peu près, semblables à celles que nous ayons remarquées sous Phira.
Le terrain va plus ou moins en pente de cette côte à l’autre y et se
trouve partout recouvert, ainsi que nous l ’avons dit ailleurs, de
plusieurs toises d’un détritus de pierre - ponce, sur laquelle s’est
formé un peu de terre végétale. Les monts Saint-Étienne et Saint-
Élie s’élèvent au dessus de tout le sol de Santorin, et quoique légèrement
recouverts, en quelques endroits, de la même pierre-ponce,
on voit qu’ils n’ont point éprouvé l’action du feu. Ils sont entièrement
calcaires et formés d’un marbre blanchâtre , d’une assez
mauvaise qualité.
Ce que nous disons de Théra ou de Santorin s’applique également
à Thérasia : celle-ci, comme l’autre, est couverte de plusieurs
toises de pierre-ponce : sa côte est élevée , et coupée à pic du côté
de la rad e, et le sol va en pente jusqu’à la côte opposée. Aspronisi,
autrefois Automaté (1), n’est pas si élevée; mais elle-est, comme
les deux autres, coupée intérieurement et recouverte die plusieurs
toises de pierre-ponce, d’où lui est venu le nom d’île blanche
qu’elle porte aujourd’hui (2).
Après avoir parcouru avec la plus grande attention Théra ,
Thérasia et Aspronisi, et nous être bien convaincus que ces trois
île s , à une époque reculée, ont dû n’en former qu’une , et qu’il
s’est opéré un affaissement subit et violent qui les a divisées, il
nous restait à voir si les trois îles de la rade présentaient une organisation
différente des trois autres. Nous employâmes une journée
entière à cet examen, et nous eûmes lieu d’être satisfaits en
voyant que quand même l ’histoire ne nous aurait rien dit à ce
sujet, ces îles portent avec elles l ’empreinte de l’époque de leur
formation.
Nous descendîmes de Phira au petit port qui se trouve au bas
de la côte (A ) . L à , nous prîmes un canot et nous vînmes aborder
à la petite Camène, nommée Micra Caimeni par les Grecs. On
(1) Thera, cum primum emersit; calliste dicta. E x ea avulsa p os tea Therasid j
atque inter duos enata mox Automate. PI. Hist* nat* lib . 4 J cap, 12.
(2) Do CLnrpa , blanche, et da vv;i, lie.
compte deux milles de distance du port à l ’île. Elle ést de forme
conique, et n’est séparée de la suivante que par un canal fort
étroit, sur lequel les bateaux et les navires viennent quelquefois
s’amarrer.
On ne voit: sur cette île qu’un amas de cendres volcaniques,
noirâtres où rougeâtres, qui ont coulé dans tous les sens et qui
sont sorties du cratère que Ton découvre au sommet. Il y a parmi
ces cendres quelques fragmens de basalte, et Ton y aperçoit déjà
un Commencement de végétation : on y remarque entr’autres un
petit figuier et quelques graminées.
La nouvelle Camène, neà Caimeni, a plus d’un mille de longueur
, et présente un aspect affreux lorsqu’on la considère de
près. Elle est tbute hérissée de blocs de basalte noirs, brisés,
tranchans sur leurs b ords, irrégulièrement entassés. Nous abordâmes
à une petite ânse (B). Les eaux y sont d’un jaune verdâtre :
elles ont perdu leur transparence, au point que nous rie pouvions
apercevoir le fond à un pied de profondeur. La couleur dés
eaux, en cet endroit, se distingue très-bien de Phira , surtout
lorsque la mer est calme. A quelques pas du- rivage il y a un pètit
marécage (G) où les- eaux sont plus colorées que dans l ’anse.
Gomme elles ne peuvent s’y renouveler dans la belle saison, elles
exhalent une odeur si fétide, que- nous faillîmes to u t -à -c o u p
nous trouver mal : nous nous éloignâmes bien vîte d’un lieu si
infect,, et nous voulûmes tenter de péiïétfer dans- l ’intérieur de
l’île : mais nos efforts furent inutiles ; il nous fut impossible dél
marcher sur ces masses tranchantes de basalte, sans courir le
risque de nous voir couper les pieds et casser les membres à
chaque pas.
A l’est du marécage il y a une éminence Conique , sur laquelle
on aperçoit encore les diverses bouches d’où sortait le fen lors de
la formation de l’île. Elle est recouverte de cendres volcaniques
de diverses couleurs-, de détritus de basalte et de pierre - ponce ,
sur lesquels la végétation commence à peine à s’établir. Le reste
de Tîle est moins élevé , et ne présente ni terre ni cendres ni
aucune sorte de plante.