Constantinople en expédient annuellement de Gallipoli, des Dardanelles
et d ’E nos, environ six cent cinquante balles, évaluées
à 125,000 fr.
Le coton filé blanc et le coton filé teint en souge d’Andrinople,
ne sont pas non plus un objet bien important du commerce d’exportation
de Constantinople : leur valeur n’excède guère celle de
4o,ooo f r . , tandis que de Smyrne seulement, Marseille retire pour
plus de 2,000,000 de francs de coton filé, moitié blanc, moitié teint
en rouge, et pour 5,400,000 fr. de coton en laine : la plupart des
autres Echelles fournissent plus ou moins ce dernier article.
Autrefois le coton file rouge d’Andrinople avait une très-grande
réputation ; mais depuis quelque tems on préfère celui de Larisse
dans la Grèce, et ceux des environs de Smyrne et de quelques villes
de l’intérieur de l’Asie mineure. On est parvenu aussi depuis pëu,
dans nos manufactures, françaises, à donner au coton filé une couleur
rouge pour le moins aussi belle et aussi durable que celle
qu’on lui donne en Turquie. Les cotons filés rouges de la Grèce
ne viennent point en France ; ils passent par l ’Adriatique, à
Venise, à Trieste, d’où ils se répandent dans toute l ’Allemagne.
Cuirs bufles.
Le bufle est extrêmement abondant dans tout l ’Orient : il sert
au labourage : on 1 attèle aux charriots ; on lui fait tourner les
meules des moulins, les roues pour l ’extraction des eaux de puits.
Il est plus fort que le boeuf et plus généralement employé. Quoiqu’il
se plaise plus particulièrement dans les lieux aquatiques ou marécageux,
sur les bords des fleuves et des rivières, il réussit néanmoins
partout, et il acquiert une grosseur au dessus de celle des
boeufs.
Sa chair ii’est guère bonne à manger : elle est plus coriace,
moins savoureuse que celle du boe u f, et a presque toujours
une odeur dé musc qui la rend peu agréable. Il est rare que
les Orientaux s en nourrissent 5 ils préfèrent partout le ■ mouton,
dont la chair est bien plus délicate que dans nos contrées. Le lait
de la femelle est abondant et d’un bon g o û t; mais le beurre
conserve une odeur un peu désagréable, à laquelle cependant on
s’accoutume bientôt.
Le cuir du bufle est bien plus épais et bien plus solide que celui
du boeuf : il pèse depuis quatre-vingts jusqu’à cent livres et même
davantage. Il en vient à Constantinople Une très-grande quantité de
la Romélie, de la Bulgarie, de la Bessarabie, de la Valachie, de la
Moldavie, et très-peu de l’intérieur de l’Asie mineure. Les cuirs
des mâles sont plus estimés que ceux des femelles ; ils sont plus
épais, plus forts et beaucoup plus pesans. Il en passe annuellement
à Marseille cinq à six mille, dont le prix est l’un dans l’autre de
i 5 fr. Ancône, Livourne et Méssine en consomment aussi une assez
grande quantité. On se contente de saler ceux qu’on destine pour
Marseille et Ancône, tandis que ceux que l’on transporte à L ivourne
et à Messine , ont été préparés et tannés avec la cupule du
chêne Vélani.
• Ces cuirs, préparés et tannés a Grasse dans le département du
V a r , avec différentes substances, et entr’autres avec le myrte,
sont très-épais , très-forts , ont une couleur verdâtre, et sont employés
par les gens de la campagne, à des semelles qui durent deux
ou trois fois plus que celles des meilleurs cuirs de boeuf.
On expédie aussi pour Marseille deux ou trois mille peaux de
boeufs et de vaches peu estimées. Le prix des peaux de boeuf n’excède
pas 1 fr. 5o cent., et celle de vache 1. fr. Elles viennent des côtes de
la Mer-Noire.
Langue de bufle.
La langue de bufle fumée, qu’on prépare dans la Romélie, est
assez estimée : on en fait une grande consommation à Constantinople.
On en exporte tous les ans sept à huit cents à Marseille. Les
Italiens en achètent aussi une assez grande quantité. Leur préparation
consiste à les saler et à les exposer pendant quelque tems à
l ’action lente et continue de la fumée. .
P ea u x d e lièvre.
Le lièvre est "si commun dans toute l’Asie mineure, la Romélie,
la Bulgarie, qu’on le chasse pour sa peau, et. qu’on expédie