indépendamment des autres effets stipulés au contrat de mariage.
L ’epouse prend ses repas seule ou avec la mère et les parentes
du mari, qui se; trouvent avec elle dans le harem. Celui-ci mange
avec son père et les parens qui habitent avec lu i , et lorsqu’il est
seul ou qu il se fait servir dans le harem , ce qui arrive souvent,
l ’épouse ne mange pas non plus avec lui ; elle le sert ou veille à
ce que les esclaves soient attentives au service. Le repas f in i , les
mains et la bouche lavées et essuyées, elle lui présente elle-même
la pipe et le cafe.
Lorsqu il y a plusieurs épouses, chacune a son ménage, sa table,
son appartement et ses esclaves dans le même corps-de-logis. Il
est très-rare qu’une seconde femme , épouse ou esclave, soit logée
dans une autre maison ; cela n’arrive guère que parmi les chefs
de caravanes ,' q u i, obligés de vivre la moitié de l’année dans une
ville et 1 autre moitié dans une autre , veulent avoir une femme
dans chacune de ces deux villes.
Aucun précepte religieux n’est plus scrupuleusement suivi ; aucune
loi n- est plus rigoureusement exécutée, dans aucune religion
et chez aucun peuple, que les lotions et les lavages en Turquie.
Avant les cinq prières du jour, avant et après les repas, à chaque
dejection, toutes les fois qu’il a été touché par quelque corps impur
, le Musulman doit se purifier par des lotions partielles. Mais
lorsqu’il a cohabité avec une femme ou qu’il a éprouvé une simple
pollution, il est soumis à un lavage général} et la femme en outre
y est obligée après ses couches et à la suite des incommodités naturelles
à son sexe. De là ces lotions presque continuelles et ces
bains d’etuves fréquens dont personne ne se dispense , dont tous
se sont fait un besoin , et dans lesquels les deux sexes trouvent
un charme délicieux.
Ce qui porte les femmes à desirer les bains avec le plus v if empressement
, c’est qu’elles s’y dédommagent de la contrainte à
laquelle les lois et les usages les ont soumises. C’est aux bains
qu’elles se rencontrent ou se donnent rendez-vous 5 c’est là qu’elles
se voient avec familiarité, qu’elles s’entretiennent sans gêne, qu’elles
se livrent à la volupté la plus douce. C’est là que les riches peuvent
montrer, dans le plus grand détail, la parure la plus brillante, les
vêtemens les plus recherchés. Elles s’y font servir du moka pur ,
des restaurons exquis , des collations somptueuses. Elles y prodiguent
les essences et les parfums ; et la fête est souvent terminée
par la musique, les baladins et les ombres chinoises : mais dans
ces occasions le bain est fermé au public pour la journée entière.
Les pauvres, presque sans dépenses, y trouvent des plaisirs moins
bruyans à la vérité, mais peut-être aussi vivement sentis. Du café
commun, des sorbets ordinaires, du tabac pour tout parfiîm, des
friandises qu’elles apportent elles-mêmes , quelques fruits de la
saison : voilà pour remettre le corps et satisfaire les sens. Leur
vanité est flattée de montrer une chemise fine, des caleçons propres*
des habits décens, des colliers, des chaînes et autres ornemens en
sequins. Enfin, elles n’ont plus rien à desirer lorsqu’elles sont entièrement
dépilées, lorsque les cheveux sont arrangés , les tresses
refaites , les paupières et les sourcils peints en noir , et les ongles
des mains et des pieds en jaune orangé.
O 2