tems sur les particuliers, un cinquième, sans que ceux-ci aient
jamais pu faire entendre leurs justes réclamations.
Les villages situés sur la cime du terrain coupé de la rade, ont
un aspect très-singulier. Les maisons sont à moitié taillées dans la
pierre-ponce, à moitié bâties au dehors et placées les unes au dessus
des autres, suivant la disposition du sol. La partie qui se trouve
élevée au dehors, est terrassée moyennant un mélange de chaux et
de pierre-ponce tamisée : tels sont Apanoméria, Scauro, M érévelli,
Phiro-Stéphani et P hira . Les villages les plus pauvres de l’intérieur,
tels que Pourvoulo, Condo-Chori et Messaria , situés en pente,
ne sont qu’un assemblage de cavernes pratiquées dans la pierre-
ponce. Il n’y a qu’une petite portion du devant de chaque habitation
qui soit un peu maçonée, à cause de la porte d’entrée. Pirgos
est le plus considérable, le mieux bâti et le plus riche de l’île. On.
y respire un air pur et l’on y jouit d’une vue agréable. Presque
toutes les maisons de Santorin ont une citerne que les habitans ont
soin de remplir dans la saison des pluies . ils n’ont pas d’autre eau
à boire et à donner à leurs bestiaux.
La perdrix et le liè v re , si communs dans la plupart des îles de
l ’Archipel, sont très-rares à Santorin. Le lapin que nous avons
vu à Ténédos, à Miconi, à Délos, à Paros, à Léro et ailleurs, ne
se trouve point ici ; mais en revanche la caille y est abondante dès
la fin de fructidor. Les habitans la chassent moyennant un filet
fixé à un cerceau de trois à quatre pieds de diamètre, auquel est
adapté un bâton de sept à huit pieds long. Le chasseur jette son
filet sur une souche de vigne ou de coton, où il soupçonne qu’il
y a quelque caille tapie , et il arrive assez souvent qu’il en attràppe
une. Nous en avons vu prendre l’année suivante, en fructidor,
plusieurs par ce moyen dans moins d’un quart d’heure.
Comme on ne peut pas consommer toutes les cailles que cette
chasse procure, on est dans l’usage de les faire légèrement bouillir
et de les conserver pendant tout l ’hiver dans le vinaigre ou dans
le vin santo. C’est un manger très-délicat, et qui vaut mieux qpe
le bec-figue de Chypre ainsi préparé.
Nous avons vu dans la même saison le choucas des A lpes. On
nous dit qu’il était de passage, et qu’il venait des montagnes de
l ’Asie mineure.
La rade de Santorin a environ sëpt milles de longueur du nord
au sud , et six de largeur depuis le petit port de Phira jusqu’à l ’île
Aspronisi. Ce serait un des meilleurs ports de l’Archipel si les
vaisseaux pouvaient y jeter l’ancre ; mais la sonde indique des profondeurs
considérables, telles que deux cent cinquante et trois cënts
brasses. Il y a soixante et quatre-vingts brasses à un jet de pierre
de la terre. Les bateaux mouillent à San-Nicolo : les navires s’attachent
par des amarres au dessous dç Phira lorsqu’ils viennent
charger dü vin. Si le mauvais tems les oblige à se réfugier à Santorin
, ils s’amarrent ordinairement entre la petite et la nouvelle
Camène, jusqu’à ce que la bourasque soit passée.. Les frégates
peuvent jeter l ’ancre par leS quinze et vingt brasses d’e au , fond
de gravier au sud de la vieille Camène, en prenant la précaution
de mettre aussitôt une amarre à terre.
A quelque distance sud-sud-ouest de la petite Camène, le fond
de 1 sl mer s’élève, et la sonde ne donne que quinze et vingt brasses ;
mais ce fond est de pierre et de roche, sur lesquelles on ne peut
jeter l’ancre. Les pêcheurs de l’île assurent que ce fond s’est élevé
considérablement depuis peu ; ce qui semble indiquer la formation
prochaine d’une nouvelle île.
Nous croyons qu’il serait imprudent de rester trop long-tems
mouillé entre la petite et la nouvelle Camène, à cause du voisinage
de cette dernière, qui exhale une odeur très-fétide, et qui doit être
très - mal - saine ; car outre que les eaux y croupissent, les exhalaisons
volcaniques qui se dégagent de cet endroit et des environs ,
doivent infecter l’air à une assez grande distance et causer bientôt
des maladies dangereuses.