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 Levant  :  elles  sont  transportées  à  dos  de  mulet  ou  de  cheval,  à  
 Spâlatro,  à  Zéra  et  à  Raguse,  d’où  elles  vont  par mer  à Venise.  
 Les  laines  de  la  Valachie  et  du  nord  de  la  Servie  se  répandent  
 ordinairement dans  toute l’Allemagne. 
 Toutes les  laines  de  la Turquie  sont  en  général  d’une  médiocre  
 ou  d’une  mauvaise  qualité ,  et  peu  propres  à  la  fabrication  des  
 draps  fins  et unis.  Cependant  lorsqu’elles  sont  triées  et mélangées  
 avec  les  belles laines  d’Espagne  et  du Roussillon,  les  commerçans  
 du Languedoc savent en fabriquer  les  londrins premiers  et  les  Ion-  
 drins  seconds  qu’ils  envoient  à Marseille,  et  de  là  dans  toutes  lés  
 Échelles  du  Levant,  où  il  s’en  fait  une  consommation  considérable. 
 Laines  de  chevron. 
 Dans  les  contrées  froides  de  l’Asie mineure  et  de  la Perse  ,  les  
 chameaux  ont,  pendant  l’h iv e r,  une  laine  fine,  soyeuse,  assez  
 abondante ,  qui  tombe  chaque  année  au  commencement  de  l’été.  
 On  la  connaît  dans  le  commerce,  sous  le  nom  impropre  de  laine  
 d e chevron.  La plus  estimée est apportée  de Perse par les caravanes  
 d’É rivan,  de  Tiflis,  d’Erzefum  et  de  Tocat.  Il  y   en  a  trois  qualités  
 :  la  noire,, la  rouge  et  la  grise.  La noire est  la plus  chère,  et  
 la grise ne  vaut  que  la moitié du  prix  de  la  rouge. 
 Il  en  vient  annuellement  à  Marseille  par  les  voies  d’A lep ,  de  
 Smyrne et de Constantinople.  Cette  dernière ville en  fait passer  de  
 quatre-vingts à  cent balles  du poids environ  de  trois  cents  livres la  
 balle.  Smyrne  et  Alep  en  envoient  une  quantité  beaucoup  plus  
 considérable. 
 Cette  laine est  employée à  la fabrication  des  chapeaux  :  elle  est  
 achetée par toutes les nations  européènes  qui  font le commerce du  
 Levant  :  les  Français  cependant  sont  ceux qui  en  retirent  le  plus  
 et qui  en  font  la  plus  grande  consommation.  Les  Anglais  n’emploient  
 qu’une  petite  quantité  de  la  noire  ,  qu’ils  prennent  à  
 Smyrne. 
 On  ne  doit  pas  confondre  la  laine  de  chevron  avec  une  autre 
 laine plus longue,  plus soyeuse, plus fine  que l ’on trouve en Perse,  
 et qui est produite par une chèvre abondante sur les montagnes du  
 Kerman.  J’aurai  occasion  d’en parler  ailleurs. 
 P o ils  de  chèvre. 
 On  élève  sur  les  collines  et  sur  les  montagnes  des  environs  
 d’Angora,  ville  située au nord  de l’Asie mineure,  une  chèvre  plus  
 petite  que  la nôtre,  à  oreilles  pendantes,  à  jambes' courtes,  dont  
 la toison blanche,  longue  et  très-fine,  est  soigneusement  filée  par  
 les  habitans  du  pays,  et employée  en partie par  eux  à  la  fabrication  
 des  étoffes  connues  sous  le nom  de  serges,  camelots  et  chalis  
 d’Angora.  Les  Français  ont  plusieurs  comptoirs  dans  cette  v ille ,  
 pour l ’achat du fil ; et quoique ce  commerce se fasse depuis  quelque  
 tems plutôt par Smyrne  que par Constantinople,  il en passe cependant  
 plusieurs  ballots  par  cette  dernière  v ille ,  que  les  négocians  
 français  expédient  à Marseille. 
 Outre le poil de  chèvre d’Ango ra ,  on connaît aussi dans le commerce  
 celui  de  Beibazar,  qui  se  trouve  à  quinze  ou vingt  lieues  à  
 l’ouest  sur  la  route  de  Pruse.  Le  premier  est  plus  estime  que  le  
 second ;  il  est plus fin , plus  souple  et plus facile  à  travailler ;  mais  
 celui de Beibazar est plus blanc, parce que les habitans de cette ville  
 Sont dans l ’usage de savoner et de laver le poil avant de le filer. 
 Les  chèvres  d’Angora et de Beibazar  ont beaucoup  de  rapport,  
 pour  la  finesse du  p o il,  avec  celles  du Kerman  et  de  Cachemire.  
 Les  unes  et  les  autres  habitent des  lieux  élevés,  froids  en hiver  et  
 très-chauds  en  été;  les  unes  et  les  autres  sont  soignées,  peignées  
 et  fréquemment lavées par  les  bergers  qui  les conduisent. 
 Coton. 
 On  ne  cultive  point  le  coton  à  Constantinople  ni  sur  les  rives  
 de  la Mer-Noire  :  le  climat  est  trop froid.  Ce n’est  qu’à  la  partie  
 méridionale et occidentale de la Propontide,  aux environs de 1 Hellespont  
 ,  que commence  la culture de  ce végétal précieux. Le coton  
 est  la  marchandise  la  plus  abondante  du  Levant  et  celle  que  les  
 Français  retirent  en  plus  grande  quantité.  Les  négocians  de 
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