé dans un style c la ir , précis, énergique, que les
sujets les plus sérieux, les discussions les plus importantes
pouvaient intéresser toutes les classes de lecteurs, et plaire
encore plus que le style fleu ri, les épisodes romanesques,
les descriptions exagérées ou fausses de la plupart des
voyageurs.
Pénétré, comme lui , de cette vérité, je me suis interdit,
dans cette relation , toute anecdote singulière, tout récit
plaisan t, plus propres à amuser qu’à instruire. Je n’ai pas
voulu employer> ces couleurs trop brillantes qui peuvent
séduire un instant, mais dont l ’effet est passager. L a vue
d ’un champ abandonné, couvert de myrtes, celle d’un
jardin confusément planté de dattiers ou d’orangers, n’ont
jamais pu enflammer mon imagination, et j ’ai souvent
considéré, sans étonnement, des chapiteaux écornés , des
tronçons épars de colonnes.
Ce n’est pas que je n’aie été frappé de la beauté des sites 5
que l ’aspect de Délos et d’Athènes, d’Alexandrie et de
Babylone ne m’a i t , arraché des soupirs, ¿e n’ai jamais
contemplé le Bosphore, la Propontide et l ’Iiellespont sans
être ému, sans excuser Constantin , et sans me dire que la
nature aurait tout fait pour ces contrées, si elle n’y avait
placé en même tems la peste' et un peuple fanatique ,
eniïemi des sciences et des arts.
(1) Yolney , Voyag, en Syrie et en Egypte»