tems avant notre arrivée, des fouilles par ordre de M. de Choiseul,
qui lui ont procuré quelques morceaux échappés aux recherches
des Russes. Nous avons trouvé aussi quelques inscriptions que
n’ont point remarquées les voyageurs qui nous ont précédé, ou
qui n’ont point encore été publiées par eux : elles ont été copiées
avec le plus grand soin par Lazare A lb i, prêtre distingué par ses
vertus, ses connaissances et une étude profonde du grée littéral.
Cette ville était de moyenne grandeur, plus longue que large.
Les murs qui l ’entouraient, avaient assez de solidité et devaiént
assez bien la défendre ; mais c’était sa position sur une montagne
très-escarpée, plus encore que ses murailles, qui la mettait à l ’abri
des attaques de ses ennemis.
La vue peut, de cet endroit, se porter au loin dans tous les sens,
excepté du côté du mont Saint-Élie, qui se trouve, beaucoup plus
élevé. On aperçoit, lorsque le tems est beau, la cime du mont Ida
en Crète, et l ’on découvre assez bien Anaphé, Astipalæa, Io s ,
Naxos et la plupart des Cyclades. La plaine que l’on voit au
dessous, à la partie sud-ouest, est l’endroit lé plus fertile çt le.
plus productif de l ’île. Les navires mouillent quelquefois en été
sur là plage à laquelle cette plaine aboutit. Le fond est sable et
gravier.
•' Santorin, proportionellement à son étendue, est la plus riche
et la plus peuplée de toutes les îles de l’Archipel. On y compte
cinq villages principaux, dans chacun desquels il y a un primat:
Apano'tnéria, Scauro, P irg o s,Em b orio et Acrotiri. Les primats,
désignés sous le nom d'Épitropi , sont chargés de la police de leur
district, de la convocation des principaux habitans pour les
assemblées relatives aux affaires de l’île , de veiller à la perception
de 1 impôt, etc. Ils sont renouvelés, chaque année, et nommés par
les assemblées générales du peuple. Outre ces cinq, villages principaux,
on en compte plusieurs autres plus petits, tels que M érévelli,
Vourvoulo, Phiro-Stéphani, P h ira , Gonià, Cartérado, Votona,
Messaria et Mégalo - Chorio. La population excède douze mille
ames, presque toutes du rit grec.
î Le nombre des Catholiques romains a diminué depuis T ournefort,
puisque
puisque de son tems il y en avait un tiers, et qu’il n’y en a pas un
sixième à présent. Il y-a deux évêques, l ’un latin, qui passe l ’hiver
à Scauro et l ’été à Phira, et l’autre grec, dont la résidence est à
Pirgos. Il y avait autrefois des jésuites j ils ont été remplacés par
des lazaristes : les uns et les autres ont été pendant long - tems
chargés de l ’instruction de quelques jeunes gens. On y voit en
outre deux couvens de religieuses, un latin et l’autre grec : le latin
suit la règle de Saint-Dominique, et le grec celle de Saint-Basile.
Les prêtres grecs sont dans cette île , aussi nombreux qu’ils le sont
dans tout l ’Archipel, et ils y sont presqu’aussi pauvres.
Les habitans de Santoriu sont très-laborieux et très-sobres : ils
passent, avec raison, pour avoir plus de moeurs et plus de probité
que ceux de Naxos. Ils sont aussi bien plus industrieux et bien
plus riches. Ils se livrent avec une activité incroyable à la culture
de la vigne et à celle du coton. Les femmes y fabriquent des toiles
de diverses qualités : elles tricotent aussi des bonnets et des bas
qu’elles vendent aux étrangers, et qu’elles font passer en Russie
et dans quelques villes d’Italie. Ce sont les religieuses qui fabriquent
les toiles les plus fines et les meilleures. Ce commerce est assez
considérable, eu égard à la petite population de l ’île; et comme
le coton que l ’on récolte ne suffit pas à l’industrie des habitans,
ils en retirent des autres îles, et surtout de Scala - N ova, dans le
golfe d’Éphèse.
Le vin forme le principal revenu de l ’île : le plus renommé est
celui connu sous le nom de Vino-Santo. Il est d ou x , liquoreux et
de médiocre qualité la première année : il devient très-bon en
vieillissant, et préférable au meilleur vin de Chypre. Les habitans
ne le vendent que 3 ou 4 paras l’ocque à la récolte. Il passe presque
tout en Russie. Il est fait avec du raisin blanc bien mûr, que l’on
expose pendant huit jours au soleil, étendu sur les terrasses des
maisons. On le foule ensuite, on l’exprime, et on enferme le moût
dans des tonneaux que l ’on, bouche soigneusement lorsque la fermentation
a cessé.
Le vin ordinaire n’est guère bon : il est en général d ou x , et
tourne facilement à l’aigre. On le fait avec du raisin blanc et avec
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