néanmoins , plus qu aucun autre , de cet avantage, puisqu’une
escadre entière, quelque nombreuse qu’elle fû t , pourrait mouiller
en sûreté dans le Bosphore, et y attendre le moment du départ ; elle
pourrait mouiller aussi entre la GÔte d’Asie et les îles des Princes,
et même tout le long de la ville jusqu’à Saint-Stéphanô si le Vent
était au nord.
La position de ce port est te lle , qu'il n’a point à craindre les
entreprises d’une escadre ennemie ; câr il serait très-facile d’interdire
l’entrée du Bosphore et de l’IIellespont en fortifiant ces passages
importans. La Propontide pourrait servir aux évolutions
militaires et devenir une école-pratique de navigation. Ce port a
en Outre le grand avantage d’être susceptible de contenir une marine
très-considérable, tant à Causé de Son étendue, de la facilité
qu’il y a de S’y procurer tout ce qui est nécessaire à la construction
, à la réparation et à l ’équipement d’un grand nombre de
Vaisseaux, mais parce qu’on pourrait avoir dans peu de teins tous
les matelots dont on aurait besoin , par la quantité de ports et de
Villes maritimes qui se trouvent à portée , par l’étendue des côtes
et par la population dont ces contrées fertiles et variées sont susceptibles.
E nfin, un des avantages inappréciables du port dé Gonstanti-
îiople , c’est qu’il ne peut se combler, parce qu’une partie des eaux
qui tiennent du Pont-Euxin , et qui sont refiuées par la pointe
avancée du sérail, font le tour du po rt, et balaient toutes les ordures
et immondices que les Turcs ne cessent d’y jeter.
Des ingénieurs suédois Construisaient, à notre départ , un bástiñ
dans l’arsenal, pour servir au radoub et même à la construction
d ’un vaisseau dé la plus grande force. La roche dans laquelle ils lé
-Creusaient, était tendre -, schisteuse, et néanmoins si peu susceptible
d'infiltrations, que la pompe la plus simple suffisait à l’e s -
traction des eaux. On peut e s p é r e r d ’après c e la , de multiplier,
avec une dépense peu considérable, des bassins; eè qui serait de la
phre grande utilité pour fa marine militaire die ce pays.
C H A P I T R E V I .
Pwmenade des environs de Pérci. Tombeaux des Arméniens.
Course à Scutari. Description des cimetières.
JVLontagne de Bourgourlou. Cérémonies des derviches
hurleurs.
J es q u ’ a t ’arrivée de l ’envoyé extraordinaire de ta République ,
nos moyens pécuniaires ne nous .permirent pas d’entreprendre de*
Courses lointaines : il fallut se borner à vo ir la ville et ses alentours
, à parcourir , en Asie , les environs de Scutari e t le aol de
l’ anéienne Calcédoine. Nos premiers pas -se dirigèrent aux champs
des morts de P é ra , lieu de promenade .et de récréation pour les
uns, lieu de tristesse et de méditation pour les autres. On y arrive
par la longue rue de Péra, e t l’on se trouve sur «un plateau élevé,
en partie gazoné, occupé par le cimetière des Arméniens e t par
celui des Européens : -on voit 4 .côté un champ cultivé , et un pey
plus loin une épaisse forêt de cyprès , vaste cimetière des Musulmans.
Une troupe de bostangis est là dans une espèce de pavillon ,
pour donner , aux amateurs, des pipes et du -café. L e lieu , triste
par les objets environnans, est cependant infiniment agréable pas
les divers points de vue qui se présentent, par les paysages q u ’offrent
la eôte d’Asie -et les rives du ¡Bosphore, par le spectacle de la
Propontide e t d ’une grande partie de Cons tantinople.
I Les tombeaux'des Européens sont disséminés sur n * espace asses
considérable : la plupart se font remarquer par une -grande pierre
sépulcrale , sur laquelle -est gravée une inscription phts ou moins
emphatique. On 6e sert à cet effet d ’un -marbre grenu, blanchâtre,
souvent veiné de g r is , que l’on tire de l ’île de Marmara- Les tombeaux
des Turcs, dont nous parlerons bientôt, sont dérobés à la
vue par une épaisse forêt de cyprès. -Ceux des Arméniens servent
de siège, et sont ombragés par différons arbres d’nn aspect agréable