L ’année 196 ayant J. C . , dit Justin, on'vit sortir à la suite d’un,
tremblement de te rre, une île entre Théra et Thérasia, que 1 on
nomma Sacrée, et que l’on dédia à Pluton (1).
Dion Cassius rapporte l ’apparition d’une petite île près celle
de T h é r a , sous l ’empire de Claude. Syncelle la rapporte à la
quarante - sixième année après J. C . , et la place entre T liera et
Thérasia; Mais il paraît que quelque tems après il s’éleva une
autre île nommée T h ia , qui disparut ou se réunit à 1 île Sacrée.
Il en est fait mention dans Pline (2) , dans Théophanes (3) , dans
Briétius (4).
Il ne se passa ensuite rien de remarquable jusqu en i 427 > oïi
une nouvelle explosion produisit un accroissement assez grand et
très-reconnaissable à l’île Hiéra (D ) , dont il est fait mention dans
quelques vers latins gravés sur un marbre à Scauro, près 1 eglise
des Jésuites (5). En i 5y3 il se forma, à la suite dune nouvelle
(1) Eodem atino y inter ínsulas Theramcnem et Therasiam y medio utriusque
ripee et mûris spatio terroemotus fu it in quo cum admiratione navigantium , repente
ex profundo cum caUdis aquis insula emersit. Huic Sacra nomen est quoe vota
Plutoni. Annus veto 196 ante Christum. Just. Mo. 3o_, cap. 4*
(2) E t in nostro eevo Thia juxta eandem Hieram nata. P l . lib. 4 3 cap. 12.
. (3) Sub Leone Isaurico icono macho refert BaroniuS'i inter Theram et Therasiam
cyciadas ínsulas , primo vapor ut ex camino ignis visus est ebullire ex profundo
maris per aliquas dies , qui paulaùm incrassatus 7 et dilatatus totus igneus
apparuit y postea vero petrinos pumices grandes et cumulos quosdam transmisit
per univers am minorem Asiam , et Lesbo , e t Abydum maritimam Nlacedonice f
adeò ut etiam tòta superficies maris iisdetñ eòntegeretur. In modo autem tanti
ignis y nova tepentè insula ex terree congerie facta insulce quoe Sacra di ci tur,
copulata est.
(4) In Ionio mari, inter Tkeram et Therasiam y erupit ignis è mari, quem
secuta ingens vis pumicum , et tanta, ut totam Æ g e i maris faciem impleret,
ac deniquè indidem emersit insula ex terroe congerie f acta y quoe sacroe insuloe
copulata est. Qui maris locus semper foecundus in historiis legitur. B r i e t . p. 236«
(5) Magnanime francisce heroum certissima proles
'• Vides òculis clades , quoe mira dedere
Mille quadringentis Christilabentibus annis
Quinquies undenis istis jungendo duohus
explosion qui dura quelque tems, la petite Camène, telle que
nous la voyons aujourd’hui. Le P. Richard, jésuite, dit que de
son tems il y avait plusieurs vieillards dans Santorin, qui avaient^
vu se former cette petite île au milieu de la mer, et qu’ils l’avaient
pour cela nommée-M ìcra-C dimeni , Petite Ile brûlee.
Lorsque Tournefort a passé à Santorin au commencement du
siècle dernier, la nouvelle Camène n’existait pas encore : ce ne
fut que quelques années après, depuis 1707 jusqu’en 1 7 1 1 , qu’elle
est sortie peu à peu du sein de la mer, à la suite de divers trem-
•blemens de terre. Chaque accroissement que cette île recevait,
était annoncé par un bruit épouvantable, et suivi d’une fumée
blanche-, épaisse et infecte. Le tout était terminé par une pluie de
fragment de basaltes, de pierres-ponces et de cendres qui se répandaient
au loin. Les détails de cet événement mémorable sont
rapportés au long, soit dans les journaux du tems, soit dans une
brochure latine faite sur les lieux par un prêtre jésuite.
Si l ’on réfléchit aux changemens considérables qu’a éprouvés
l ’île de Santorin par l’effet du volcan qui agit sur elle depuis un
tems fort reculé, on y remarquera quatre époques principales,
bien distinctes les unes des autres. A la première époque l’île était
bornée aux monts Saint-Étienne et Saint-Élie, jusqu’aux environs
de Pirgos et de Messaria, les seuls endroits qui ne soient point
volcanisés. L a seconde a été la formation du reste de l’île jusqu’à
Thérasia et Aspronisi. La rade alors n’existait p a s , et l’île était
une fois plus grande , de forme arrondie ou oblongue ; le sol
s’élevait et formait une calotte plus ou moins irrégulière à soïi
sommet, dominée à l’une des extrémités par les monts Saint-
Étienne et Saint - Élie. La troisième époque a été l ’enfoncement
subit qui s’est opéré presque dans le milieu de l’île, d’ou est résulté
la rade. La quatrième et dernière époque, c’est la formation de
Septime calendas decembris murmurc vasto
Vastus Therasinus immanis saxa canience
Cum gemit, avulsit, scopulosque è jluentibus imis
Appuret, magnumgignet memorabile monstrum.
Y y a