villes, la graine avec le pain, pour donner à celui-ci plusde saveurs
On n’est point dans l’usage d’en extraire de l’huile, ainsi qu’on le
pratique dans quelques îles de l’Archipel, dans quelques cantons,
de la Syrie et dans une bonne partie de la Perse et de l’Inde.
- Les seuls objets d’exportation de l’île de Crète sont l’huile, le
savon, la cire, le miel, le fromage, le raisin sec, l’amande, la
n o ix , la châtaigne, la caroube, la graine de lin et la racine de
réglisse.
On évalue à deux cent mille milleroles (1) les huiles que l’île
peut fournir avec une bonne récolte. Les Français en retirent à
peu près le quart : les Italiens et les Allemands en emportent
une petite quantité : les gens du pays en font une grande consommation
pour leur nourriture. Tout le reste est consommé par
les savoneries.
Après l’huile, le savon est un des objets les plus importans
d’exportation. Il passé à T u n is , à Constantinople et dans toutes
les-villes du Levant. Il ne vaut pas celui de Marseille pour laver
et nétoyer le linge, et cependant les Turcs le préfèrent , parce
qu’il est moins cher et qu’il est d’ailleurs près qu’aussi bon que
le nôtre' pour laver leur corps , raser leur tete, et pour les autres,
usages auxquels ils le destinent.
Il y a vingt-cinq savoneries à Candie, qui emploient la majeure
partie des huiles de la province et de toutes celles situées
à l’est de l ’île. Il y avait autrefois plusieurs maisons françaises
rlans cette ville , qui fesaient passer à Marseille une partie des
huiles que l’on récoltait aux environs. Elles fesaient aussi des
chargemèns à Spina-Longa, à Mirabel, à Settia et à Géra-Petra ;
mais les négocians ont été obligés peu à peu d’àbandonner leurs
établissemens , parce que les Turcs qui voulaient s’emparer de
toutes les huiles de ces contrées pour leurs savoneries , ont souvent
ameuté rcontr’eux la populace-ét mis leur vie en danger. On peut
s’attendre qu’il en arrivera un jour autant à la Canée. Les maisons
françaises ne s’y soutiennent que parce que le douanier actuel est
(1) Mesure de Marseille , qüi équivaut à sdixànte-six pintes, mésUrè de Paris'.
puissant,
puissant, et qu’il trouve un plus grand bénéfice à l’extraction de
l’huile faite par les Européens, qu’à celle du savon faite par les
Turcs ; car les Européens paient en Crète trois pour cent de la
valeur des marchandises, tandis que les Turcs n’y paient que
deux et demi. Les Grecs, les Juifs et les Arméniens paient cinq
pour cent.
• Quoique les huiles soient très-abondantes aux environs de Ré-
thymo, il n’y a jusqu’à présent que huit savoneries dans cette ville,
parce que les Français établis à la Canée y font encore plusieurs
chargemens d’huile , et parce que la plupart de ces fabriques appartiennent
à des Juifs protégés de la France. Si les Turcs parviennent
à s’emparer de toutes ces savoneries, ainsi qu’ils le tentent
souvent, les négocians français seront obligés de renoncer aux
huiles, de Réthymo, attendu que les Turcs alors voudront taxer
les huiles de cette province, comme ils l’ont fait à Candie, et se
réserver pour eux seuls tous les profits.
Il y a vingt ^savoneries à la Canée, qui emploient les huiles, des
provinces de Kissamos, de Sélino et de Kidonia; mais ces huiles
sont si abondantes, que les maisons françaises établies dans cette
ville font passer à Marseille, pendant l ’année de la récolte et la
suivante, pour une valeur de un à deux millions de nos francs.
La cire qui ne se consomme point dans l ’île, est achetée par les
négocians français, qui la font passer à Marseille. Cet objet, qui
est ordinairement de 12 à 15,000 francs, monte quelquefois à 3o,000
et même davantage.
Le miel est peu important : il passe à Constantinople et en
Égypte., 1
Qn évalue l ’exportation du fromage de la Sphachie et des environs
à plus de 5o,ooo fr. : il passe presque tout à Constantinople.
Le raisin sec est un article considérable d’exportation. On
l ’envoie en Égypte et en Syrie. Quelques années avant notre arrivée
, un navire anglais en fit un chargement qui ne réussit pas
sans doute, puisqu’aucun autre navire de cette nation ne s’est
présenté depuis lors pour le même objet.. Le raisin sec de Crète
ayant de gros pépins, étant mal-propre et souvent imprégné de
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