oiit tracée. Une partie de la ville était en plaine, l’antre suivait
la pente du terrain incliné vers la mer. Nous remarquâmes à la
partie orientale, les restes d’une des portes de la ville. Nous cherchâmes
inutilement des marbres, des inscriptions, des bas-reliefs :
tout a disparu ou a servi a la construction d’un monastère grec
qui s est élevé sur ces ruines, et dans lequel nous fûmes heureux
de passer la nuit.
Depuis notre arrivée en Crète jusqu’aux approches de l ’équi-
noxe d automne, le thermomètre de Réaumur, à l’esprit-de-vin,
a été constamment pendant le jou r , 4 2 5 , a 6 et rarement 4 27
degres dans une chambre située au nord-est. Nous avions eu
tout au plus 25 degrés 4 Santorin et 4 M ilo , 22 et 23 4 Naxie. Il
est vrai que la saison était un peu moins avancée lorsque nous
parcourions ces îles.
Pendant les trois mois d’é té , la chaleur excessive du soleil est
Constamment tempérée chaque jour, depuis huit à n euf heures du
matin jusqu'au soir, par le courant assez rapide d’air qui s’établit
du nord au sud dans les îles de l’A rchipel et sur les côtes septentrionales
de Crète. Ce vent rafraîchissant, nommé embat, se dirige
et se modifie dans tout le Levant, suivant le gissement des
côtes et l ’étendue de mer qui se trouve devant elles. Nous ferons
remarquer, en passant, qu’il est sud-ouest sur la côte méridionale
de Crète, de Chypre , de la Caramanie; 4 peu près nord-ouest à
Smyrne , 4 Alexandrie ; ouest 4 T y r , 4 Sidon et sur toute la côte
de Syrie. Il vient 4 Athènes, de l’ouest ou du golfe de Lépante, et
c ’est lui que les Grecs désignaient sous le nom de Zéphire. Pendant
la nuit , le vent prend une direction contraire ; il vient de la terre
4 la mer; il est plus faible que pendant le jour, et ne s ’étend pas
au-delà de trois à quatre lieues.
Les vents sont variables dans les autres saisons, surtout vers les
équinoxes : nous avons éprouvé à la fin de fructidor, par un vent
de sud qui dura deux jours, une chaleur de 3o à 3a degrés. L ’ho-
rîson était alors comme chargé de fumée, e t la clarté du soleil
était rougeâtre e t faible, ainsi qn’on le remarque en Egypte lorsque
le même vent se feit sentir. Le citoyen Peyron, capitaine de navire,
nous a dit qu’étant mouillé à la Sude le 3o mai 1793, la chaleur
devint si àonsidérable depuis huit jusqu’à onze heures du so ir ,
pendant la durée d’un coup de vent de sud, qu’on respirait à peine
et qu’on était dans ün accablement général. Les canons de fer de
son navire avaient contracté un si fort degré de chaleur, que l’on
n’y pouvait appuyer la main sans être forcé de la retirer aussitôt.
Ce fait nous a été certifié par le citoyen Mure et les autres Français
établis à la Canée. Il est à regretter que personne n’ait connu,
par le moyen du thermomètre, le véritable degré de chaleur qui
eut lieu pendant cette soirée mémorable.
Quoique le froid se fasse vivement sentir en hiver, sur l ’Ida et
au sommet des monts Blancs, et qu’ils soient couverts de neige
dès la fin de brumaire, la température est cependant très-douce
dans les plaines et vers les côtes. Il n’y gèle point : les pluies y sont
assez fréquentes, mais de peu de durée. Le soleil se montre pres-
qu’immédiatement après la pluie , et le ciel est souvent pur et
serein. Il ne pleut jamais en é té , ni en Crète, ni dans les îles de la
mer Égée. La rosée suffit alors pour entretenir la végétation des
plantes qui croissent spontanément dans ces climats. Presque
toutes les autres doivent être ’arrosées si l’on veut les y cultiver
avec quelque succès.
On a remarqué à la Canée, que lorsque les vents sont au nord
ou à l’est, les eaux de la mer sont très-basses, et qu’elles sont au
contraire élevées lorsque le vent souffle de la partie ouest, ou
même lorsqu’il est au large dans cette direction, quoiqu’il n’ait
pas encore atteint l ’île. La différence que nous avons observée
nous-mêmes sur le niveau des eaux pendant le séjour que nous
avons fait en Crète, est d’enviroii deux pieds. Pendant l’été, les
eaux sont dans le port à huit ou-dix" pouces au dessous de la
sommité d’une roche située v is -à -v is les fenêtres de la maison
consulaire : elles s’élèvent à huit ou dix pouces au dessus de cette
même roche dès que le vent passe à l ’ouest. Le citoyen Mure nous
a même assuré que, dans un vent forcé d’ouest, le niveau des
eaux s’élevait toujours à sept ou huit pouces plus h au t, au point