j z V O Y A G E D A N S L ’ E M P I R E
s’oppose encore à ce que les autres Tiennent y découvrir des vérités
utiles. '
Il est, sans douteinutile d’établir des hypothèses et de rechercher
s’il fut une époque où les eaux de la Mer-Noire, après avoir rompu
leur digue ,.ont fait une irruption dans celles de la Méditerranée ,.
ou si la communication de Ces deux mers est aussi ancienne que
leur formation ;..il doit suffire au voyageur d’exposer des faits,: les
inductions en seront facilement tirées, lorsqu ôn aura acquis une
connaissance plus exacte des localités. Nôüs regrettons de n’avoir
pu visiter toutes les rives de la Mer - Noire , pour reconnaître si
elles indiquent que les ëaux étaient élevées jadis à une hauteur aù
dessus de celle qu’elles Ont aujourd’hui, et s i, après avoir rompu
la digue-que lés teires leur opposaient, elles se sont abaissées tout
à coup, au'poiht où elles se trouvent. Il n’est pas douteux que
l’abaissement subit des eaux, s’il avUit eu lieü , n’eût laissé des
traces ,manifestes ; les terres présenteraient au loin-de$ grèves considérables
, des pgntes insensibles , des vestiges réeens de corps
marins, etc.
Vis'-à-yis Buyùk.-déré on remarque ., en Asie , une colline un
peu1 plus' élevée que les autres , située sur le bord du canal relie est
coniiùe sous le nom de Montagne dis Géant : elle est fameuse par
une infinité dé fables accréditées et par là supposition qu il y existe
le tombéau d’un géant. Cette colline est schisteuse, et n a rien de
remarquable que la fertilité de son sol. L ’herbe y croit en abondance
, la végétation y est vigoureuse , et le nombre dès plantes
rarës èt cùrieuses-y est assez considérable pour- mériter ! attention
du bôtâliiste. Uiié partie avait été semée èn grains : un troupeau
nombj-èux'Venait paître sur l’aUtre-tous les jours.. - . - • si
Du sommet de cette colline on admire divers points de vue infir
nîment1 agréables ét variés : on aperçoit la Mer-Noire d un-coté,
la iher 'àè Marmara de l’autre i là^vuè se porte- avec- plaisir sur le
terrain fèrtïlé ; montueux et sauvage d e l ’Eurôpe. et1 d e ! ’Asie , et
l*6ù sùit' ayéè Une sdrte; -de ravissement- toutes les sinuosités du
canal,' ' ■ - * r y "" P ' " S P
' -Niiûs parcourûmes ensuite diverses collines couvertes de genets,
de
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de cistes, d’arbousiers, de bruyères : nous trouvâmes le fameux
ellébore d’H ypocrate:, le daphnépontica très-commun; une belle
espèce de buplevrum, un laser qui nous donna, en le préparant,
une espèce de gomme résine très-odorante y,assez semblable à la
gomme ammoniaque. Nous vîmes un grand nombre de Grecs occupés
à arracher les souches de l’arbousier pour en faire du charbon ,
comme on fait dans le département du Var et ailleurs -un charbon
excellent avec les souches de la bruyère éw arbre et de celle d:
balais.
Le 28 prairial, à onze heures et quelques minutes du matin,
nous ressentîmes une légère secousse de tremblement de terre : le
teins était alors parfaitement calme-; l’air un peu embrumé et la
chaleur assez forte, On sait que dans tous les tems ces contrées
ont.été exposées à des secousses; violentes. Les historiens rapportent
que le temple élevé par Constantin-le-Grând à la sagesse
divine , fut renversé par tin tremblement de terre quelque tems
après sa construction. La superbe église de Sainte-Sophie, construite
par Justinàen sur les débris du temple, a -elle-même un peu
souffert à une autre époque. En iô o p , sons le règne de Bayézid II,
une grande partie de Constantinople fut également renversée par
un tremblement de terre violent : mais la.Bithynie , toute la côte
méridionale de la Mer-N oire, presque tonte l’Asie mineure et surtout
la S y rie , y sont encore plus sujètes. Smyrne !à été plusieurs fois
détruite presque de fond en comble. Pruse, Nicée et Nicomédie
ont éprouvé le même sort. Nous parlerons ailleurs des tremblemens
de terre de la Syrie à l’oceasion de celui qui renversa, pendant
notre séjour- en Perse, une grande partie des maisons de Lataquie.
Quelques jours après nous portâmes nos pas vers la vallée de
Buyuk - déré ; nous traversâmes -un bois de châtaigniers et de
chênes ; -nous passâmes sous les premiers aqueducs, e t , après
deux heures de marche, nous arrivâmes' à Belgrade Y petit village
où les; ambassadeurs passaient l ’été autrefois; mais qu’ils ont
abandonné peu à peu, parce que l ’air est devenu mal-sain depuis
qu’on néglige d’entretenir et de nétoyer le petit lac qui se trouve
près du vjllage.- Ce lac.a été formé dans une vallée, au moyen d’un
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