les points de la France, combien de bras il faisait môuvoir partou
t, et combien de navires et de marins il employait, nous serions
convaincus que ce commerce était une source inépuisable de
richesses pour la métropole et pour ses colonies , et qu’il était
établi de la manière la plus convenable aux intérêts de tous.
Sortis à peine de l ’état convulsif dans lequel nous nous trouvions
depuis plus de dix ans, il faut espérer que le commerce du Levant,
aussi avantageux aux Orientaux qu’à nous - mêmes, sera bientôt
repris de part et d’autre avec sa première activité. Là guerre que
la Porte a été forcée de nous faire, ne peut durer long-temps : nous
profiterons de notre position avantageuse malgré les efforts d’un
ennemi jaloux et puissant. Nous tirerons parti, malgré lu i, de nos
productions territoriales et de notre industrie. Le nombre de nos
marins s’élèvera en raison de notre commerce : notre marine ,
aujourd’hui sans force parce qu’elle est en général sans instruction
j sans énergie, parce qu’elle est sans confiance ; sans succès,
parce qu’elle est commandée par des hommes qui ne sont plus à
leur place ; notre marine, dis-je, nous assurera ce commerce important
lorsqu’elle rivalisera de gloire avec les armées de terre,
lorsque la bravoure des matelots sera dirigée'par les talens , l’ins-
trüctîon et là prudence dés chefs.
Si le génie malfaisant des Turcs rie les portait à étouffer les conceptions
èt paralyser l’industrie, si leur religion anti-sociale n’imposait
Silence à là raison et à la philosophie, nulle ville dans le
Moridè ne . serait plus propre à servir d’entrepôt à un" commercé
étendu, que Constantinople. Située aux confins de' l’Europe et dè
l ’Asie , eritre la Méditerranée et le P o n t -E u x in , environnée de
provinces fertiles, capitale d’un vaste Empire, Constantinople
verrait passer dans ses murs les productions de l’Orient et dé
l'Occident, celles du Nord et du Midi. Les caravanes dé l ’Asie et
lé6 navires de l'Europe sè succéderaient sans interruption pour
effectuer des échanges" avantageux à tous les peuples (1).
(i) Si le Bosphore et l’Hellespont appartenaient à une puissance civilisée, indus-»
trieuse \ s’ils faisaient partie d’un vaste Empire } Constantinople deviendrait néces-
sairementla métropole du Monde.
Mais
Mais dans l’état actuel ce commerce est très-limité. L ’industrie
des habitans se borne aux simples besoins de la ville , et son territoire
est si peu cultivé, qu’il n’offre aucun objet d’exportation. Cependant
les contrées voisines sont si fertiles et si productives,
qu’elles fournissent non-seulement à la grande population de la
capitale, mais qu’elles permettent aux négocians français d’en exporter
de quoi payer la moitié de la valeur des marchandises qu’ils
reçoivent de Marseille. Une partie de ces denrées passe par la ville,
l ’autre s’embarque immédiatement à Rodosto, à Mundania, aux
Dardanelles ou au port d’Énos.
En ne parlant ici que dn commerce d’exportation, mon objet est
de faire connaître les productions naturelles les plus utiles de
chaque pays que je parcourrai, et les. denrées dont le commerce
européen a pu s’emparer. Je présenterai à la fin de cet ouvrage, le
tableau général du commerce d’importation que la France fait
avec tout le Levant. Je publierai ailleurs les objets d’histoire naturelle
inédits ou peu connus.
Laines.
Les laines forment le principal article d’exportation de Constantinople
et le second de tout le Levant. On évalue, année moyenne,
à i , 5oo,ooo fr. le prix des laines que les négocians français envoient
à Marseille de Constantinople , de Rodosto , des Dardanelles et
d’Enos. Cette valeur a monté quelquefois à plus de 2,000,000.
Elles viennent des environs du Bosphore, de la Propontide et de
l ’Hellespont, ainsi que de là Romélie, de la Bulgarie, de la Bessarabie
et des côtes méridionales de la Mer-Noire. Les boucheries de
la capitale en fournissent à elles seules une assez grande quantité. ■
On nourrit en Turquie deux sortes de moutons , celui à large
queue et celui à queue simple. Le premier est plus grand, sa toison
est moins belle , et sa queue reçoit une telle quantité de graisse,
qu’elle pèse quelquefois au-delà de dix livres. La laine du mouton
à queue simple de la Bulgarie, de la Bessarabie, qui vient à Constantinople
par V a rn a , ou qui passe par Andrinople pour être
embarquée au port d’E nos, est la plus estimée. Les laines de la
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