nécessaire à la menuiserie et à la charpente des maisons qu’on est
dans l ’usage de construire en bois ; aussi la consommation en
est-elle prodigieuse dans une ville immense, où les fréquens incendies
obligent de reconstruire sans cesse les maisons que le feu a détruites.
Il arrive journellement des poutres de chêne, de pin et de
■sapin, des solives .dé chêne et de hêtre, pour les charpentes ; des
planches de châtaignier pour le toit des maisons ; des planches
minces de p in , de sapin et de chêne pour les planchers et les plafonds
; dés planches de no y er , de platane, de cerisier, de poirier,
de tilleul, de chêne,' de hêtre, de charme, de frêne, de pin , de
sapin pour la menuiserie ; des tuyaux de pompe et des gouttières
en orme, en p in , en sapin, en chêne,' etc.
Il arrive aussi des mêmes contrées, beaucoup de bois de construction
pour l ’arsenal, et des mâtures qui ne le cèdènt point à celles
du Nord de l’Europe. La Porte retire aussi des bois de construction
excellons de la Moldavie, que l’on embarque à Galas. Il y en a
beaucoup en Pologne et dans la Russie méridionale, dont le gouvernement
français avait fait des essais quèlque tems avant la révolution
, dont il avait ete satisfait, et dont il se serait .servi peut-être
malgré les clameurs de quelques personnes intéressées à les décrier.
Sinope est la ville de l’Empire bthoman le plus à portée des bois de
construction, et celle dont les chantiers sont actuellement le plus en
activité. Le chêne est extrêmement abondant aux en virons : son bois,
plus beau pour la menuiserie, est aussi b on, aussi solide pour les
constructions navales, que celui de nos départemens méridionaux.
L ’exportation des bois propres à la construction dés vaisseaux de
guerre est sévèrement défendue à Sinope. Un officier de laPorte est
sans cesse occupé à faire couper, équarriret transporter à l’arsenal
les bois qu’il juge propres .au service de la marine militaire. Les
particuliers ne peuvent disposer, pour la construction des navires '
marchands, que de celui qu’il rejette ou qu’il ne.peut employer.
La-côte méridionale de la Mer-Noire fournit aussi une très-
grande quantité de goudron > de lin et de Chanvre pour les constructions
navales de Sinope et pour l ’arsenal de Constantinople. On .
retire aussi du lin et du chanvre de la Valachie et de la Moldavie.
' - CHAPITRE
C H A P I T R E X X .
Des drogmans et des barataires. Du mariage des négo-
cians. Des ouvriers français établis au Devant. De la
caravane.
L a . classe des drogmans mérite là plus sérieuse attention de la
part du gouvernement, puisque c’est de leur probité-, de leur intelligence
et de leur civisme que dépendent le succès des négociations
qui leur sontnonliées et la réussite des affaires particulières qu’on
les charge de traiter. On s’est long-tems occupé d’eux sans jamais
avoir atteint le but que l’on se proposait. On avait cru peut-être
que l’instruction devait tenir lien des autres qualités , et qu’il suffisait
qu’un homme, d’ailleurs intelligent, sût parfaitement le
français, le turc,, et l’arabe ,,poür être un bon drogman, On préférait
des jeunes gens nés en Turquie, parce qu’ils avaient une meilleure
prononciation des langues orientales et Une plus grande facilité de
les, parler correctement. On les faisait passer quelques années à
Paris, afin d’y apprendre le français et les principes des langues
turque et arabe. On les envoyait finir leurs études dans une école
de capucins établie à Çonstantinopje ;d e là ils se répandaient dans
les diverses Echelles, et on appelait, ensuite auprès de l ’ambassadeur
ceux qui montraient le plus de capacité.
. Par une condescendance peu réfléchie, presque tous les drog-,
mans français avaient été tirés de quatre ou cinq familles originairement
étrangères, ou domiciliées depuis long-tems dans le Levant.
Ces hommes, nés en Turquie, issus de mères grecques ou armé-
niènes, nous ont montré, à l’époque de la révolution, combien peu,
il fallait compter sur leurs, semblables^ Quoiqu’ils dussent à la
France leur éducation, leur état et leur fortune, ils n ’ont pas ba-,
lancé de passer au service de nos ennemis , de leur transmettre les
connaissances qu’ils avaient acquises auprès de nous. Quelques-uns
même sont accusé» d’avoir enlevé des dépôts et d’avoir spolié les
D d