applanissent les difficultés avec de l ’argent, qui achètent des protections
avec de l’argent, et qui leur procurent un avancement par
le moyen de l’argent. Ici toutes les dignités se vendent au plus
offrant ; tous les emplois sont à l'enchère ; aucune place lucrative
ne s’obtient sans un présent plus ou moins considérable.
Il y a une classe d'hommes qui n’a d'autre état que celui de prêter
, à un intérêt exorbitant, aux ambitieux qui ne pourraient
obtenir des places sans ce moyen ; aux concussionnaires qui veulent
faire oublier leurs crimes et se maintenir dans leurs places, à ceux
qu’un ennemi puissant voudrait détruire , à ceux enfin qui ont
besoin , par ün grand et prompt sacrifice, de racheter leur tete
jmenacée par le glaive de la loi ou par la volonté du sultan.
C H A P I T R E I V.
Du sérail du grand-seigneur. Des eunuques, des pages ?
des jardiniers } des muets , des nains, dçs capidjis.
L e nombre des personnes attachées au grand-seigneur , à son
palais ou à ses différentes maisons de campagne, est extrêmement
considérable et d'un entretien fort dispendieux •. on peut même
dire, à cet égard, qu’aucun souverain en Europe ne peut lui être
comparé par le luxe intérieur du sérail, la munificence qu’il y étale,
et peut-être même par les richesses qui y sont enfermées.
L a loi de Mahomet permet, comme on sait, à chaque Musulman,
non-seulement quatre épouses légitimes, mais elle l’autorise encore
à prendre pour concubines tel nombre d’esclaves qu’il veut, et que
son état ou ses richesses lui permettent de nourrir, Le grand-
seigneur, par un sentiment d’orgueil ou par des motifs politiques,
ne doit point se marier comme ses sujets ; il se croit trop au dessus
du reste des humains pour s’engager avec une femme par les noeuds
du mariage , et la placer en quelque sorte au même rang que lui.
Il a un nombre indéterminé d’esclaves destinées à ses plaisirs et à
lui donner des successeurs. Mais parmi ce grand nombre , sept
d’entr’elles seulement, après avoir joui plus ou moins des faveurs
du sultan, sont élevées à un rang au dessus des autres elles deviennent
ses favorites : ce sont elles qui participent le plus ordinairement
à ses plaisirs, et qui acquièrent quelquefois m e assez,
grande influence sur les affairés publiques. Elles sont désignées sous
le nom de Kadeun (1).
L ’esclave qui devient mère d’un garçon est nommée H asseki ~
elle a une maison et des esclaves ; elle obtient un rang distingué ;
elle est traitée avec les plus grands égards ; elle jouit d’une sorte
(jJ On prononce \'n finale,