destinée pour le Caire et passe dans les harems des Mameluks. Les
négocians obtiennent Ordinairement un mélange de la seconde et
de la troisième qualité.
Les femmes de S cio , ainsi que les Musulmanes, les Grecques,
les Arméniènes et les Juives de tout l ’Empire , ont l’habitude
d’avoir sans cesse du mastic dans la bouche. Cette substance, résineuse
, odorante, se dissout difficilement ; elle devient m olle, très-
blanche au moyen de la chaleur et de la salive ; elle nétoie les dents,
donne à 1 haleine une odeur agréable, fortifie l’estomac, et porte
à la poitrine des émanations balsamiques très-salutaires, et qui
peuvent jusqu’à un certain point empêcher la phthisie pulmonaire,
à laquelle sont fort sujets les habitans des îles de l ’Archipel.
La térébenthine de Scio devient chaque jour plus rare. A peine
en ramasse-t-on deux cents ocques aujourd’h u i , tandis qu’autrefois
on en obtenait le double. On entaille l’arbre au lieu de l ’inciser
, et on adapte au dessous un petit vase de terre propre à
recevoir la liqueur qui en découle. Le térébinthe parvient à une
grosseur assez considérable t on en voit quelques-uns auprès du
cimetière arménien de Cûnstantinople, sur le chemin qui conduit
à Buyuk-déré, qui ne le cèdent point à nos plus grands noyers.
Les femmes de Scio sont très-friandes de son fruit : le goût résineux
et très-aromatique de sa pulpe leur plaît autant que celui
de l ’amande ; et comme il est à peine de la grosseur d’un p o is ,
elles mangent en même tems le noyau, la pulpe d’un vert bleuâtre
qui le couvre , et l ’amande qu’il renferme. Oa le nomme dans le
p a y s , tzico u d ia , mot dont on ne trouve la signification dans
aucune langue du Levant.
Quoique le coton soit très-abondant à Scio, cependant il ne suffit
pas pour alimenter les nombreuses manufactures qui y sont établies.
On est obligé d’en faire venir une assez grande quantité de
la Romélie et de la côte d ’Asie. Qn fabrique des toiles simples,
des dimittes, des moletons unis et pluchés, quelques cotonines
grossières rayées de bleu. Les femmes de la campagne filent le
coton au rouet : elles s’occupent aussi à faire des bas et des bonnets
qu’elles viennent vendre à la ville.
On évalue la récolte de la soie, dans les années ordinaires, à
dix ou douze mille ocques : elle monte quelquefois à quinze mille,
quantité qui ne suffit jamais pour alimenter les manufactures de
la ville. On en tire annuellement de Brousse, d ’Andrinpple et de
la Syrie, ènviron vingt mille ocques. Le mûrier que l’on cultive
à Scio, et avec lequel on élève les vers à soie, est celui que nous
connaissons sous le nom de mûrier noir ou mûrier d’Espagne.
Quelques particuliers retirent du fruit, une eau-de-vie peu spiri-
tueuse, mais agréable. Le prix de la feuille du mûrier parvenu à
sa grosseur, est de 2 ou 3 piastres.
L ’île produit du blé , de l’orge , du v in , de l’huile et quelques
légumes ; mais la quantité de ces denrées est si disproportionnée
à celle qu’exige le nombre des habitans, qu’on est obligé d ’en
tirer de toutes parts. Le blé suffit à peine pour les nourrir trois
mois. Le vin fournit à la consommation de sept à huit : fi est en
général doux et spiritueux. Ceux que les riches particuliers font
avec soin, sont aussi bons que les vins de Malaga, de Frontâgnan
et de Chypre, lorsqu’ils ont un peu vieilli.
L ’huile suffit aux besoins des habitons, dans les bonnes récoltes t
on en retire de Mitylène lorsqu’elles sont mauvaises ou médiocres :
on sale i c i , comme dans tout le Levant, une très-grande quantité
d’olives, selon le procédé que j’ai indiqué ailleurs.
Les oranges, les citrons, les limons et les cédrats que l’on porte
pendant l ’hiver et le printems à Constantinople, à Amdrinople et
à Smyrne, sont un objet de commerce très-important, que l ’on
évalue, année commune, à 2,000,000 de nos francs. On fait aussi
une sorte de sirop très-agréable et très-recherché avec le sue exprimé
des citrons et des cédrats : on le fait épaissir sur le feu, après
avoir ajouté un peu de sucre ou de miel. Il passe à Constanti-
nople, au Caire, dans la Mer-Noire. Les écorces de ces fruits
sont confites au sucre et au miel, et sont répandues dans tout lo
Levant.
On confit également au sucre et au miel les galles encore vertes
d’une espèce de sauge, salvia pomífera. Cette confiture est très-
agréable , très-estimée et très-stomachique. Les Sciâtes emploient?