aux sujets tributaires, qu’il ne faut pas montrer trop d’aisanee,
encore moins afficher la richesse : non-seulement les taxes seraient
bientôt augmentées, mais la cupidité de quelque officier de la Porte
ne pourrait être assouvie que par la ruine de tous les liabitans. lies
Turcs permettent bien aux infidèles de vivre , pourvu qu’ils se
laissent arracher tout ce qui excède les premiers besoins de la vie.
L ’île fournit du v in , non-seulement à tous ses habitans, mais
encore aux navires qui viennent mouiller dans le port.
On recueille, avec une bonne récolte, jusqu’à cinquante mille
ocques d’huile de médiocre qualité.
L e b lé , l ’orge et les légumes ne suffisent ordinairement qu’à la
consommation de neuf à dix mois.
On exporte chaque année, pour Ancône et Venise , de huit à
dix mille ocques de coton, indépendamment d’un grand nombre
de bas et de bonnets qui passent en Italie et dans la Mer-Noire. On
fait aussi quelques étoffes de coton qui se consomment dans l’île.
On exporte une petite quantité de cire et de miel.
On élève quatre cents boeufs de petite taille, six mille chèvres,
trois cents moutons. Le fromage est un objet peu important d’exportation.
Nous ne restâmes que trois jours à Nio : un petit navire ragusais
qui devait aller à l’A rgentière, nous détermina à passer à son bord
et à nous rendre avec lui dans cette île. Nous fîmes voile le 24 messidor
à la pointe du jo u r , avec un léger vent de sud-est qui nous
permit de nous élever autant qu’il était nécessaire pour passer au
nord de Sikinos. Le calme nous retint ensuite plus de trois heures
à un mille de cette île , jusqu’à ce que le vent de nord, qui souffla,
comme à l ’ordinaire, vers les neuf heures du matin, nous permit de
faire route.
Sikinos est à sept à huit milles à l’ouest-sud-ouest de Nio. Cette
île est élevée, montagneuse, peu étendue, et ne contient, à ce
qu?on nous a dit, que deux cents habitans. Elle n’a point de port
et n’est guère fréquentée aujourd’hui par les Européens. Ses productions
consistent en b lé , orge, v in , coton et fruits. Elle paie
environ 2,000 piastres au capitan-pacha.
Nous
. Nous aperçûmes bientôt à trois ou quatre lieues au sud, Poli-
candro , autrefois Pholég'andros, île un peu plus petite et un peu
moins productive que Sikinos. Un instant après nous découvrîmes
la petite île déserte, nommée autrefois Lagusa, et par les Grecs modernes
Cardiotissa, située à peu près à égale distance de Sikinos
et de Policandro. Nous laissâmes à cinq ou six lieues au nord Si-
phante, connue jadis sous le nom de Siphnos, et nous mouillâmes
dans la rade de l’Argentière vers les quatre heures du,soir, sur environ
six brasses d’eau. On mit une amarre à terre et une seule
ancre en mer, attendu que le mouillage est très-sûr en été, et qu il
est d’ailleurs abrité dans toutes les saisons, par l ’île B rû lé e, qui
se trouve à deux milles de là {pl. 6 ).
- Dans la soirée nous nous rendîmes, avec le capitaine, deux domestiques
et deux matelots, au village situé sur une hauteur à un
mille de la côte. Nous fûmes bien surpris, en arrivant, de trouver
les habitans sous les armes, et surtout de les voir nous coucher en
jot^e pour nous empêcher d’avancer. Nous fîmes demander 1 agent
français * vieux marin que la nation a placé là pour servir de pilote
aux vaisseaux de guerre qui entrent dans l’Archipel. On nous questionna
alors , et sur nos réponses il ne fut plus question de guerroyer.
Les primats quittèrent leurs armes, vinrent à nous, s excusèrent,
et nous, invitèrent non-seulement à entrer dans leur v ille , mais ils
nous offrirent encore tout ce qui pouvait dépendre d’eux.
m Nous ne tardâmes pas à savoir la cause de cette alarme générale :
notre apparition à la ville vers les six à sept heures du soir, en
nombre que la peur doublait, triplait peut-être, 'avait fait craindre,
aux malheureux habitans le retour des voleurs qui naguère étaient
venus les dépouiller.
On nous dit qu’une vingtaine de Mainotes les avaient surpris un
jour de fête, tandis qu’ils étaient à boire et à se divertir, et qu’après
s’être assurés du petit nombre d’hommes en état de.se,défendre, ils
étaient entrés successivement dans toutes les maisons et en avaient;
enlevé les effets les plus précieux : ils avaient pousse la cruauté
jusqu’à torturer de mille manières les vieillards, les femmes et les;
enfans pour leur faire avouer le lieu ou leur argent était cache.