elles la paissent à travers ttn lin g e , ajoutent un peu d’alun et la
remettent sur le feu. f)ès que l ’eau bout, elles trempent plus ou
moins long - tems leur soie, suivant qu’elles veulent obtenir une
couleur plus ou moins foncée.
Les pelures rouges d’oignon leur donnent un jaune orangé assez
v if : elles les mettent tremper dans l ’eau pendant quatre ou cinq
jours, et les font bouillir avec un peu d’alün : elles ajoutent une
cuillerée de cochenille OU dé kermès lorsqu’elles veulent obtenir
un beau rouge.
L ’écorGe de la noix encore verte, que l ’on retranche lorsque l’on
coniit Gè fru it, leur donne un vert plus ou moins foncé.
Elles sé servent aussi de ia noix de galle , de la vélanède, de la
racine de garance et de toutes les substances colorantes employées
én Europe. : ,,
Nous n avons vu dans aucune île de !’Archipel et dans aucune
autre contreè de la T1 urqnie, les terres aussi bien cultivées, le
commerce aussi actif et l’industrie aussi grande qu’à- Scio. Les
terrains les plus arides , lès plus rocailleux, s’améliorent peu à
peu sous la main du Sciote, et- deviennent propres à recevoir
quelques semences ou quelques arbres utiles. Il n’est aucun genre
de trafic qui lui soit -étranger , aucune entreprise hasardeuse de
Commerce qu’il ne tente. Personne ici n’est oisif : celui qui n’est
point prêtre, est à coup sûr négociant, manufacturier , artisan ,
marin ou cultivateur.
Si l ’agriculture- et l’industrie né laissent presque- rien à desirer
dans cette île* c ’est qu’il n’y a aucune partie de l’Empire othôman-
qui jouisse d'une protection plus efficace et qui soit1 plus favorisée
du gouvernement. Ici , par un concours de circonstances heureuses
, l ’intérêt particulier est. d'accord avec l ’intérêt public.
Comme apanage d’une Sultane J M e est sous Sa protection immédiate.
U n n a ïb y administre la justice‘pour le molla- dè Êonsta-n-
tinople; celui-ci est intéressé à veiller sür son substitlitj et à le
faire rappeler si les plaintes portées contre lui sê trouvent fondées.
Le sultan a concédé des privilèges à la partie la plus populeuse de
l’fle , à tous les villages dont les habitons cultivent le mastic destiné
pour son sérail : il les a soustraits à la verge du mutselim, et leur a
accordé un aga , fermier particulier de cette précieuse denrée. La
ville jouit aussi d’un grand nombre de privilèges dont je parlerai
plus bas. Enfin le gouverneur, fermier en même tems de la douane
et des impôts, s’applique à faire valoir l’une par la protection et les
facilités qu’il accorde aux négocians ef aux cultivateurs j il ne se
permet pas à l’égard des autres, des persécutions, des avanies ruineuses
, qui renversen t-trop souvent fortune des sujets tributaires
dans les autres villes. Ici le pauvre comme le riche , le cultivateur
comme le négociant, le villageois comme l’habitaot de la ville, tous
sont également protégés , tous -peuvent également faire entendre
leurs plaintes, tous peuvent demander et obtenir 1® destitution de
l ’homme qui abuserait trop de l ’autorité qui lui est confiée.
La donane est réglée à cinq pour cent, tapt à l ’égard des Grecs
que des Musulmans ; et par l ’évaluation que l’on fait des étoffes
manufacturées dans le pa y s, il s’ensuit qu’elles paient à peine trois
pour cent à leur sortie.
Quant aux impôts, Jeur répartition en est faite,, pour Iqg habitons
de la ville, par les primats généraux .OU chefs de la commune j le
tyérotidfi ou primat particulier de chaque village fixe ceux dos
cultivateurs de son district, Le premier de ces impôts , est assis sur
les propriétés et sur l ’industrie ; il devrait être préleyé à raison
de 1 piastre sur don de revenu, si l ’on sui-yait les canons de sultan
Soliman : mais le long séjour à Scio de quelques officiers- de la
P o rte , celui des troupes d ’A s ie , des .escadres turques jet barbar
r ’esqufes, .et mille autres occasions de .dépenses ,à la charge des
habitans, ont fourni de tems en tems le prétexte d ’augmenter cet
impôt et de le porter jusqu’à 4 piastres.
L ’île eat soumise ,en ¡outre, ainsi que toutes celles de l ’A r.çhipel,
au droit que le capitau-pacha prélève annuellement sur elles. ,Scip
payait autrefois vingt - quatre bonrses : «lie en paie , aujourd’hui
.près de, quarante-huit Q ).
(i) Une bourse contient 5oo piastres i elle peut être évaluée aujourd’lmi à près
de îooo francs.
N n a