présente aujourd’hui l’Alexandria-Troas : on peut consulter, à ce
sujet, les voyageurs qui m’ont précédé, tels que Pococke, Weler,
Chandler , Lechevalier et autres.
Les murs de la ville, ceux des maisons, des temples et des autres
monumens étaient bâtis d’une pierre coquillère assez dure. Le
marbre de Paros et celui de Marmara y sont assez communs, ainsi
que diverses sortes de granit. On voit encore près du port deux
grandes colonnes de marbre que les Turcs ont voulu y embarquer :
elles sont les restes de celles que les Sultans ont successivement
enleyées pour construire la plupart des mosquées de Constantinople
; l’une d’elles a été cassée dans le transport.
Il y a au sud de la ville un faible ruisseau peu important, et au
sud-est, près de ce ruisseau, deux sources d’eaux minérales chaudes,
dont les Turcs et les Grecs de ces contrées usent sans intelligence
et presque toujours sans succès. On les voit venir en fo u le , au
printems, de Ténédos et de la Troade, pour s’y purger et prendre
des bains, lés uns dans- la vue de prévenir les maux à venir ; les
autres, pour guérir de quelque maladie grave , ou pour obtenir
seulement quelque soulagement dans leurs infirmités. On les recommande
plus particulièrement pour les maladies de la peau , pour
la lèpre et la vérole. '
Le port a très-peu d’étendue ; il est presque comblé, et son entrée
est obstruée par les sables que le courant des eaux de l’Hellespont
et le mouvement des vagues de la mer amènent insensiblement sur
la côte de la Troade. Ce port ne suffirait pas aujourd’hui au commerce
maritime d’une ville un peu considérable, située de manière
k servir d’entrepôt aux contrées voisines ; mais dans un tems où ce
commerce était borné , lorsque les navires marchands avaient à
peine la capacité de nos gros bateaux , lorsqu’ils étaient sans cesse
en activité dans un climat où la navigation n’est jamais Suspendue
ni ralentie , on sent qu’un petit nombre de navires pouvait suffire
à l ’exportation du superflu d’une ville agricole , et rapporter des
contrées voisines toutes lés denrées que les.besoins ou le luxe des
habitans réclamaient. :é : ; noeud •
Ce pflrt formait une espèce dé bassin demi circulaire, séparé dela
mer par une jetée : il était abrité.des yents de nord et de nord-
ouest par le cap Touzelik et par une suite de rochers placés à côté
de son entrée.
L ’histoire ne fait pas mention de l’époque à laquelle cette ville
fut détruite : elle n’existait déjà plus lorsque les Turcs vinrent
s’établir sur cette contrée, car selon Leunclavius , avant que
Soliman, filsd’Orcan, passât dans la Chersonèse de Thrace et vînt
assiéger Gallipoli, il se promena long-tems sur l’emplacement de
T ro y e , contemplant avec admiration les murs en partie écroulés
de cette grande ville , les ruines de ses immenses édifices et cette
quantité prodigieuse . de marbres et .de granits qu’on y voyait
entassés. , i
i Les environs d’Alexandria-Troas offrent un terrain fertile , . en
plaine , sur lequel le chêne yélani croît en abondance et sans
culture. Cette plaine est séparée de celle de Troye par quelques
côteaux plus ou moins élevés. Une montagne qui fait suite à celles
de l’Ida, se présente à deux ou trois lieues à ,l’est, et s’étend vers
le sud : de.là au cap Baba , le sol paraît inégal, plus ou .moins
fertile, vers la mer ; montagneux et boisé dans l ’intérieur des
terres. Mais avant de faire route pour le sud, passons à Ténédos,
et jetons un coup - d’oeil sur ce qu’elle offre de plus curieux et dé
plus intéressant.
Nous partîmes le 16 pluviôse de la Tro y e d’Alexandre sur un
frêle caïqne que nous avions fait venir du premier château d’Asie ;
,et comme le tems était très - beau et la température de l’air fort
douce, nous fûmes bien aises de suivre la côte jusqu’à Koum-
bournou ou cap de sable, et de descendre à terre de tems en tems.
,Nous n’avons rien trouvé de remarquable sur tout cet espace :
mous avons cherché en vain quelques vestiges d’anciennes villes,
quelques traces de L a rissa , que les géographes placent vers ce
cap : rien ne s’est offert à nos yeux. La côte e£t basse et sabloneuse ;
la plaine ,est fertile, presqu’inculte , et traversée par un ruisseau
nommé Sudlu-Sou, grossi quelquefois en hiver par Jes eaux de la
pluie : ce ruisseau s’élargit à son embouchure et y forme quelques
marécages. J’ignore le nom qu’il a porté dans l ’antiquité.¡Nous
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