C H A P I T R E X X I X .
Arrivée à Milo. Description de cette île. Son 'volcan, ses
grottes, ses eaux minérales. Situation de Vancienne
ville. Nombreuses catacombes qui se trouvent aux
■ environs.
N o ï9 partîmes le 28 messidor de Cimolis avec le bateau destiné
à communiquer avec Milo, et à transporter les personnes qui se
rendent assez fréquemment d'une île à l ’autre. Nous débarquâmes
dans une heure et demie au quartier nommé Apollonia, où des
inulets que les primats de Cimolis avaient fait demander à ceux
dé M ilo , nous attendaient depuis quelque tems. Le trajet est
d’environ deux lieues , quoiqu’il n’y ait pas un mille de distance
dans les points les plus rapprochés de ces deux îles.
L a côte sur laquelle nous abordâmes, nous offrit un banc assez
Solide de terre jaunâtre , parsemée de trois espèces' d’oursins
fossiles, de térébratules pétrifiées et de plusieurs autres fragmens
de coquilles. Il y avait aux environs, des pierres-ponces et diverses
lavés. Les grottes, creusées à main d’homme, sont assez communes
sur cette cô te , et semblent indiquer qu’il y a eu jadis quelques
habitations à Cette partie de l'île : elles ont été formées, comme à
Cimolis, dans une douche de pierre-ponce assez facile ù travailler.
- H fa ite plus de trois heures pouf nous rendre à la ville par un
mauvais chemin. T ou t ce qui s’offrit à nous est volcanique. Nous
vîmes partout des porphyres plus ou moins décomposés ',* des
terres blanches, assez “Semblables à celles de Cimolis ; des laves
grises, pesantes,' en grande masse : noms aperçûmes en quelques
endroits des indices de mine de fèr ù petits grains, des liions de
spath-pesant , mêlés avec une terne ronge : nous traversâmes des
collines incultes, sèches et arides : nous passâmes dàùè’une gûrge
assez rapide, . où des rqcljers énormes de lave , suspendus sur
nos têtes, menaçaient à chaque instant de nous ensevelir. Nous
découvrîmes enfin une assez jolie plaine, an milieu de laquelle était
une ville qui ne le cédait naguère à aucune autre de l ’Archipel,
mais qui ne présente presque plus que.des ruines aujourd’hui.
Nous fûmes frappés, en y entrant, d ç , voir de toutes paris des
maisons éeroulées, des hommes hoursouffles, des figures etiques,
des cadavres ambulans. Partout l’image de la destruction e t de la
mort s’offrait à nos regards. A peine quarante f amilles , la plupart
étrangères, traînent leur malheureuse existence dans une yilje qui
comptait encore cinq mille habitans dans ses murs au commencement
du siècle .dernier,
Tournafort avait reconnu en 17QP , que l’air de Milo était mal-
sain, est que les habitans y étaient sujets à des maladies dangereuses ;
pi«;» cette insalubrité dé l ’air doit avoir bien augmenté depuis cette
époque, soit par l'effet des eaux croupissantes qui se trouvent entre
la ville et le fond du port, soit par les exhalaisons,malfaisantes qui
s’élèvent sans cesse à l ’e st et au sud, d’un sol travaillé par les feu*
souterrains. On peut ajouter à ces causes d infection et de .morta
lité, la mauvaise qualité de® eaux de puits et de citerne dont les
malheureux habitans de cette île sont obligés dé faire usagé? .'
Quoique nous né fussions pas dans la saison .la plus pmi - saine
dé l’année, on nous avait cependant prévenu du danger qu’il y
avait de coucher deux ou trois nuitsù lé villes fie qui nous détermina
à aller le soir même au monastère de .Sainte-Marine, o/y/a
M arin a, situé à peu de distance de la montagne Saint-Elie.
Nous marchâmes pendant demi-heure dan® la partie dé la plaine
qui s’étend de la ville à la mer ; nous côtoyâmes des marécages
et une saline peu étendue 5 nous vînmes passer sur les hprd®
escarpés de la côte méridionale du port ; nous traversâmes ensuite
une petite plaine aride, autrefois cultivée, parsemée de -fragmens
de pierre - ponce ; puis en nous élevant et suivant toujours la
direction de l’ouest, nous vîmes des bancs de terres blanches,
volcaniques, assez semblables .à celles de ( im olis, qui furent suivis
par des bancs considérables de granits chargés de points vitreux.
Tout le sol est couyert de petits grains de verre qui se détachent
de ces granits avec assez de facilité..- .i p* ;i)
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