exposée aux tremblemens de ter re , ces épouvantables
fléaux. Nous avons vu les déplorables effets de celui qui
se fit ressentir à Lataquie pendant notre séjour en Perse.
Si la partie supérieure de la Mésopotamie est extrêmement
fertile et tempérée, l ’autre est aride et brûlante.Les
rives de l ’Euphrate et du T ig re , si peuplées autrefois , sont
presque toutes désertes, ou ne sont plus fréquentées aujourd’hui
que par ces tribus d’arabes pasteurs,, dont les
moeurs intéressent, dont les usages et les lois patfiarchales
méritent quelques instans toute l’attention du philosophe.
Nous ne les confondrons pas avec ces hordes errantes , peu
nombreuses, sans cesse en état de guerre, toujours prêtes à
enlever des troupeaux et dépouiller les voyageurs.
L a Babylonie, dont le sol est u n i , dont les terres sont
profondes , a dû être un grenier d’abondance , habitée par
un peuple civilisé , industrieux et agricole : il n’est pas
surprenant que l ’astronomie ait pris naissance là où l ’éternelle
clarté d’un ciel très-pur invitait sans cesse l ’homme
à-contempler les astres et à suivre leurs mouvemens. A u jourd’hui
la chaleur excessive du soleil, augmentée par
l ’abandon et la nudité de presque toutes les terres , oblige
l ’homme , en é té /à passer la journéé dans des souterrains,
et.lajnuit dans les champs ou sur le toit des maisons. Un
vent qui asphyxie , et que nous distinguerons du vent brûlant
d’Afrique , se montre quelquefois dans ces contrées,
et des nuées de, sauterelles ravagent assez souvent les réc
o k e s , sans que le stupide et résigné Musulman fasse le
moindre effort pour s’en garantir.
En traversant les montagnes occupées par les Curdes,
j ’aurai occasion de faire connaître ce peuple guerrier, pasteur
et cultivateur, qui ressemble si fort aux Mèdos ses
ancêtres.
ancêtres. I l m’a paru le même, soit que je l’aie observé
dans les contrées , en apparence soumises à la domination
othomane, soit que je l ’aie vu livré aux troubles et aux
agitations qui désolent ses voisins.
Depuis plus de soixante ans une suite d’hommes ambitieux
a successivement dévasté la Perse pour la gouverner.
Les villes les plus florissantes sous le règne des Sophis,
n’offrent partout que des ruines : les trois quarts des habi-
tans ont péri ou se sont enfuis vers les régions calmes et
fertiles de l ’Indostan. Un séjour de plusieurs mois à la
cour, pour remplir une mission de la plus haute importance
, m’a fourni l’occasion d’observer les grands, d’étu-
dier le peuple, et de recueillir des matériaux intéressans
pour l ’histoire des guerres intestines qui désolent cet Empire
depuis la mort de Nadir-Chah.
De Kermancha à Casbin, de Téhéran à Ispahan, et
depuis cette ville jusqu’à Amadan , la Perse ne m’a offert
qu’un pays élevé, hérissé de hautes montagnes dégarnies
de bois, et coupé par de vastes plaines, la plupart incultes.
Tout cet espace est froid en hiver , extrêmement chaud en
été : il est en général très-sec et peu fertile. On n’y obtient
des productions qu’au moyen de l ’e a u , et ce n ’est qu’à
force de travaux que l ’on est parvenu à se procurer des
sources assez abondantes pour tous les besoins domestiques
et pour l ’arrosement des terres.
A notre retour , une .guerre terrible , sans exemple dans
l ’histoire des peuples, ne permit point,de nous embarquer
en Syrie ; et malgré le désir ardent de revoir notre patrie ,
malgré les infirmités de Bruguière mon collègue , et son
aversion bien fondée pour les voyages à ch eval, il fallut
revenir par terre à Constantinople. Nous nous rendîmes
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