d'arbres productifs, de plantes utiles, est le plus bel ornement des
environs d’une ville et l ’éloge le plus flatteur du souverain.
' En sortant par le faubourg élevé de Péra, on trouve un terrain
inégal, schisteux, peu cultivé : on Voit à gauche un vallon étroit ,
profond , extrêmement fertile , dans lequel on cultive diverses
plantes potagères. Au-delà de ce vallon 011 aperçoit, sur un terrain
élevé, le village de Saint-Dhnitri , que l ’on peut regarder comme
un des faubourgs de la capitale. Les environs de ce village grec
présentent quelques vignes et quelques jardins. Après avoir dépassé
un.. second vallon, on arrive sur un terrain u n i, inculte, assez
spacieux, nommé Ok-m eïdan, sur lequel le sultan se rend quelquefois
en é té , accompagné des principaux officiers de sa maison
et d’une partie de ses pages. Il y passe la journée dans un beau kiosk
ou sous des tentes magnifiques, et s’amuse quelquefois à tirer deux
ou trois flèches.
L ’adroite flatterie, toujours debout auprès de l’homme puissant,
n ’a pas manqué de trouver que chaque trait parti de la main du
souverain parvenait à une distance prodigieuse, et pour en éterniser
le souvenir elle s’est empressée d’élever , chaque fois que le
sultan a pris ce divertissement, une colonne de marbre sur laquelle
on;a gravé en relief une longue inscription.
' Les pages qui s’exercent après lu i, se garderaient bien de déployer
toute leur force et toute leur adresse, s’ils n’étaient certains que le
but auquel vient d’atteindre, en apparence, le sultan, a été placé
hors de la portée de leurs traits.
- Ces pages simulent ensuite le combat à cheval de la lance , fort
ttsité parmi tous les Orientaux; il consiste à lancer en courant, le
bras le v é , cette arme avec la plus grande fo r c e , et atteindre de
la pointe son adversaire à une distance assez grande. Et soit qu’il
ait manqué son coup ou qu’il ait atteint son ennemi , le guerrier
tu r c , arabe ou persan,, pour ne pas rester désarmé et se voir
atteint à son to u r , doit reprendre son arme en courant, sans mettre
pied à terre. Dans le combat simulé, on se sert d’un bâton nommé
d je r id , tiré d’un bois léger, tel que le sarde ou le dattier; car sans
cette précaution il arriverait souvent des accidens graves : pu
pourrait être dangereusement blessé si la djerid était d’un bois dur
et pesant.
, Nous avons été plusieurs fois témoins , dans toutes les parties de
l ’Empire othoman , de la dextérité que les Orientaux montrent
dans ce combat, et de la prestesse ayec laquelle ils reprennent ,
en cornant, leur djerid, souvent du premier coup. Ce combat ,
beaucoup plus fréquent parmi les Arabes que parmi les Turcs et
les Persans, ne peut avoir lieu qu’entre un nombre peu considérable
de combattans, et parmi les nations qui se servent bien plus de la
lance que des armes à feu.
En suivant la route de Belgrade et de Buyuk-déré , on voit des
terres incultes, quelques vignes éparses et quelques champs ensemencés.
Après une heure et demie de marche, à pied., on arrive
à une espèce de ferme nommée L evens-schiflit, ornée de quelques
jardins assez pittoresques et de hâtimens assez vastes très-bien enT
tretenus. Hassan, capitan-pacha, à qui sultan AbdulHamid l’avait
donnée comme apanage , en avait fait un lieu de récréation, et, y
avait placé une garde de levens ou soldats de marine, pour réprimer
le brigandage et empêcher les vols qui se commettaient alors
■sur cette rou te, et jusque sous les murs de la ville,
j Ce que l’on voit aujourd’hui avec le plus d’intérêt à Levens-
schiflit , c’est une manufacture de. fusils et de bâïonètes à l ’euro-
péène, établie au commencement du règne de Selim, par un ingénieur
espagnol : elle fut négligée et presque abandonnée, peu de
teins après son établissement ; mais elle a repris ses travaux depuis
que Selim, le capitan pacha et quelques membres du conseil, reconnaissant
la supériorité de nos armes et l’avantage de notre
tactique , ont résolu de les introduire peu à peu dans les armées
.othomanes.
Une partie de ces bâtimens est occupée, dans ce moment , par
un corps d’infanterie de douze cents bostangis soldés et exercés à
l’européène , par un autre corps d’environ quatre mille canoniers,
bombardiers et artilleurs , et par une compagnie de canoniers à
cheval ; mais il paraît qu’on avait aussi le projet d’y caserner des
troupes de cavalerie , à en juger par l ’étendue des écuries et des