de Candie, à sa dépopulation , en la ravageant et en détruisant
presque tous les oliviers qui en fesaient la principale richesse.
Paros avait encore six mille habitans au commencement du siècle
dernier : on en compte à peine deux mille aujourd’hui. Les consuls
européens se sont retirés depuis long-tems ; les Catholiques se sont
enfuis, et les Grecs qui restent, paresseux et misérables, se voient
exposés chaque année au bâton des chefs de l ’escadre du capitan-
pacha, au fer des matelots, à la rapacité de tous.
Paros est à deux lieues ouest de Naxos : son étendue est beaucoup
moins considérable ; mais elle a en proportion une plus grande
quantité de terres cultivables. Ses montagnes sont moins élevées;
ses côteaux moins arides, et ses plaines seraient aussi fertiles si elles
étaient aussi bien arrosées.
i Le port de N aussa, situé au nord, est un des plus beaux et des
plus vastes de l ’Archipel. On y voit encore les restes des batteries
que les Russes avaient éleyées pour en défendre l’entrée, lorsque,
maîtres de l’Archipel dans leur pénultième guerre avec les Turcs y
ils avaient fait de Paros l ’entrepôt de leurs forcés.
Ce port est mal-sain en automne, et vers la lin de l’été, à cause
de quelques marécages qui se trouvent au fond. L ’armée russe en
Souffrit tellement, qu’elle fut obligée de le quitter, après y avoir
perdu un grand nombre de matelots et de soldats.
Il y a trois ports à l’est de l ’île : le premier, nommé P o rt de
S ain te-M arie, vers la pointe septentrionale, est à l ’abr i, par
quelques îles, des vents de nord et de sud ; mais il est exposé : au
nord-est, ce qui empêche les vaisseaux de le fréquenter en hiver.
Le ,pqrt de Marmora se trouve au milieu. On voit près de là lé
fort Saint-Antoine, dans lequel Vénièri, prince-de l’île , soutint
pendant long-tems tous les efforts de Barberousse. Il ne céda ce
poste important que parce que la garnison manquait de tou t, et
périssait de soif et de faim.
Le port de Trio se trouve plus bas : il e s t, comme le premier /
abrité par quelques îles et ouvert au vent de sud. Le capitdn-pacha
y reste mouillé chaque année plus d’un mois, jusqu’au retour des
galères et des petits bâtimens qu’il expédie dans les îles voisines,
pour lever l’impôt auquel elles sont soumises.
Il n’y a qu’un seul port à l’ouest, au fond duquel la principale
ville est bâtie. Les navires un peu gros mouillent au dehors à l’abri
de quelques îlo ts , ainsi que dans le canal étroit qui sépare Paros
d’Antiparos.
La ville moderne est bâtie sur les ruines de l’ancienne. Elle n’est
aujourd’hui qu’un misérable village, tandis qu’elle était autrefois
une des plus grandes, des plus riches et des plus belles villes de
l ’Archipel ; et ce qui vient à l’appui du témoignage des auteurs
anciens, ce sont les fragmens de corniches, de chapiteaux et de
colonnes que l ’on voit épars ou qu’on remarque dans les murs des
maisons et des églises modernes.
Le M arpésus, situé à l’ouest du port de Marmora, est la montagne
la plus élevée de l ’île : c’est elle qui fournissait plus particulièrement
le marbre que les Grecs retiraient de Paros. On y voit
encore près d’une ancienne carrière, le bas-relief ébauché sur la roche
dont Tournefort a parlé et dont M. de Choiseui a donné la figure.
, Antiparos , • connue autrefois sous le nom d’Oliaros , n’est remarquable
que par l ’étendue de sa grotte, dont on peut consulter,
tous les-détails dans les deux auteurs que je viens de citer. Mais
doit-on la regarder comme une carrière de laquelle on a extrait du
marbre pendant long-tems, ou comme une vaste cavité, telle qu’il
en existe naturellement dans la plupart des montagnes calcaires ? Le
silence des auteurs nous laisse dans l’incertitude, et l’inspection
des lieux est aussi muette qu’eux à cet égard.
Les’ habitans de ces deux îles recueillent, pour les besoins de
l’année, du blé, de l’orge, du vin, du sésame et quelques légumes.
Le coton est la production la plus considérable et la seule qui
fournisse aux habitans les moyens de payer leur impôt et de se
procurer les denrées qui leur sont nécessaires. Les fruits et les herbages
seraient un objetassez important si les Turcs mouillés à T r io ,
ne s’en emparaient souvent de vive force ou ne les exigeaient à vil
prix. Ces deux îles paient un peu plus de 8,000 piastres d’impôt.