f Après ces deux provinces viennent Cidonia au nord , et la
Sphachie au sud : celle-ci s’étend à l’est beaucoup plus que la
première ; elle est censée faire partie du pachalik de Candie. Nous
y reviendrons bientôt lorsque nous aurons dît un mot des provinces
situées au nord, comprises dans le pachalik de la Cânée et dans
celui de Réthymo.
Cidonia ou Kidonia, qui a retenu son nom de l’ancienne ville
dés Crétois, produit de l’huile, des grains , du coton, du lin, de
la soie', du m ie l, de la cire, quelques fruits et une assez grande
quantité de fromages ; son territoire est en général très-fertile. Les
premières montagnes qui se trouvent aü sud, étant plus tempérées
et plus fraîches que le territoire de la Canée, produisent beaucoup
de fruits : on y recueille peu de-vin, .beaucoup d’huile, et une
médiocre quantité d’orge et de' froment.
# Le premier cordon des hautes montagnes de la Sphachie, qui
vient après, Compris dans la province de Kidonia, est couvert de
neige pendant quatre ou cinq mois. Il est en général, pierreux et
dénué de terre : il n’y a que quelques vallons étroits qui soient
susceptibles de culture. On y sème en m a i, de l ’orge que l’on
recueille en septembre. La récolte de ce grain se faisant aux
environs de la mer au commencement de m a i, il arrive assez
SoUvent que le cultivateur sème sur ces montagnes l ’orge nouvellement
recueilli dans la plaine. On peut de même, si l’on veut,
en octobre, venir le resemer aux environs des côtes. Mais comme
on a reconnu que les semences nouvelles ne sont pas si bonnes
que celles qui se sont reposées quelques mois, ce.n’est qu’à défaut
d’autres qu’on y a recours.
C’est aussi sur ces montagnes qu’on amène les troupeaux dès que
la neigé est fondue ; et quoique le terrain paraisse presque nu, le
bétail y trouve une nourriture, sinon abondante, du moins très-
savoureuse et. très-propre à donner;à son lait et à sa chair une
qualités laquelle ne peut atteindre celui qu’on élève dans les lieux
les- plus fertiles.
La population des Turcs est aussi forte aux environs de la
Canée, que: celle des Grecs.
r ;A trois lieues de cette ville commence la province d'Apocorona,
qui s’étend à Test-jusqu’à A rm iro , et au ;sud jusqu’aux montagnes
d e là Sphachie, Elle,fie présente,point de;culture particulière : elle
est montagneuse, et fournit abondamment de l’huile, une petite
quantité d’orge et de blé et très-peu de vin : elle est plus peuplée
de Grecs que de Turcs.
La province de Réthymo, qui vjent ensuite, est une. des mieux
cultivées ,et des plus productives de l’île : elle fournit beaucoup
d’huile,, un peu-d’orge et de blé,: et une assez grande quantité de
vin. Les coteaux et les collines qui bordent la plage d’Armiro,
sont presque tous couverts de vignes. On remarque sur les premières
montagnes qui se trouvent au. su d , une forêt de chênes,
d’yeuses, d ’érables,, de caroubiers, dans laquelle les habitans de
Réthymo viennent couper le bois qui leur est nécessaire.
Au sud de Réthymo il y ,a les deux, provinces de, A'ion- Vassali
et à\^dmari, les seules qui soient comprises dans ce pachalik : elles
fournissent, du blé,, de l’orge , de l’huile et quelques fruits. La
première, située au nord-ouest de l’autre, fournit en outre des
fromages excellons, que Ton confond, dans le commerce, avec
¿ceux de la Sphachie. Les Grecs sont plus nombreux que les Turcs
dans les provinces de Aïon-Vassali et d’Amari.
Les .Sphachiotes habitent, comme nous l ’avons dit,, les hautes
.montagnes qui s’étendent de Test à l’ouest, depuis la province de
Sélino, j u s q u ’à celle d’Amari : ils sont censés compris dans le pachalik
de’ Candie , - quoique la police et l’administration intérieures leur
appartiennent. Indépendamment d’un grand nombre de villages
qu’ils ont sur ces montagnes, on en remarque quelques-uns vers la
côte méridionale, et êntr’autres Sphachia leur chef-lieu, où il y a
un petit port qui contient sept à huit gros bateaux dont les Sphachiotes
se servent pour leur commerce, et quelquefois aussi pour
les pirateries qu’ils exercent à l ’imitation de leurs ancêtres.
. Les Maltais,' dans leurs courses , fréquentaient autrefois le port
de la Sphachie, Ils y étaient bien accueillis des habitans, qui s’empressaient
de leur fournir les provisions et tous les secours dont
ils avaient besoin.